Argolight peut se targuer d'avoir des clients au-delà des frontières... terrestres. La startup bordelaise doit envoyer, début avril, la lame qui permettra d'améliorer le microscope de la station spatiale internationale.

Un e-mail qui a changé la vie de toute une startup. C'était il y a deux ans et Gautier Papon s'en souvient encore. Quelques mois auparavant, ce jeune doctorant avec fondé, avec son acolyte Arnaud Royon, Argolight, une startup spécialisée dans le contrôle qualité de matériel d'observation des sciences de la vie, plus particulièrement en matière d'imagerie en fluorescence.

Un créneau hyper spécialisé qui les amenait principalement à travailler avec des sociétés médicales ou pharmaceutiques. L'aéronautique ne faisait pas partie de leurs domaines de prédilection... jusqu'au jour où ils reçoivent un mail de Christian, ingénieur optique en chef pour un sous-traitant historique de la Nasa. "Pouvez-vous nous aider à améliorer l'efficacité du microscope de la station spatiale internationale ?", demandait-il.

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"Nous avons été très surpris parce que nous n'avions pas de lien avec des entreprises de l'aéronautique, raconte Gautier Papon. Mais nous étions très heureux, forcément, c'est le rêve de tout scientifique de travailler pour la Nasa." Le sous-traitant avait repéré leur solution : une lame fabriquée en verre, intégrant une structure fluorescente à motifs pour tester - et améliorer - les microscopes. Un produit qui diffère des billes de polystyrène sous forme liquide proposées par la concurrence mais peu adaptées à une utilisation dans l'espace.

Travailler pour la Nasa, c'est le rêve de tout scientifique "

Gautier Papon

Après une phase de développement de cinq à six mois, il a fallu attendre presque le triple pour que la lame produite par Argolight puisse être envoyée dans la station spatiale. "La Nasa a un planning d'envoi très contraint, explique Gautier Papon. Les volumes de transport sont faibles alors que la demande est très forte." Impossible en effet d'envoyer une navette toutes les semaines pour ravitailler l'ISS... C'est pourquoi c'est seulement le 9 avril que doit être envoyée la fameuse lame made in France. Si tout se passe bien, car en cas de météo capricieuse, la mission sera inévitablement repoussée.

Alors, travailler pour la Nasa, bon plan ? "Cela a eu un impact en termes de notoriété, reconnaît Gautier Papon. Et sur la confiance que nos clients nous accordent. L'aéronautique est un milieu dont la haute exigence est reconnue. Travailler pour la Nasa, c'est un gage de confiance pour nos clients, même s'ils ne relèvent pas du même domaine." D'autant qu'Argolight a bien conscience que ce partenariat devrait se cantonner à un seul envoi, le microscope de l'ISS n'ayant pas besoin d'être optimisé tous les ans.

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La startup aborde pourtant son avenir avec sérénité. Forte d'une croissance annuelle de 100% depuis ses débuts, elle affiche aujourd'hui des activités bénéficiaires, même si le bilan financier reflète davantage leurs investissements importants. Argolight souhaite désormais accélérer à l'international, bien que 80% de son chiffre d'affaires soient déjà réalisés à l'export.