Romain Serman, ex-consul de France à San Francisco a pris la tête de Bpifrance USA il y a un an. Rencontre avec cet énarque atypique qui connecte et fait bouger la France en Californie.


Qu'est ce qui vous a poussé à quitter le consulat pour rejoindre Bpifrance l'an dernier ?

C'était une opportunité exceptionnelle, et je n'ai pas hésité une seule seconde. Pour deux raisons :

La première : la vision et les valeurs de Bpifrance. Je les partage à 1000%. Bpifrance est entrepreneur-centric. C'est la banque de ceux qui veulent changer le monde, la banque des ambitieux, la banque des insolents, la banque des aventuriers. Bpifrance veut être une plateforme de services adossée à un chéquier. Nous sommes là pour redonner à la France le goût du large. Sa vision de la mondialisation est la seule qui vaille : les entrepreneurs de la tech doivent marcher sur deux jambes, une jambe en France, une jambe aux USA. Cela créé de la valeur et des emplois en France. J'adhère donc j'y vais !

La deuxième : les équipes de Bpifrance. C'est une chance et un bonheur de rejoindre des équipes compétentes, motivées, dynamiques, qui partagent un même projet collectif et, il faut le dire, conduites dans leur aventure par un top management exceptionnel.

Quel est votre rôle en tant que Directeur de Bpifrance sur le continent Nord-Américain ?

L'objectif : mondialiser nos pépites de la tech. Nous devons partir à l'assaut du Nasdaq. Mon rôle se décline donc dans trois domaines majeurs. Un : accroître notre deal flow. En clair, repérer les meilleurs entrepreneurs français, ceux qui doivent réussir sur le marché américain, pour les financer. Deux : les aider, comme nous pouvons, aux USA : introduction auprès de mentors, ouverture des portes de clients potentiels, conseils stratégiques, liaison avec les services de Business France. Trois : créer des liens étroits avec les fonds d'investissements américains.

Nous recherchons aux maximum, quand c'est pertinent, des co-investissements franco-américains. Mais la mission est encore plus large : nous soutenons le programme d'accélération de Business France - Ubi i/o -, nous aidons nos fonds partenaires français sur le marché américain, nous cherchons à développer des partenariats avec les centres de recherche et accélérateurs américains, nous travaillons à faire venir en France des investisseurs, des startups et de grandes entreprises américaines. Et bien sûr, je communique chaque jour aux US sur le boom entrepreneurial français et les atouts de notre écosystème. En matière de communication, beaucoup reste à faire ici.

Quel conseil donneriez-vous aux startups françaises souhaitant s'implanter en Californie ?

D'abord, bien connaître son marché comme ses forces et faiblesses. Il ne faut pas hésiter, avant de s'implanter, à venir humer les choses plusieurs fois, à prendre le maximum de contacts et de conseils, mais sans perdre trop de temps. La Vallée est ultra compétitive - et la concurrence vient du monde entier -, les choses vont très vite - le time-to-market est clef - et le développement de ses activités aux US coûte très cher. Attention au burn rate ! Ensuite, il ne faut (surtout) pas venir pour de mauvaises raisons. En clair : venir en Californie avec pour seul et unique objectif de lever des fonds au motif que ce ne serait pas possible en France est une mauvaise approche - et érronée sur le fond -. Il faut venir d'abord et avant tout pour développer sa traction - le marché américain est très souvent incontournable. La question d'une levée aux US se posera après. Troisièmement : le recrutement de ses équipes américaines - marketing, sales et customer support/success - est un vrai challenge. Ce sera la première priorité de la startup française au début de son aventure américaine. Une étape-clef. Il faut bien préparer les premiers recrutements locaux.

Un message à faire passer ?

Foncez, nous serons à vos côtés. Les Français commencent à raconter de belles histoires aux États-Unis. En à peine deux ans, nous avons côté trois entreprises au Nasdaq ! La qualité de nos ingénieurs est reconnue. Il y a aujourd'hui en France une nouvelle génération d'entrepreneurs qui peut casser la baraque. Nous avons tous les atouts pour réussir. N'ayez pas peur, partez sans complexe, disruptez !

Biographie de Romain Serman:

  • 30 septembre 1972 : Naissance à Saint-Mandé
  • 1998 - 2000:  ENA, promotion « Averroès », comme Fleur Pellerin
  • 2003 - 2007: Premier Secrétaire à la mission permanente auprès des Nations unies à New York
  • 2007 - 2009: conseiller technique à la cellule diplomatique de l’Elysée
  • juillet 2010 - juillet 2014 : Consul de France à San Francisco
  • 2014: Directeur Bpifrance USA
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