Emmanuel Macron entend revaloriser l’image des entrepreneurs et des startups auprès des investisseurs étrangers. Le but ? Attirer les investisseurs pour dynamiser le capital-risque. Et pour y arriver, il a lancé une opération séduction sous les ors de Versailles. Décryptage.


Longtemps, le château de Versailles a été le théâtre de tentatives de séductions de la cour. Encore aujourd’hui, le rayonnement du lieu confère une certaine aura internationale à la France. Le choix d’accueillir des investisseurs internationaux et français en capital-investissement en ce lieu n’est pas anodin. Et c’est celui qu’a fait Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, le 7 octobre dernier à l’occasion d’un évènement appelé le « FrenchTech Discovery Tour ».

Pourquoi autant d’efforts ? Car les startups peuvent à tout moment être tentées de franchir l’Atlantique afin de trouver des fonds aux États-Unis. Certes, le capital-risque en France ne représente pas moins de 897 millions d’euros de fonds levés, pour 372 opérations en 2014, selon le baromètre EY. Mais les acteurs du marché reconnaissent que certains stades de développement des startups sont freinés par un manque de moyens. « L’amorçage et le last stage sont les deux maillons faibles de la chaîne de financement, témoigne Jean-David Chamboredon, président exécutif d’ISAI Gestion SAS. Et cette faiblesse a des conséquences : selon notre indicateur, les montants investis par les business angels sont 25 fois moins importants qu’aux Etats-Unis, à PIB égal, et 10 fois moins qu’au Royaume-Uni. »

Législation trop complexe et fiscalité trop lourde plombent les investissements

Selon ce dernier, le manque d’attractivité à l’international est lié à une législation trop complexe, à une image ternie par des événements comme les négociations avec Air France qui dérapent et à une fiscalité trop lourde.

« Depuis le projet de loi de finance 2013, les entrepreneurs sont taxés sur la vente de leur société, souligne Jean-David Chamboredon. Or, il devrait y avoir un possible report d’imposition, si ces derniers réinvestissent l’argent dans d’autres startups. » De cette manière il y aurait plus de business angels à même de soutenir la période d’amorçage. « Au lieu de ça, certains patrons de startups qui ont réussi s’exilent fiscalement », ajoute-t-il.

Le problème de la faiblesse de l’amorçage est que de nombreuses entreprises, pourtant prometteuses, ne trouve pas le levier financier pour se développer. Elles n’arrivent alors même pas au stade où elles pourraient recourir au capital-risque et meurent prématurément. L’offre de startup prometteuse est alors amoindrie… quand bien même des investisseurs souhaiteraient miser plus. C’est le cas du fonds ISAI. « Lors de notre levée de fonds cet été, nous avons refusé de l’argent car nous ne pouvions pas investir plus, dans de bonnes conditions », constate Jean-David Chamboredon. Le fonds est certes passé de 35 à 75 millions d’euros mais aurait pu aller, si la profondeur de marché le permettait, au-delà de 100 millions d’euros.

Enfin, la problématique reste la possibilité d’une sortie positive, c’est-à-dire la capacité des fonds à revendre leurs parts. Les investisseurs ont en effet pour vocation d'accompagner pendant un temps seulement, cinq ans en moyenne, les startups qu’ils soutiennent. Au-delà de ce délai, ils passent le relais à d’autres financiers. Mais, faute d'investisseurs disposant d’une surface financière suffisante pour saisir ce relais, au late stage,  les fonds limitent alors leur prise de participation pour être sûr de pourvoir sortir du capital de la startup convenablement.