Aujourd'hui, je travaille devant la mer, un verre de thé vert à la main, l'esprit vif après ma séance matinale de surf. Je suis à Taghazout, un village de surfeurs/pêcheurs marocain, à 20 minutes d'Agadir. La vie y est moins chère, les distractions moindres, le stress inexistant (faire du surf et du yoga quotidiennement aide) et le soleil toujours présent. Le rêve pour un entrepreneur qui veut bootstrapper ?[hr]

Sous le soleil exactement

C'est ce qu'ont pensé les anglais de Maptia, "une plateforme qui vous permet de créer facilement de magnifiques cartes de vos vies et des endroits autour de vous", s'installer dans ce village. Faute de visa, les quatre anglais étaient contraints de quitter les Etats-Unis et donc de se relocaliser. N'ayant pas d'obligation en Angleterre et ayant besoin de faire durer leurs fonds d'amorçage aussi longtemps que possible, ils ont listé les destinations où ils faisaient bon et peu cher vivre qui les attiraient. C'est le prix des vols d'avion et la qualité de la connexion internet qui ont fait pencher la balance en faveur du Maroc et de Taghazout.

Ils sont loin d'être les seuls à avoir fait ce choix. Les anglais de Buffer, une plate-forme permettant de programmer ses posts sur les réseaux sociaux, ont fait le même choix, après un passage à San Francisco au sein de l'accélérateur AngelPad, l'équipe a décidé de se rendre à Honk Kong pendant 6 mois, avant de se relocaliser à Tel Aviv. Jon Myers, un UI designer, a lui choisi de s'installer à Ho Chi Minh City (aka HCMH, aka Saigon).

bootstrap startup

Les deux équipes et le designer ont toutes les deux pris le temps d'expliquer leur démarche sur leur blog respectif (iciici et ). Voici une sélection de leurs arguments :

Développer sa culture startup

Pour l'équipe de Buffer, être prêt à  monter dans un avion, à s'aventurer vers l'inconnu et à limiter ses possessions à un sac à dos permet de développer une façon de penser utile à un startuper, qui lui permettra de développer son produit plus rapidement et de viser plus grand.

Le "crazyness factor"

Cette expression de Buffer illustre tout à fait ce que l'on peut vivre quand on doit traverser Ho Chi Minh City en scooter ou comprendre les façons de faire d'un Hongkongais. L'idée est simple : en vivant dans des lieux au style vie diamétralement opposé à ce dont vous avez l'habitude, vous êtes poussés hors de votre zone de confort et devez vous réinventer, repenser votre façon de penser et être prêt pour tout.

Rencontrer du beau monde

Que cela soit parce que vous avez une culture différente ou parce que votre histoire est inhabituelle, vous devriez rapidement attirer l'attention d'entrepreneurs fascinants dans votre pays de destination ou d'origine. Vous ne ressortiez que gagnant de ces nouveaux contacts et gagnerez en plus l'occasion de confronter vos façons de voir et de faire.

Sortir de la bulle startup

En vous rendant dans une ville nouvelle, où la propension de startupers est bien moindre qu'au Sentier, vous êtes amenés à rencontrer des personnes qui - sacrilège - ne connaissent pas le milieu des startups, et c'est tant mieux. Profitez-en pour leur demander leurs opinions et vous reconnecter avec la réalité.

Libérez vous l'esprit

Dans certaines villes, vous pouvez louer un appartement tout équipé, incluant femme de ménage et  conciergerie pour une fraction de ce que vous payeriez en France. Vous pourrez utiliser le temps que vous ne passez plus à faire le ménage à vous concentrer sur votre startup ou à recharger les batteries, explique Jon Myers.

Pour Jonny Miller de Maptia, vivre loin de sa ville d'origine permet aussi de se concentrer sur le travail et d'éviter la tentation de se rendre à un énième évènement de networking ou meetup.

Faites-vous plaisir

Monter une startup est dur, se faire plaisir de temps en temps permet d'éviter le burnout et de rester productif. Quoi de mieux que d'aller surfer le matin comme l'équipe de Maptia, ou de sauter dans un avion passer un weekend sur une île déserte pour 60$ comme l'équipe de Buffer ?

A côté de ça, Buffer a aussi pu mettre en place une semaine aménagée : cinq jours de travail sur Buffer, une journée de congé et une journée dédiée à un projet personnel (apprendre à coder ou tenir un blog)

Assurez-vous du bonheur de votre équipe

Si un membre de votre équipe souhaite travailler à l'étranger, laissez-le, il n'en sera que plus heureux, et donc productif, et fidèle à votre strartups. Pour l'équipe de Buffer, cela a très bien fonctionné, d'autant mieux que l'équipe se retrouvait de temps en temps dans un même lieu pour se ressouder.

Alterner les styles de ville

Pour autant, ce choix de localisation n'est pas fait pour toutes les startups. Jonny Miller est le premier à l'avouer : il est difficile de networker, de trouver du financement, de nouer des partenariats, ou d'obtenir l'opinion de ses pairs quand on vit loin des grandes villes actives. La vie sous les tropiques est donc une solution temporaire, destinée à certains moments de la vie d'une startup, et nécessite de savoir maintenir et utiliser son réseau préexistant en ligne.

C'est pour cette même raison que l'équipe de Buffer a choisi de se relocaliser à Tel Aviv où ils ont réussi à réconcilier soleil, plage et facteur nouveauté avec un écosystème actif.

Savoir se poser

A mesure que son équipe grandit, il s'agit de se demander s'il ne serait pas mieux d'avoir la majorité de son équipe au même endroit et de se demander où elle devrait être. Pour Buffer, ce sera à terme San Francisco, et c'est une variable qu'ils prennent désormais en compte quand ils recrutent.

En savoir plus

Si l'Asie vous intéresse, vous pouvez consulter les Entrepreneur's Guides to Asia et l'article de Jon Myers sur la vie à Saigon. Vous pouvez aussi opter pour l'espace de coworking all-inclusive Startup Getaway à Bali. Si vous avez des autres bons plans pour les autres continents, n'hésitez pas à les partager.

A propos de l'auteur: Aline est rédactrice en chef de la version francophone de Wamda, le média sur les startups du monde arabe. Elle a travaillé à la fois à Beyrouth et à Paris. Vous pouvez la suivre sur Twitter Aline Mayard

Crédit photo : Jonny Miller, Maptia