Pour faire face à ce contexte global, il faut d’abord tirer les enseignements de 2023. Si selon France Fintech, notre pays reste la tête de pont européenne du secteur avec 919 millions d’euros levés en 2023, l’Observatoire de la Fintech notait dans son étude semestrielle parue fin décembre, une baisse significative de ces levées, avec un recul en volume de 60 % sur l’ensemble de l’année.

Toutefois, cette même étude pointait également la création de 3.000 emplois nets sur la même période, pour un total de 32.000 emplois sur l’ensemble du secteur en France. Par ailleurs, au niveau mondial en novembre dernier, un tiers des nouvelles licornes étaient des Fintech. Des entreprises telles que Tabby, Enable et inCred ont accédé au statut. Enfin, l’entrée en vigueur progressive de la DSP3 au niveau européen devrait accélérer le partage des données financières entre banques et entreprises technologiques.

Cette directive européenne représente un défi en termes de conformité, notamment au niveau des enjeux de connaissance du client, que doit intégrer de manière stricte toute institution financière aujourd’hui. Il s’agit néanmoins d’une opportunité pour les Fintech, avec une transition assumée au niveau continental de l’open banking à l’open finance.

L’industrie des technologies financières est donc particulièrement robuste et surtout, capable de générer des succès entrepreneuriaux, même en période de crise. Cela se vérifie notamment au niveau international. La confiance des investisseurs ne se dément pas et les tours de tables importants se poursuivent : la startup brésilienne QI Tech a par exemple levé 200 millions d’euros en 2023.

Le secteur est également à la pointe de l’innovation avec le développement par la Fintech suédoise Klarna d’un outil de recherche de produits alimenté par l’intelligence artificielle. Enfin, les solutions de paiements fractionnés, ont annoncé d’excellents résultats au cours de l’année écoulée. L’exemple de Klarna, en prévision de son entrée en bourse, étant là encore le plus probant. Ajoutons à cela que les taux d’intérêts hauts favorisent par nature les acteurs de la finance et vous avez tous les ingrédients d’une solidité qui ne se dément pas.

Il existe toutefois encore des marges de progression. La capitalisation boursière des Fintech ne représente que 2% du marché des services financiers. Les acteurs bien établis conservent donc une place considérable et la marge de progression reste conséquente en termes d’institutionnalisation. Davantage que la résilience, l’heure est donc à la consolidation pour le secteur. Celle-ci constitue en effet un facteur indispensable pour poursuivre une dynamique de croissance solide et durable.

C’est donc ici que tout se joue. Les marchés sont, en effet, amenés à se resserrer cette année, ce qui constitue un défi supplémentaire dans un secteur déjà particulièrement challengé. Les entreprises Fintech doivent donc recentrer leur attention sur leur rentabilité à long terme plutôt que sur une croissance rapide. Ce changement d’approche est crucial dans un marché où les liquidités sont rares et coûteuses.

L’heure est donc à la maturité pour toute une industrie, qui doit aujourd’hui privilégier l’innovation pour préparer l’avenir et la création de solutions adaptées aux enjeux du présent. Cette période de tension permettra donc de voir qui est réellement solide et qui ne l’est pas. Les modèles BtoB partent avec un avantage certain, les entreprises sont en effet particulièrement demandeuses en technologies financières et les investisseurs plus rassurés avec ce type de clientèle.

C’est donc ici que se situe tout l’enjeu : mettre l’accent sur la solidité plutôt que le spectaculaire ! Clients et investisseurs seront en effet davantage à la recherche de performances concrètes que d’indicateurs de croissance flous. La transparence sera donc génératrice de valeur et les visions stratégiques de long terme seront favorisées. C’est en adoptant cet état d’esprit que les Fintech construiront leur prospérité. Cela ne se fera donc qu’avec conviction. Et avec tous ces défis, l’ensemble du secteur a un impératif pour cette nouvelle année : celui de la confiance !