Romain Vidal, un entrepreneur et investisseur depuis plus de quatre ans au sein de Caphorn Invest, revient pour Maddyness sur l'environnement des fonds d'investissement. Envie d'en savoir plus et de comprendre comment marche cet écosystème ? Pourquoi, quand, comment et avec qui lever des fonds ? Éléments de réponse dans cette tribune. 


Entrepreneur depuis 6 ans avec des entreprises comme Jogarpoker.net (qu'il a revendu par la suite) ou Traderenligne.com (toujours en activité), Romain Vidal est également investisseur depuis 4 ans chez Caphorn Invest. Devant le manque d'information dont pâtissent les entrepreneurs quand il s'agit de lever de fonds, il a décidé de partager son expérience et d'apporter son témoignage.

Est-il toujours nécessaire de lever des fonds ?

Je suis d’une certaine façon des deux côtés de la barrière et voulais partager mon expérience. Lorsque j'ai monté ma société je ne savais même pas qu'on pouvait obtenir du financement... Public ou privé.

Pour moi monter un business c'était : Arrêter de sortir le soir pour créer mes sites, rater les cours la semaine pour faire du référencement (naturel bien entendu), bosser le samedi pour écrire du contenu, et bosser le dimanche pour nouer des partenariats et négocier mon CPA ou mon Rev Share avec mes clients... et attendre que les revenus montent.

Aujourd'hui je sais que cela peut marcher : On peut très bien gagner sa vie et construire un business (internet) pérenne sans avoir jamais dépensé 1€ et le meilleur financement possible c’est surement : pas de financement.

Mais ça n'est pas valable pour tous les business, il faut parfois trouver :

  • des financements pour déployer un business ambitieux, embaucher des compétences supplémentaires (car apprendre à tout faire soi-même prend du temps), et prendre la concurrence de vitesse,
  • des partenaires pour ne pas être seul et s'entourer de personnes compétentes,
  • parfois les 2 en 1,

Mais une question persiste :

Si je dois lever de l'argent avec qui dois-je le faire ? Quand ? Et comment ?

Car même pour ceux qui souhaitent lever, ce n'est que le début du dilemme : il existe en réalité toutes sortes de fonds, et toutes sortes de VC (les directeurs d'investissement) au sein de ces Fonds !

Il n'y a pas (ou presque pas) de "mauvais" fonds car tous financent l'innovation et permettent à des dizaines d'entrepreneurs chaque année de vivre leur rêve, quelle qu’en soit l'issue. Sans argent, pas d'innovation de rupture. Et sans innovation : fin de l'histoire, fin de la France, fin du monde.

Vous n'avez qu’à taper Google dans Google, demander à votre iphone, ou aller sur Facebook. Sans VC, aucun de ceux-là ne seraient là. Nous détaillerons plus tard qui sont les fonds et ce qui les différencie, mais nous allons commencer par les bases :

Le but de cet article est d'informer, car je constate tous les jours le manque d'information auquel fait face la majorité des entrepreneurs. La plupart d'entre vous imagine que les investisseurs sont tous les mêmes et souvent vous nous voyez même comme des méchants. C'est regrettable.

Il en va en réalité des fonds comme des startups… et des VC (les directeurs d'investissement) comme des entrepreneurs : il y a de tout, il suffit de trier et d'aller voir ceux avec qui ça peut fitter.

Pour réussir dans le business nous le savons tous il n'y a qu'une recette : se consacrer à 100% à créer de la valeur et à 0% à perdre son temps ! C'est pareil pour une levée de fonds. Vous pouvez passer 6 mois à aller pitcher tous les fonds de France, mais vous vous rendrez compte à la fin que vous avez mis votre boite en péril (quand on lève des fonds on est moins au bureau) et que de l'anticipation, une analyse préalable et une sélection rigoureuse des gens à aller voir vous aurait fait gagner beaucoup de temps... et d'énergie.

Le secret ? : S’informer

On peut comparer la levée de fonds à une recherche d'emploi. La plupart d'entre nous avons vécu une situation similaire : la recherche d'un stage... Et j’ai choisi de faire ce parallèle car quand on lève des fonds c’est (le plus souvent) une première. La deuxième fois c’est évidemment plus simple.

En effet comme pour la recherche de son 1er stage, il y a ceux qui s'y prennent 1 an à l'avance et qui ont tout prévu et qui postulent à quelques offres qui leur plaisent moins pour se faire la main en entretien et voir les questions qu'on leur pose.

Puis ils s'attaquent aux offres qui les font rêver, ils se renseignent sur tout ce que fait la boite, ils essayent de joindre un stagiaire en poste pour savoir quelles sont ses tâches quotidiennes, ils regardent les profils LinkedIn des gens qui vont leur faire passer l’entretien.

Ils adaptent leur CV, ils écrivent une lettre de motivation personnalisée qui fait vraiment ressortir leur motivation à bosser dans ce groupe et à ce poste. Quand arrive l'entretien ils sont prêts, ils savent quoi répondre et ils posent les bonnes questions aussi car ils sont presque déjà dans la boite : ça fait 1 an qu'ils bossent dessus !

Et puis il y ceux qui attendent le dernier moment et qui spamment toutes les offres qui tombent avec des CV et des lettres de motivation copiés / collés. Nul besoin de préciser quelle est la catégorie qui se retrouve avec le stage de ses rêves. Vous allez me dire : "Non mais oh ! Moi je suis entrepreneur monsieur ! J’ai pas de chef et pas d'employeur. Si c'est un entretien d'embauche je laisse tomber !"

Et vous avez aussi raison ! N'oubliez pas d'équilibrer le rapport de force : Un fonds sans dealflow de qualité c'est comme une Ferrari sans volant et sans essence : c'est joli de l’extérieur, ça coûte cher et on peut craner avec mais ça sert à rien. Quoi qu'il arrive la méthode et la clé d'une bonne levée de fonds sont les mêmes que celles d'un bon stage !

Qu'est ce qui se joue ?

On peut poursuivre la comparaison : un bon premier stage c'est souvent l'assurance d'un bon job et parfois le début d'une belle carrière. Autant dire que ça compte !

Trouver le bon fonds c'est s'assurer que ma boite va se développer, que je pourrai parler à des gens de confiance et d'expérience quand ça n'ira pas, que quelqu'un sera là pour comprendre que le business à pris du retard et qu'il faut remettre un peu d'essence ou encore qu'il y a une vraie opportunité à saisir et qu'il faut adapter la stratégie (« pivoter » pour ceux qui aiment les mots à la mode).

Trouver le bon fonds c'est comme un mariage. Il y aura une clause de divorce à 5 ans souvent (= clause de liquidité, priorité n°1 de la plupart fonds : ils doivent pouvoir sortir au bout de quelques années, en ayant gagné de l’argent), mais on sera quand même mariés pendant tout ce temps.

Vous avez envie de passer les 5 prochaines années de votre vie avec un mari ou une femme qui ne vous comprend pas, qui n'est jamais d'accord avec vous et qui souhaite emmener votre boite dans une autre direction que vous ? Je me répète : Ça compte énormément ! C’est beaucoup plus qu’un simple chèque.

Qu’est-ce qu'un fonds peut vraiment m'apporter ?

Tout. Ou rien. Et parfois rien c'est tout ce dont vous avez besoin.

La prochaine partie de ce post détaillera tous les types de fonds et comment les comprendre. Mais le principe est simple : il n'y a qu'une seule question à se poser et je vous invite à vous la poser tout de suite avant de lire une ligne de plus.

DE QUOI AI-JE BESOIN ?

De l'argent ? Des conseils ? Une expertise ? Des contacts ? Des gens à qui parler ? Des gens qui me parlent le moins possible ? etc ... Nous sommes tous différents. Et vous êtes les seuls à pouvoir répondre à cela. Oubliez tous vos a priori et faites la liste de tout ce qui peut faire la différence, pour vous et pour votre start-up.

Demandez aussi à votre équipe, à votre famille, à votre copine... Parfois on n'a pas les idées très claires sur ses propres besoins. Dès lors que vous aurez répondu à cela. Vous serez prêts à reprendre la lecture.