À l’approche de 2017, François Fillon présentait la semaine dernière ses nouvelles mesures pour relancer le marché du travail français. Olivier Mathiot, co-président de France Digitale, est revenu pour Maddyness sur ces propositions. 

Augmenter le plafond du chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs, réformer le RSI, offrir un accès au travail indépendant dès 16 ans… François Fillon a dévoilé la semaine dernière ses propositions pour relancer l’emploi. Le candidat Les Républicains à la primaire de la droite pour l'élection présidentielle de 2017 ambitionne ainsi de créer un million d’emplois en France, en pariant sur l’essor du travail indépendant.

Dans leur globalité, les 15 mesures présentées ont pour objectif de mettre en place un véritable écosystème dédié aux travailleurs indépendants. François Fillon y prévoit avant tout la création d’un statut de « prestataire indépendant » pour les auto-entrepreneurs travaillant avec une seule et même entreprise, mais également une facilité d’accès au statut indépendant pour les fonctionnaires, un accès au statut auto-entrepreneur dès l’âge de 16 ans, ou encore la mise en place d’une même fiscalité pour les artisans et commerçants.

Et s’il y a bien un mot qui revient dans les propositions de François Fillon, c’est bien « flexibilité ». Une idée que partage France Digitale et l’association d’entrepreneurs et d’investisseurs du numérique travaille déjà sur la question de la flexibilité du marché.

" On est assez d’accord pour considérer qu’il faut plus de flexibilité, ce qui ne veux pas forcément dire qu’il faut uniquement passer par le travail indépendant. C’est l'une des pistes de réflexion "

Olivier Mathiot

Selon lui, les propositions de François Fillon répondent assez bien aux besoins des startups, qui lorsqu’elles se retrouvent au "point mort", passage obligatoire de toute jeune pousse qui combine forte croissance et déficit financier, ont besoin de souplesse dans l’emploi de collaborateurs. Le travail indépendant se révèle alors indispensable, pour leur permettre de doper leur activité sur un temps donné (pour lancer un service, une application, etc.) sans prendre le risque de devoir licencier par la suite des profils qui ne seront plus viables quelques mois plus tard.

De l’intermittent à l’intérim en passant par le CDD, il existe aujourd'hui beaucoup de statuts différents pour les travailleurs indépendants. C’est un marché très porteur, qui permet de travailler à court terme sur des projets très précis pour lesquels les startups vont avoir besoin de certaines ressources sur un temps donné. Un statut que certains profils apprécient particulièrement, comme par exemple les développeurs mobiles, assez rares à trouver et qui n’ont pas de mal à trouver du travail, la demande étant plus forte que l’offre.

Vers la fin du salariat ?

Une autre piste de réflexion évoquée par France Digitale, c’est de trouver également plus de flexibilité dans le CDI, qui est encore majoritaire aujourd’hui en France, et surtout dans les startups dans lesquels on retrouve plus de 30% de croissance de l’emploi d’une année sur l’autre. Pour le co-président de France Digitale, les travailleurs indépendants sont intéressants lorsqu’on lance sa startup, mais lorsqu’une structure prend de l’ampleur, elle a besoin de créer une véritable culture d’entreprise et donc de recruter de vrais profils en CDI, qui partagent les mêmes valeurs et travaillent en équipe.

" Il faut travailler ces deux directions : à la fois plus d’emplois indépendants, mais aussi plus de flexibilité sur le CDI "

Pourtant, si le travail hors salariat tend aujourd’hui à se développer, celui-ci est minoritaire et le restera. Si l’on introduit plus de travailleurs indépendants, on profitera de plus de flexibilité d’emploi et on assistera par conséquent à une baisse du chômage. Une flexibilité qui ne doit cependant par être confondue avec la précarité, puisqu'elle doit autant profiter aux employeurs qu'aux salariés, avec des droits associés à ces nouveaux contrats, notamment des droits de formation, de questions administratives, de charges sociales, de culture d’entreprise, etc. Une véritable refonte du système est en cours, qui malgré tout ne tend pas vers une mort du salariat.

" La fin du salariat est un mythe. En revanche le travail hors salariat se développe rapidement dans certains secteurs, et on va arriver à un certain moment à un équilibre différent de celui connu par nos parents "