L'univers des startups et des entrepreneurs est sans doute le plus habitué à pratiquer le télé-travail et à profiter des espaces de co-working. Le 9 décembre dernier s'est tenu dans le Val-de-Marne, la dernière étape du Tour de France du Télétravail et des tiers lieux. Au programme de cette journée de conférence, les grandes thématiques développées portaient sur le "travailler et aménager autrement". Les organisateurs en ont profité pour réaliser une étude sur le Bureau de demain. 


L’expérimentation «Quel bureau Demain ?», menée par le Centre Michel Serres et LBMG Worklabs, s'est déroulée entre mai et décembre 2014. Pour la première fois en France, un panel de salariés de grandes entreprises, PME ou administrations publiques a ainsi eu l’occasion de travailler régulièrement dans des espaces de travail flexibles, ou «tiers-lieux de travail». L’objectif ? Permettre à ces organisations de tester des alternatives aux lieux de travail classiques (bureau, domicile, lieux de travail informels en mobilité) et de bénéficier d’un accompagnement personnalisé.

L’ambition affichée est de donner un retour d’expérience à la fois qualitatif et quantitatif sur le ressenti des salariés dans ces espaces de travail innovants. Il s’agit d’analyser les externalités des tiers-lieux sur ces individus, leurs entreprises et le territoire d’implantation.

Les tiers-lieux de travail sont des espaces de travail partagés qui accueillent un large éventail de métiers et de statuts : indépendants, salariés de TPE, télétravailleurs... Leur nombre double chaque année : on compte plus de 3000 espaces dans le monde. En France, 248 espaces ont vu le jour en moins de 3 ans. Les offres et les services qu’ils proposent sont d’une grande diversité : Fab Labs, coworking, télécentres ou centres d’affaires. 

Les grandes tendances du travail en tiers-lieux

  • 71% des répondants se disent « plus efficaces au travail» en tiers-lieux par rapport au bureau. Ceci s’explique principalement par le fait que le bureau, avec l’avènement de l’openspace et du syndrome de la «réunionite» (environnement parfois parasite et perturbant ou peu favorable à la concentration sur des tâches de fond).
  • 29% des salariés se déclarant plus efficaces en tiers-lieux qu’à domicile évoquent les problèmes de place, d’équipement ou de frontière entre vie professionnelle et vie personnelle que les tiers-lieux permettent de contrôler. Les tiers-lieux se démarquent donc comme une alternative plausible au travail à domicile, pour les salariés n’ayant pas la possibilité de travailler à domicile dans de bonnes conditions.
  • 47% des salariés interrogés évoquent une diminution du niveau de stress et de fatigue, principalement liée à la diminution du temps de transport. Celle-ci peut être très importante pour certains répondants, qui économisent jusqu’à deux heures par jour. Ce temps est réinvesti dans le travail ou la vie familiale, associative ou sportive, permettant un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle.
  • Contrairement à une idée reçue, le travail en tiers-lieu impacte positivement (31%) ou de manière neutre (69%) le sentiment d’appartenance à l’entreprise.
  • D’autres salariés (25%) ont mis l’accent sur les rencontres et les opportunités d’échanges et opportunités commerciales qu’offrent les tiers- lieux, si cela ne gêne pas leur concentration.
  • 67% des personnes qui ont travaillé régulièrement en tiers-lieux souhaitent continuer l’utilisation de tiers-lieux.

A relire : #Infographie: Les alternatives pour travailler même en cas de grèves des transports

Quelques points à améliorer

Si ces nouveaux modes de travail possèdent bon nombre de points positifs, l'expérimentation a mis en lumière les points d’attention concernant les offres proposées par les tiers-lieux pour des salariés. Les répondants souhaiteraient des horaires d’ouverture étendus pour permettre d’éviter les heures de pointes. Ils demandent également des espaces proches de leurs lieux de déplacement (plus de 40% des répondants déclarent ne pas avoir trouvé un espace au moins une fois sur une zone géographique donnée).

Parmi les points les plus souvent cités : des solutions de confidentialité sur les espaces partagés permettant de téléphoner ponctuellement, une offre de parking liée à l’espace garantissant une place ou encore la prise en charge efficace des réservations pour des espaces parfois peu habitués à gérer de l’hyper-flexibilité (à l’heure, à la demi-journée ou à la journée). L’accueil humain reste donc un point central pour fluidifier le dispositif et permettre une prise en main facilitée des espaces par les salariés.

Globalement, l’expérimentation a été bien perçue par les salariés interrogés. Ces derniers souhaitent poursuivre l’expérimentation et la recommanderaient à des collègues. Cependant, ils estiment que ce n’est pas une solution «miracle» adaptée à tous :selon les motivations, les méthodes de travail, la qualité de l’équipement ou de l’espace à domicile, le test a plus ou moins de succès.

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