Phenix Systems était jusqu'à la semaine dernière le fabricant français d'imprimantes 3D le plus à même de rivaliser un jour avec les désormais géantes entreprises américaines. Le numéro 1 mondial 3D Systems annonçait mardi dernier l'acquisition de 93% des parts du fabricant français. Faut-il prévenir Arnaud Montebourg ?[hr]

Il ne faut jamais se réjouir de voir passer une entreprise française sous giron étranger. C'est souvent le signe d'une faiblesse de l'entreprise ou du marché français. Dans le cas de Phenix Systems, c'est probablement une combinaison des deux qui a conduit à son rachat par le géant américain.

La société clermontoise fondée en 2000 a fait le pari de la fabrication d'imprimantes 3D à usage industriel. La technique de frittage laser de poudres permet à ses clients professionnels de produire des objets complexes, avec une très grande précision et dans des matériaux solides (différents types d'aciers, métaux précieux, céramique, etc). Avec 50 employés, près d'une centaine de machines vendues à des grands groupes industriels tels que Michelin, Cartier, et Rolex, et une introduction en 2011 sur le marché Alternext, les indicateurs étaient au vert pour Phenix Systems.

Pourtant, la société avait déjà été sanctionnée par le marché pour des résultats décevant en 2012 et des distorsions internes entre les actionnaires historiques et la direction sont apparues. "Ce n’est pas facile d’introduire une nouvelle technologie de production à un moment où les investissements des entreprises sont gelés, estime Jean-Baptiste Barenton", analyste financier chez Portzamparc. "La trésorerie de l’entreprise s’est tendue et elle a été obligée de trouver un acteur auquel s’adosser." Rapporte Les Echos.

La faute aux dirigeants alors ? Pas seulement. Le marché de l'impression 3D peine à se développer en France alors qu'il fait naître aux Etats-Unis de véritables multinationales. À l'instar de la première édition du salon de l'impression 3D à Paris il y a deux semaines, dont le nombre de visiteurs et exposants était sensiblement inférieur à celui accueilli par le salon londonien.

La France est toujours dans la course et n'a pas à rougir pour autant de sa technologie en matière d'impression tridimensionnelle. La preuve en est l'acquisition de 88% de Phidias Technologie (inventeur d'un procédé unique de fabrication) par le Groupe Gorgé en mai 2013.

L'acquisition de 93% du capital de Phenix Systems pour une valorisation à 15 millions d'euros est en réalité une très bonne nouvelle pour tout le monde. C'est d'une part la reconnaissance d'un savoir-faire et d'une qualité de production françaises. C'est d'autre part la garantie pour la société de continuer d'exister, et même de se développer dans un contexte plus favorable. C'est surtout (souhaitons-le) pour les salariés une opportunité nouvelle de travailler sur des enjeux plus globaux.

Crédit Photo: EmploiParlons