Depuis 2013, le nombre d’articles écrits sur la transformation digitale se multiplie, et les annonces de grands plans stratégiques à plusieurs centaines de millions d’euros se succèdent. Pourtant, derrière l’expression se dissimule une multiplicité de réalités différentes. Comme si le concept était devenu une sorte de totem que l’on brandit, qui change de signification en fonction du profil de celui qui s’en saisit. Derrière la pluralités des représentations, subsiste cependant un mythe partagé par tous, ou presque : celui de l’outil.

C’est assez ironique de le soulever, quand on travaille dans une startup qui produit un outil de formation en ligne pour les entreprises, soit dit en passant. Il n’empêche que ce mythe est faux. Non, implémenter un nouvel outil ne va pas changer du jour au lendemain le visage de votre organisation. Remplacer les outils hérités du passés ne suffira pas à changer la manière dont on travaille au quotidien.

Penser outil est un leurre

Le problème n’est pas que cette vision est fausse, mais qu’elle s’appuie sur un paradigme dépassé. Penser en termes d’outil est un leurre. C’est se cacher derrière des arguments facilement quantifiables. Dépenser de l’argent, c’est bien, mais ce n’est en aucun cas un KPI témoignant d’une véritable transformation digitale.

Parce qu’au final, la transformation digitale ne repose pas sur les outils mais sur la culture et sur les méthodologies de travail que l’on implémente. La culture d’une organisation englobe toutes ses manifestations. Elle conditionne la manière dont une organisation et les individus qui la composent vont répondre à un stimuli, et vont s’organiser pour répondre à un problème. Elle conditionne de fait non seulement la direction stratégique de l’organisation, mais aussi son efficacité au quotidien, et son attractivité.

Et sur quoi se base la culture d’une entreprise ? Pas sur des grandes valeurs un peu floues, souvent recyclées par les entreprises. Non, la culture d’entreprise ne se construit pas avec des mots et des déclarations d’intention. Ce n’est pas une pensée magique. C’est au contraire un résultat concret, lié à des pratiques quotidiennes.

Faire évoluer les pratiques en profondeur

L’enjeu de la transformation digitale est de créer de la croissance, tout en modifiant les pratiques de travail des individus pour les rendre plus susceptibles de générer à leur tour de la croissance. Comprendre les usages et essayer de les transformer est donc bien plus important que d’implémenter de nouveaux outils. Les outils sont au service de la culture ; bien pensés, ils peuvent contribuer à appuyer son développement. Mais ils ne la créent pas. Ça, c’est le rôle des pratiques de travail au quotidien.

Prenons un exemple concret : la gestion et le traitement des emails. Peu importe l’outil, qu’il s’agisse d’IBM Notes ou de Gmail (même si IBM Notes…). Ce qui compte, c’est la manière dont les gens l’utilisent. Du point de vue des pratiques de travail, se retrouver submergé par ses mails sur l’un ou l’autre de ces outils revient au même. L’important est de savoir s’en servir de manière rationnelle et efficace.

A ce titre, la méthodologie du 0 Inbox est intéressante, puisqu’elle s’applique à n’importe quel outil. L’objectif : mettre en place des règles de traitement simples des emails, qui permettent de conserver toujours un inbox avec 0 mails. Chez 360Learning, c’est une pratique qui a été généralisée, et les résultats sont incroyables. La performance (réelle et perçue) des équipes a explosé, et 0 inbox a donné naissance à une manière rationnelle, pointue et performante de traiter l’information. Plus de phrases à rallonge, un découpage clair des éléments textuels, une bonne gestion des filtres : le rapport quotidien à l’information a changé.

Et cela impacte les autres dimensions du travail. Dans le cas de 360Learning, le 0 inbox a conduit à abandonner les réunions en interne, et à logguer toutes les informations relatives à de la gestion de projet dans des interfaces numériques - ce qui, à son tour, a créé de nouveaux usages. La transparence de l’information, chez 360Learning, est ainsi un résultat concret, pas une grande valeur éthérée. Parce qu’en conditionnant chaque jour notre rapport à l’information, aux interactions et à l’utilisation des outils, les pratiques de travail structurent la culture de l’organisation.

La formation au coeur de la transformation digitale

Bien sûr, mettre en place ce genre de pratiques nécessite une certaine littératie. C’est là qu’intervient la formation. Si le mot peut sembler désuet à certains, il n’a cependant jamais été autant d’actualité. Car ces pratiques ne sont pas innées. Il faut les apprendre et les distiller en interne. L’enjeu derrière est énorme, puisque la formation a un impact sur la vitesse à laquelle les salariés d’une organisation peuvent se saisir d’un nouvel usage. Mieux, elle peut leur permettre de se saisir eux-même, pleinement, de leur travail en apprenant à le considérer dans sa globalité, et à optimiser leurs process en continu. Et cela vaut à la fois pour les grands groupes et pour les startups.

La formation est la base de toute transformation digitale réussie, et même de tout modèle d’organisation performant. C’est la clé d’une culture d’entreprise capable d’évoluer avec son temps, capable d’appuyer le business, capable de transformer en profondeur l’entreprise en développant un framework de travail résilient. Et l’enjeu, au-delà, est d’acculturer à grande échelle ses équipes. Des méthodologies de travail, un partage des bonnes pratiques, de la formation à grande échelle : la voilà la recette de la transformation digitale réussie.