Du 16 au 25 novembre se tenait à New York la première édition du French American Digital Lab, un programme d’échange organisé par les services culturels de l’Ambassade de France à New York et Business France. 10 startups françaises étaient sélectionnées pour y participer. Parmi elles, la librairie de BD numérique Sequencity. Son cofondateur, Denis Lefebvre, revient pour nous sur le déroulé et les apports de ce programme.


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Jour 1 : rendez-vous nous est donné au New York Media Center, un incubateur situé non loin du Manhattan Bridge, à Brooklyn. Nous en découvrons davantage sur le programme concocté par l'Ambassade de France. La feuille de route est extrêmement dense, et riche dans la diversité de ses formats : formations, ateliers, networking et sessions de pitch alternent avec des rendez-vous business organisés en amont avec les réseaux de l’Ambassade.

10 jours, 9 startups

Et c'est parti pour 10 jours intensifs en compagnie de 8 autres startups de l’innovation culturelle (Artips, Booxup, Interactive4D/Transmedia Ready, Monument Tracker, Sonic Solveig/L’Apprimerie, Sisso, Theatre in Paris, Update Marylin) — la neuvième ayant du annuler sa venue après avoir été lourdement touchée dans son entourage par les attentats du 13 novembre, quelques jours plus tôt.

Notre projet, Sequencity, est la première librairie de BD numérique qui vous connecte à de vrais libraires spécialisés pour vous guider vers votre prochaine lecture, en découvrant leurs coups de cœur, et en dialoguant directement avec eux par messagerie instantanée. Ou comment réintégrer le conseil humain d’experts passionnés au sein d’une librairie numérique, partout avec soi.

Evaluer la réceptivité du marché américain

Notre participation au programme avait pour objectif de valider la réceptivité de notre projet sur le marché américain, et la manière de l’approcher en tenant compte des spécificités culturelles, juridiques, comptables et marketing, à maîtriser tant pour structurer sa présence sur place que pour adapter son produit, son discours, et se donner ainsi toutes les chances de s’y développer.

Dès la première journée, le retour d’expérience de Martin Rogard sur l’entrée de Dailymotion sur les terres de Youtube a été, en ce sens, riche d’enseignements pour appréhender les pièges à éviter et les stratégies à adopter. Il nous a également été rappelé l’importance d’être bien préparé avant de vouloir venir s’installer : débarquer la fleur au fusil pour vivre le rêve américain relève du fantasme, et six mois sont nécessaires rien que pour préparer son entrée sur le marché, avec entre autres un important travail juridique :

« En France, on fait plutôt appel à un avocat lorsqu’on a un problème. Ici, la première chose à faire est d’en trouver un pour anticiper les problèmes. », a rappelé le COO de Dailymotion.

Autre pré-requis à bien mesurer avant de se lancer : « Avez-vous assez de fonds ? Si vous n’avez pas assez de fonds, vous n’êtes pas prêts à venir aux États-Unis. » La plupart des coûts doivent ainsi être doublés pour un service équivalent à ce qu’on pourrait avoir en France.

Se frotter à l'écosystème

Les conseils se sont succédés au fil des journées suivantes, thématisées selon les intervenants à la rencontre desquels nous allions rendre visite : dans les bureaux de Google, Kickstarter, Hearst, du MET, etc. pour aborder leur pratique du business à l’américaine. Tout en ayant l’opportunité de sentir, en leurs murs, l’écosystème stimulant de ces grands groupes. D’une façon générale, la bonne surprise du programme a été le très bon équilibre trouvé entre la théorie et la pratique, pour aller largement au-delà du séminaire collectif en étant impliqué par un travail immersif sur nos propres projets. Pour cela, des mentors américains nous ont entourés lors d’ateliers dédiés (Design Thinking, Strategy Hack), et des meetings one-to-one ont été organisés avec des spécialistes de haut vol (comme avec la directrice juridique de Flipboard).

Des sessions de pitch organisées tout au long des rencontres (auprès des intervenants, de VC et de startups américaines) nous ont là aussi permis d’affiner notre discours en l’abordant d’un point de vue culturellement différent : comme le rappelait Business France, l’approche émotionnelle et confiante du pitch américain prévaut bien plus que l’approche rationnelle souvent privilégiée en France, quitte à sur-vendre un peu le projet qui ne serait pas encore au stade de fonctionnement annoncé.

Accompagnement et rendez-vous business

Cette mise en pratique s’est également concrétisée par les rendez-vous business organisés avec l’aide de l’Ambassade. Grâce à ses réseaux, il nous a ainsi été permis de rencontrer le directeur numérique d’un acteur majeur de notre secteur - sans que nous ne puissions encore le citer. Le « label » de l’Ambassade a été, pour nous comme pour les autres startups, un atout déterminant pour obtenir ce genre de rendez-vous, faisant gagner un temps considérable ainsi que des pistes de partenariat concrètes.

Ayant pour notre part déjà entrepris des échanges avec des éditeurs et libraires américains, nous avons bien sûr pu travailler notre propre networking, sur un marché de la BD numérique clé pour nous, puisque plus que 10 fois plus développé aux États-Unis qu’en France, alors qu’à peu près équivalent sur la BD papier. Le Digital Lab, qui a surtout vocation à mettre le pied à l’étrier des startups, avec un suivi de l’Ambassade potentiellement relayé par Business France, a au final été pour nous un accélérateur rendant d’autant plus concret notre internationalisation dans les mois à venir. Au terme de ce programme, et pour en avoir expérimenté d’autres similaires qui n’étaient toutefois pas de ce calibre, nous ne pouvons que recommander aux startups françaises d’y participer. En 2017, donc, l’édition 2016 étant consacrée à la venue de startups new-yorkaises à Paris.