Maddyness sera présent en Centre-Val de Loire les 23, 24 et 25 avril pour détecter les meilleures entreprises innovantes de ce territoire. Ce parcours, organisé en partenariat avec la Région, qui s’arrêtera aussi bien à Tours, Orléans, Chartres, Bourges, Châteauroux que le Controis-en-Sologne, va être l’occasion de rencontrer les acteurs qui façonnent cet écosystème.
Pour prendre le pouls de la dynamique de ce territoire en amont de cet événement, Maddyness a notamment rencontré Guillaume Vanneste, directeur délégué de la French Tech Val de Loire, pour évoquer les spécificités de cet écosystème.
La Bootstrap Nation
Chaque écosystème se construit d’après les particularités de son histoire et de sa géographie. « Nous avons beaucoup d’entrepreneurs qui sont dans une logique de bootstrap, explique Guillaume Vanneste. Ce n’est pas forcément un choix idéologique ou stratégique, mais plutôt un choix par défaut face à un financement difficile d’accès. Cela a permis la construction d’une vraie culture de la résilience et surtout une capacité à monter des entreprises plus saines. Nous n’assisterons peut-être jamais à la naissance d’une licorne en 3 ans, mais nos entreprises auront une réelle capacité d’adaptation. »
Il en veut pour preuve la récente acquisition par la startup InterviewApp de son concurrent américain.
« C’est quand même un phénomène assez rare de voir des entreprises françaises qui rachètent des entreprises américaines. C’est symptomatique d’une croissance maîtrisée qui apporte de belles choses, avec une certaine sérénité. »
Un territoire sans grande capitale
La région Centre-Val de Loire se caractérise par une autre particularité : les villes présentes dans les départements composant la région sont de tailles modestes. « C’est une région assez équilibrée, confirme Guillaume Vanneste. Il n’y a pas une grande métropole qui attire la lumière. C’est plutôt un assemblage de différents territoires et de différentes identités. » Chartres s’est construit autour d’entreprises de la cosmétique. Tours est reconnue pour ses entreprises medtech. Et le Loir-et-Cher va concentrer un pôle autour de l’agriculture et de la Foodtech.
Il y a 10 ans, les villes se sont d’abord reconnues dans l’identité French Tech à sa création, puis l’ambition de créer une dynamique plus régionale est arrivée progressivement. Dès 2019, cette région décroche le label « communauté French Tech » puis depuis le 1er janvier 2024, la région Centre-Val de Loire est labellisée « capitale French Tech ».
Cette appellation vient récompenser les nombreux efforts liés à la taille de l’écosystème et la performance de ses acteurs. Pour Guillaume Vanneste, « c’est un point de départ, une reconnaissance d’une capacité à faire. Donc maintenant, il faut faire. »
Un bouillonnement trop peu visible
Justement, il reste encore beaucoup à faire. « Il nous manque de la visibilité et du cash, résume-t-il. Mais les deux vont souvent de pair. La visibilité, c’est la reconnaissance de notre capacité à innover. On a un vrai travail de médiatisation à faire, surtout que cela va ensuite amener d’autres ressources comme des talents et du financement. »
Mais si l’écosystème connaît ses faiblesses, il sait aussi s’en créer des opportunités : « Paradoxalement, on a moins de moyens mais tout va plus vite. On n’a pas ce problème de la volumétrie qui étouffe un peu. Ici, on a une vraie capacité à identifier très rapidement les bons interlocuteurs. C’est un vrai gain de temps et c’est précieux quand on sait l’importance de cette question lors de la création d’un projet. »
Le territoire sait pourtant de plus en plus séduire. On le voit notamment avec Ledger qui a implanté son site de production à Vierzon, ville où a grandi Éric Larchevêque, son cofondateur (et investisseur de l’émission « Qui veut être mon associé ? »).
« La boîte est immatriculée à Paris mais 200 collaborateurs travaillent sur le site de Vierzon, explique Guillaume Vanneste. Éric Larchevêque est un entrepreneur qui attire des projets à Vierzon et crée une dynamique entrepreneuriale autour de lui. »
De la même manière, le spécialiste des alternatives à la viande Happyvore a installé son usine à 15 kilomètres au nord d’Orléans. Et l’entreprise cotée Osmosun, spécialiste du dessalement d'eau de mer par énergie solaire, est basée dans l’Eure-et-Loir.
« Et je ne vais pas vous faire le laïus sur le cadre de vie, annonce Guillaume Vanneste avec un sourire. Mais même si les entrepreneurs ne viennent pas forcément pour ça… cela leur donne finalement une autre bonne raison de rester. »