EY vient d'éditer son premier baromètre du capital-risque en France. Une première édition qui veut accompagner les récentes déclarations du gouvernement voulant faire de la France une "Startup Nation" en faisant le bilan du financement des jeunes (et des moins jeunes) pousses.

Entre autres constats du rapport, la France se place finalement en 3ème position (derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne) avec 487 millions d'euros levés en 177 opérations au deuxième semestre 2013. Un montant qui reste marqué par une forte dominante du secteur du numérique qui représente 65% des opérations (en nombre) et 50% des opérations (en valeur) et par l'importance des montants investis en Biotech et Medtech : 10% des opérations (en nombre) mais 17% des opérations (en valeur).

Barometre EY

Des investissements majoritairement réalisés dans des troisièmes tours (et plus) qui concentrent plus de 226 millions d'euros pour 27 opérations contre moins de 14 millions en amorçage pour quasiment le même nombre d'opérations (29) mais un ticket moyen beaucoup plus faible (500K€ contre 8,35M€). Parmi les acteurs les plus actifs, la Bpifrance se classe largement première devant ex-aqueo Partech et CapDecisif (ndlr également détenu par la Bpifrance), le 3ème du classement étant Idinvest Partners.

Barometre EY 2

Franck Sebag, associé à EY et Responsable national du Prix de l'Entreprise d'Avenir, répond aux questions de la rédaction sur le sujet :

L’amorçage semble être toujours le parent pauvre du capital-risque, est-ce réellement le cas ?

L'amorçage ces dernières années se portent beaucoup mieux pour plusieurs raisons :

  • Arrivée de super business angels qui se sont professionnalisés et qui ont des capacités d'investissements significatives (Isai, Jaina, Kima ventures,..),
  • Montée en puissance du Fonds National d'amorçage qui dispose d'une enveloppe de 600M€ dont 230M€ déja investis dans une petite quinzaine de fonds spécialisés en amorçage,
  • De la persistance des fonds Fiscaux (IR, ISF PME, FCPI, FCPR ) en France malgré les réformes récentes.

Toutefois, la majeure partie des levées de fonds (en valeur) se dirige toujours dans les 2eme et 3eme tour comme le démontre notre Baromètre.

Comment améliorer la situation de celui-ci en France ? 

Si l'on regarde ce qui de passe en dehors de nos frontières nous pouvons proposer les pistes suivantes :

  • Le système américain est très performant du fait du très grands nombre d'entrepreneurs qui réussissent et deviennent à leur tour Business angels,
  • D'une meilleure connection entre les écoles/universités avec le monde de la création d'entreprise idem avec et Instituts de recherche publiques,
  • De régimes fiscaux attractifs (mais ce sujet n'est pas à l'ordre du jour dans la situation économique actuelle),
  • D'un meilleur fléchage de l'argent disponible vers ce type d'investissement.

Comment voyez-vous la future place de la France dans le paysage européen ? 

Dans un contexte où la France cherche la voie d’une croissance durable, notre capacité à faire émerger des entreprises innovantes de taille intermédiaire (EITI) est déterminante. Celles-ci sont le poumon économique de l’Europe en termes de croissance, d’emploi, et constituent un maillon clé du rayonnement de notre pays. A l’instar des Etats-Unis ou de l’Etat d’Israël, il est essentiel de faire de la France une “startup nation”. La France possède de nombreux atouts et pourrait à terme regagner au moins une place sur le Podium Européen.