Le parcours d'une jeune entreprise n'est pas de tout repos, notamment pour les fondateurs, qui ont beaucoup de choses à penser. Développement commercial, construction du produit ou du service, recrutement des équipes, communication et marketing font partie des étapes qui structurent la vie des entreprises. Une autre étape semble cruciale, celle du financement du choix entre levée de fonds ou développement du fonds propres. Yannick Taes, CEO d'Alantaya raconte aujourd'hui son expérience.


Financement du MVP

On nous le rabâche depuis maintenant quelques temps : la création d'entreprise est une chose aisée. C'est vrai, la création en elle-même, d’un point de vue administratif, ne prend que très peu de temps. En revanche, le chemin pour la financer s’avère beaucoup plus compliqué ! Finalement, à force de recherches, de travail, et il faut l’avouer, de chance, nous avons réussi à financer le MVP d’Alantaya.

Tout a commencé en 2011, lorsque nous avons pris la décision de créer la société, pensant que nous tenions quelque chose d’abouti. Nous avons passé beaucoup de temps à rechercher des développeurs que nous voulions tester pendant une période avant de les associer au capital afin de ne pas nous louper. Deux années de recherche, de rencontres qui se sont avérées riches en bonnes surprises mais également en déceptions. D’une manière générale, nous avons énormément appris de toutes ces rencontres et de tout ce que nous avons fait avec ces personnes. Cela a permis d’affiner le discours, réfléchir à des fonctionnalités etc.

Décision est prise de créer la société en 2013, avec un capital minimal de 2000€. Ce n’était pas beaucoup, certes, mais cela nous permettait au moins de crédibiliser notre approche auprès des éventuels clients et partenaires. Même si le capital social ne les impressionnait guère, nous avions le mérite d’avoir une existence juridique. Notre approche était d’essayer de faire financer nos développements par de futurs clients ou partenaires. Peine perdue ! Peu d’entreprises « payent pour voir », même parmi celles qui se portent très bien financièrement. Surtout auprès de ce qui n’est pas encore vraiment une startup !

Aides publiques ou privées ?

Pas évident ! Nous écumons les conférences, les soirées, les RDV auprès des entreprises de recherche de subventions afin de trouver un moyen de nous financer. Parallèlement, nous entrons en contact avec le Centre Francilien pour l’Innovation (à présent Paris Région Entreprises) qui nous met en relation avec une entreprise étrangère intéressée par notre concept. Cette marque d’intérêt a ensuite déclenché un processus qui allait déboucher sur le financement de la société pour une année complète !

Nous avions compris que le problème venait essentiellement de nos fonds propres. Avec 2000€ vous n’avez rien ou alors vous devez aller mendier 10 000€ par ci ou par là. Nous contactons donc le Réseau Entreprendre 92 afin d’obtenir un prêt d’honneur de 30 000€ et démarrons un dossier auprès de Paris Région Entreprise pour obtenir l’Aide à l’Innovation Responsable d’un montant de 80 000€.

Sauf que, pour obtenir ces 80 000€ de subventions, il nous fallait au moins l’équivalent en fonds propres ! Nous aurions pu, uniquement grâce aux 30 000 de Réseau entreprendre, nous contenter d’aides moins conséquentes, mais l’occasion était trop belle !

C’est finalement un coup de fil entrant qui va nous débloquer la situation. Une société recherchait des startups à financer dans le cadre d’une convention de revitalisation du territoire des Hauts de Seine au travers d’aides au recrutement d’environ 4000€ par emploi créé et une aide sur une prestation intellectuelle. Soit un montant de quasi 25 000€.

La somme de ces aides représentait un montant particulièrement conséquent, sauf que, pour en bénéficier, il nous fallait augmenter notre capital et faire rentrer de la trésorerie. Nous nous tournons donc vers les banques afin de nous endetter à titre personnel. Nous empruntons 100K€ en présentant notre dossier réalisé avec Réseau Entreprendre (à noter que nous avons fait appel à une banque privée).

Ainsi, nous nous retrouvons avec :

  • 100 000€ d’emprunt personnel
  • 25 000€ de subvention privée chaque année pendant 3 ans
  • 30 000€ de prêt d’honneur
  • 80 000€ d’Aide à l’Innovation Responsable

Un montant donc de 285 000€  dont 235 000€ pour financer l’année 2015 uniquement et ce, sans avoir à donner 1% du capital à un quelconque investisseur.

Certes, la prise de risque est maximale mais elle a plusieurs avantages majeurs :

  • L’annonce de notre capital social, entièrement financé par les fondateurs a un impact significatif sur nos interlocuteurs. La grande majorité d’entre eux ne nous regardent plus comme une petite startup mais comme une entreprise avec un projet d’entreprise.
  • Elle a débloqué la situation auprès d’un client qui, au-delà de nous faire confiance, s’investit humainement et opérationnellement à nos côtés  par la fourniture gracieuse de locaux à la Défense !
  • Nous sommes maintenant une petite entreprise avec des salariés, des fournisseurs, des clients et des partenaires qui s’investissent à la réalisation de notre projet !

Je garde sous le coude encore quelques nouvelles à propos de la prochaine étape du développement d’Alantaya mais vous pouvez d’ores et déjà vous connecter à notre bêta qui a ouvert ses portes fin Janvier. D’ailleurs, nous ne vous demandons pas d’être indulgents, mais au contraire, d’être les plus féroces possible dans vos commentaires et vos retours sur l’application !

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