Dans la lignée de notre article sur Scientipole Capital, la rédaction de Maddyness est allée à la rencontre de Demeter Partners qui fête ses 10 ans cette année. Avec plus de 400 millions sous gestion à travers 4 fonds d’investissements, plus de 60 investissements réalisés et une équipe de 20 professionnels, Demeter Partners a l’ambition d’être un acteur de la transition énergétique et environnementale en France, en Allemagne et en Espagne.


Parmi les investisseurs pionniers dans les CleanTech en Europe dès 2005 et membre fondateur du Cleantech Group Europe Demeter Partners s’est positionnée au départ à 75% sur le financement de sociétés en capital-développement complété pour 25% par des investissements en innovation sur des domaines identifiés comme prometteurs. En effet, à la différence du secteur du numérique, les sujets environnementaux et énergétiques sont vieux comme l’humanité et un écosystème de PME et d’ETI bien établies et prêtes à accélérer leur croissance pré-existait à la création de Demeter.

Cette approche originale a permis d’engranger des premiers succès dès 2007 tels que Paprec, Panosol, Vergnet, JMB Energie devenu Quadran ou encore Solaire Direct cédée à Engie en juillet 2015 pour près de 200 millions d'euros (voir le portefeuille complet). Parmi les valeurs fondatrices de Demeter, l’accompagnement de ces sociétés souvent familiales, avant tout aux côtés des dirigeants, hommes et femmes visionnaires et talentueux, est régulièrement mis en avant.

demeter partners

Du Capital Développement à l'amorçage

7 ans et deux fonds plus tard, le fonds Demeter 3 Amorçage voyait le jour le 1er octobre 2012 avec 45 millions de dotation issus de différents souscripteurs comme Suez Environnement, Air Liquide, Cofely Ineo, Nexity, Bpifrance à travers le FNA, le Fonds Européen d’Investissement ou encore l’IFPEN. Une première initiative qui a permis de remonter la chaîne de la valeur du capital développement vers le financement des très jeunes pousses innovantes.

« A ce jour, nous avons investi en amorçage dans 15 sociétés depuis fin 2012, 4 sociétés ont déjà fait l’objet d’un second tour et 3 nouveaux investissements devraient être annoncés d’ici la fin de l’année. Nous avons investi un premier ticket moyen entre 300 000 et 1 000 000 d’euros et pouvons monter jusqu’à 4 ou 5 millions sur la vie de la société », explique Benjamin Wainstain, directeur du fonds Demeter 3 amorçage, arrivé fin 2011 chez Demeter en provenance de CEA Investissement.

En accompagnant activement ses participations sur le long terme, Demeter contribue à leur développement grâce à la synergie sectorielle entre les différentes sociétés de son portefeuille, notamment à travers les rencontres régulières de son Club Entrepreneurs « Il y a actuellement en France une dynamique impressionnante au soutien de l’innovation, mais à trop penser innovation on risque d’en oublier le réalités du business : les meilleures réponses aux problématiques du client ne sont pas toujours les plus innovantes. Le lien qu’a Demeter avec des PME présentes sur leurs marchés depuis des dizaines d’années nous aide à garder en tête que l’innovation est un moyen plutôt qu’une finalité », souligne Benjamin Wainstain.

Enfin en 2015, Demeter a lancé son quatrième fonds, destiné au financement des infrastructures : avec un premier closing à 60 millions d'euros et un objectif de 100 millions d'euros, cet outil complète un peu plus la palette des financements disponibles.

L’amorçage, une évolution du marché pour un fonds d’investissement ?

« La volonté de monter un fonds d’amorçage était présente depuis plus années chez Demeter mais il était compliqué de trouver des souscripteurs sur ce type de fonds avant 2011-2012 » rappelle Benjamin Wainstain.

De fait, la conjonction d’une action forte des pouvoirs publics en faveur des startups, dans une logique de sortie de crise, couplée à une démarche d’open-innovation des grands groupes soucieux de rester à la pointe des nouvelles technologies et des nouveaux business models, a permis le renouveau de ce type de financements en France : une vingtaine de fonds d’amorçage de plus de 25 millions d'euros ont ainsi été créés en France au cours des 4 dernières années, situation unique en Europe.

« Même si on entend beaucoup plus parler des startups du numérique, nous sommes toujours autant convaincus du potentiel de développement des cleantech : partout dans le monde les sujets d’autonomie énergétique, de prévention et traitement de la pollution, de nouvelle mobilité, d’économie des matières premières ou de préservation du climat sont des préoccupations de plus en plus fortes pour les citoyens, particulièrement dans les pays émergents. Ce sont par ailleurs souvent des sujets industriels, donc créateurs d’emplois, y compris peu qualifiés, qui offrent des débouchés aux innovations de la recherche académique.

Les succès d’Ynsect qui a bouclé un second tour de 5,5 millions d'euros avec un fonds singapourien, d’Ideol qui a remporté un premier contrat d’éolien flottant au Japon ou de Sunna Design qui déploie ses lampadaires solaires autonomes dans une dizaine de pays d’Afrique, dessinent les premiers éléments de notre capacité à exporter des technologies européennes vers de nouvelles géographies. »

« Bien entendu, l’arrivée du numérique dans nos métiers est comme ailleurs une formidable opportunité de croissance, par exemple sur des sujets tels que la mobilité, les smart-grids ou l’industrie du futur. Nous avons par exemple investi fin 2014 près de 1 million d'euros dans Zenpark, leader français des parkings partagés, sur un tour total de 1,6 million d’euros. »

Avec 18 sociétés en portefeuille à la fin de l’année sur un objectif de 15-20 au total, les projets pour les mois à venir seront-ils financés par un nouveau fonds ? Selon nos informations, Demeter travaillerait sur plusieurs nouveaux fonds pour début 2016 dont un nouveau fonds d’amorçage et un nouveau fonds capital-développement et capital-innovation late-stage en lien avec un sponsor industriel chinois.