L'Accélérateur vient d'annoncer les huit startups sélectionnées (pour voir la liste, c'est ici) dans la structure. On en a profité pour interviewer l'un des fondateurs : Guillaume Truttmann ayant déjà pris des participations dans plus d'une dizaine de sociétés (dont le célèbre LouerUnEtudiant) pour nous raconter son expérience, les raisons d'être de l'Accélérateur ainsi que son point de vue sur la nouvelle économie et ses acteurs.

#1 On va d'abord commencer par te demander de te présenter...

J'ai fait mes études à l'ESSEC et ait, dès ma deuxième année, créé ma première société qui était une agence web que j'ai développé sur 4 pays. J'ai ensuite fait évoluer cette société vers un cabinet de conseil en stratégie spécialisé en e-commerce (Cross - Commerce Company). J'ai par ailleurs pris des participations dans une dizaine de sociétés web, notamment LouerUnEtudiant.com qui est une plateforme de mise en relation d'étudiants et d'entreprises pour des missions à forte valeur ajoutée (études de marché, création de logo, de site, etc...) et qui cartonne (+1M€ de missions en moins d'un an).

#2 Qu'est-ce qui t'a amené, dans ton parcours, à participer à la fondation de l'accélérateur ?

Mon activité au sein de CCC consiste à aider des entrepreneurs ou des intrapreneurs à industrialiser leur business web en gérant avec eux, de manière déléguée, leur business online. J'ai donc pu observer que souvent, les entrepreneurs rencontraient les mêmes problèmes qui pouvaient se surmonter simplement en profitant des conseils d'entrepreneurs qui étaient déjà passés par là avant eux.

En discutant avec Michel de Guilhermier, entrepreneur reconnu qui faisait lui-même du coaching, nous nous sommes rendu compte que seule une implication capitalistique pouvait vraiment permettre d'aligner les intérêts avec les start-ups que nous coachions. Ainsi, l'Accélérateur était l'aboutissement logique de nos réflexions réciproques depuis de nombreuses années.

#3 Peux-tu nous en dire un plus sur la structure en elle-même ?

Très concrètement, l'Accélérateur est une structure constituée de 4 coachs : Juan Hernandez, Michel de Guilhermier, Jonathan Lascar et moi-même. Nous avons chacun des compétences complémentaires et comme point commun le fait d'avoir créé de nombreuses start-ups, échoué souvent, réussi parfois. Nous apportons aux start-ups que nous sélectionnons et dans lesquelles nous investissons toute notre expérience et notre énergie pour les aider, en 4 mois au cours du programme d'accélération mais aussi après, à aller beaucoup plus vite que les autres, beaucoup plus loin.

#4 Concrètement, comment aidez vous les startups accélérées ? Contre quelles contreparties ?

Le deal de départ est simple : nous investissons dans chaque startup 10 à 15K€ en cash, et 80K€ environ en coaching, en échange de 8 à 15% de leur capital en fonction de leur stade de maturité. Nous sélectionnons deux promotions de start-ups par an (la première comprenant 8 start-ups et vient d'être lancée le 19/03).

Au cours des 16 semaines que durent l'accélération, nous apportons principalement trois choses aux start-ups : tout d'abord du coaching à volonté et à la demande - elles nous sollicitent autant qu'elles le veulent, quand elles le veulent, et pour ce qu'elles veulent, que ce soit des conseils sur leur stratégie, sur des choses très opérationnelles, pour lever des capitaux, pour bénéficier de notre réseau, etc... Ensuite, une fois tous les 15 jours, elles ont la chance de passer quelques heures avec un entrepreneur "top-gun" (type Patrick Robin de 24heures, Sven Lung de BrandAlley, etc...) qui partage avec eux ses erreurs, sa vraie vie d'entrepreneur, etc... Enfin, elles ont plusieurs cessions de pitch formelles face à la presse, face aux investisseurs de la place, pour bénéficier d'un maximum de visibilité et de réseau.

#5 Que penses-tu des BA, VC, etc. est-ce une bonne idée pour les startups ? A quelle moment doit avoir lieu idéalement la levée de fonds ?

C'est une question très importante car ce n'est pas forcément une bonne idée. Souvent les entrepreneurs se disent qu'ils doivent forcément lever des fonds, que c'est indispensable pour "être crédible". Mais cela est faux. Vous ne devez lever des fonds que si vous en avez vraiment besoin. Et cela tout d'abord parce que personne n'investira dans un projet qui n'est pas capable de vraiment justifier pourquoi il a besoin de fonds (et n'imaginez pas que "je voudrais faire une campagne TV parce que ça doit être sympa" soit une réponse). Mais surtout, avoir des fonds d'investissement à son board, ça n'est plus du tout la même chose : vous aurez à rendre des comptes, vous ne devrez convaincre avant de décider, vous ne serez plus totalement libre de vos mouvements.

Ainsi, l'une des choses que l'ont fait avec les start-ups de l'Accélérateur, c'est de regarder précisément ensemble de combien elles ont besoin. Il n'y a pas de mal à développer son business seul, en auto-financement. Assez souvent ça montre même que vous êtes plus performant que les autres.

Si la levée de fonds est indispensable pour pouvoir développer votre business, ou lui donner la bonne ampleur, ce qui est le cas d'un certain nombre de business quand même, alors la levée de fonds doit être le plus tard possible, c'est à dire quand vous ne pouvez vraiment plus faire autrement. C'est à ce moment là que vous êtes sûr d'avoir fait tout ce que vous pouviez tout seul, et que maintenant vous avez vraiment besoin d'aide pour accélérer. Attention cependant, une levée de fonds prend du temps (4 à 6 mois). Anticipez donc le moment où vous serez à cours de cash.

#6 J'imagine que si autant de grands fonds vous font confiance, et sont vos partenaires, c'est qu'ils perçoivent le fort potentiel des startups, comment expliques-tu ce regain de confiance après le traumatisme de l'explosion de la bulle internet ?

Oui effectivement nous avons 4 des principaux fonds d'amorçage de la place qui sont sponsors de l'Accélérateur : OTC, Partech, ISAI, et Jaïna. Je crois que depuis quelques années, nous avons un nouvel internet qui émerge beaucoup plus professionnel et business oriented qu'il ne l'était dans les années 2000 où on créait des business plutôt pour découvrir, défricher. Aujourd'hui les gens qui font du business sur internet sont de vrais professionnels, avec une vraie vision financière de leur business. Cela ne peut que plaire à des financiers que sont les fonds d'investissement.

#7 Comment vois-tu l'avenir des startups ?

L'avenir des start-ups de l'Accélérateur, je le vois brillant et plein de réussite ! Plus globalement j'ai l'impression que quelque chose de bien se passe en France en ce moment dans les start-ups web : il y a beaucoup de bons projets et de bonnes équipes, les entrepreneurs qui ont réussi ré-investissent beaucoup de leur temps et de leur argent pour aider ces projets, il y a des pépinières d'entreprises qui se montent, il y a des projets comme l'Accélérateur qui arrivent, tout cela me semble vraiment très positif. Il y a un vrai souffle de fraîcheur et de dynamisme en ce moment, et il faut que ça continue comme cela. J'espère simplement que cet élan ne sera pas cassé, par exemple par des mécanisme d'imposition déraisonnable qui tueraient la capacité d'investissement en France.