Dans une étude internationale publiée en avril, Sculpteo a interrogé plus de 1 000 utilisateurs de l’impression 3D, chefs d’entreprise, ingénieurs, designers et acheteurs, pour recueillir leurs sentiments face à cette technologie. Bien que les usages varient d’un continent à un autre, l’enquête confirme l’adoption massive de la fabrication additive dans de nombreux secteurs de l’agroalimentaire à l’aéronautique, en passant par la santé.


Une rupture à travers de nouveaux usages

L’impression 3D présente un potentiel d’innovation unique. Appliquée à la production industrielle, elle permettra à terme de réduire le "time to market" et de développer la personnalisation du produit. Si la technologie n’est pas nouvelle, la démocratisation de la fabrication additive en fait une véritable rupture.

"La révolution annoncée, ce n’est pas une révolution technologique, car on la connaît depuis trente ans. C’est surtout une révolution des usages. Un public beaucoup plus large va pouvoir accéder à ces technologies, des makers aux artisans en passant par les marques, qui vont pouvoir aller vers de l’ultra personnalisation" explique Frédéric Vacher, Directeur Stratégie Marketing 3DS chez Dassault Systèmes.

Une explosion du marché mondial

La révolution de la fabrication additive est confortée par les analystes. En 2015, l’institut Gartner prévoit 200 000 imprimantes 3D pour un chiffre d’affaire global de 1,6 milliard de dollars. Dans les trois prochaines années, le volume d’imprimantes 3D devrait exploser pour atteindre 3 millions d’unités en 2018, soit un chiffre d’affaires de 13,4 milliards de dollars.

Du côté des utilisateurs, l’étude menée par Sculpteo confirme l’essor de cette technologie puisque 68% des sondés prévoient d’accroître leurs dépenses en impression 3D en 2015. En particulier, 44% des personnes interrogées comptent augmenter leurs dépenses d’au moins 50%.

Un secteur stratégique en France

Sur le terrain de l’impression 3D, la France veut construire son leadership comme l’annonçait Emmanuel Macron lors du lancement de la nouvelle stratégie industrielle pour la France « Industrie du Futur ». En effet, l’Hexagone ne manque pas d’atouts en la matière : une recherche forte sur les matériaux et les processus numériques, des producteurs d’imprimantes 3D en forte croissance et des grands donneurs d’ordre prêts à franchir le pas dans l’aéronautique.

De nombreuses entreprises françaises consolident également leurs positions sur ce marché. Groupe Gorgé est arrivé sur le marché de l’impression 3D il y a deux ans avec le rachat de Prodways, fabricant français d’imprimantes 3D. Le groupe entend devenir le troisième acteur mondial suite aux récentes acquisitions d’Initial, le leader français indépendant de la fabrication de pièces par impression 3D, et de Norge Systems, une startup anglaise spécialisée dans la conception d’imprimantes 3D utilisant le frittage laser de poudres plastiques.

La France compte aussi BeAM, le premier fabricant européen d’imprimantes 3D par dépôt de poudres métalliques. Cette technique permet de créer ou réparer des pièces métalliques de haute précision, telles que les pièces de moteurs d’avion. Afin de poursuivre ses ambitions internationales, l’entreprise a levé un million d’euros en 2014.

Fondée en 2009, la startup Sculpteo propose un service d'impression 3D en ligne et la production d’objets à grande échelle à destination des start-ups, PME et studios de design. Son ambition est de rendre cette technologie facile et accessible à tous. Basée à Paris et San Francisco, l’entreprise a bouclé une levée de fonds de 5 millions d’euros en avril pour renforcer son dispositif industriel et accélérer son développement à l’international.

De nombreux changements à venir

La révolution de l’impression 3D laisse présager de nombreux bouleversements à différents niveaux. À l’échelle macroéconomique, un basculement s’amorce de la production de masse, concentrée dans les pays à bas coût de main d’œuvre, vers une fabrication personnalisée, localisée au plus près des consommateurs. Le secteur de l’impression 3D engendrera ainsi des emplois qualifiés au sein des économies matures, telles que l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale.

D’un point de vue industriel, de nombreux matériaux pourront être imprimés : plastique, résine, céramique, bois, or, étain, métal et même des tissus humains. Selon l’enquête Sculpteo, les entreprises adopteront la fabrication additive pour répondre à deux priorités principales dans les cinq prochaines années : le développement de nouveaux produits et la fabrication de produits personnalisés ou en séries limitées.

Enfin, à l’échelle des consommateurs, la démocratisation de l’impression 3D ne sera pas instantanée, mais elle intègrera progressivement le quotidien. La baisse du coût des machines participera fortement de leur diffusion dans notre environnement via le développement des fab labs, des lieux mettant à la disposition du public des machines-outils pour la conception d’objets.

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