La plateforme d'échange d'objets cherche un million d'euros pour étendre son offre aux moyens de transport, aux hébergements et aux services.

"On ne comprend pas pourquoi les financiers investissent dans des plateformes pour leur dicter une stratégie financière. Pour nous, une entreprise devrait lever des fonds avec ses utilisateurs.Mathieu Jeanne-Beylot, cofondateur de Mutum, plateforme d'échange d'objets annonce la couleur et se lance dans une levée de fonds participative sur 1001pact.

Objectif ? 1 million d'euros pour étendre l'échange aux moyens de transport, aux hébergements et aux services. Aujourd'hui, plus de 60 000 objets ont déjà été échangés via la plateforme et entre 400 et 600 transactions se nouent désormais chaque jour. Pour faire grandir leur communauté de plus de 55 000 inscrits, Mutum développe des fonctionnalités pour faciliter au maximum l'inscription et le parcours d'échange. "Pour que le déclic se fasse, il faut que la procédure prenne moins de 10 secondes."

"En novembre 2016, on mettait une minute pour référencer un objet,
aujourd’hui on met entre une et deux secondes,
à la manière d'un Tinder de l’objet
"

Mathieu Jeanne-Beylot

Mais, en matière de croissance, Mutum ne veut pas confondre rapidité avec précipitation. Mathieu Jeanne-Beylot veut "prendre le temps de s'insérer dans le secteur de l'économie circulaire" pour durer plus longtemps, puisque l'ambition de Mutum est de devenir l'acteur de référence sur ce marché trop souvent dévoyé. "L'économie collaborative est devenue un énorme fourre-tout, regrette le cofondateur de la plateforme. Nous voulons être l'acteur qui définira l'économie collaborative mais pas au sens capitaliste comme Uber ou Airbnb. Nos statuts stipulent d'ailleurs qu'on ne se fera pas d'argent."

Mutum echange

Réinventer l'économie

Mutum voit d'ailleurs au-delà du bénéfice strictement financier. "On est en train de créer une économie parallèle", prophétise Mathieu Jeanne-Beylot. Pour l'instant, chaque objet échangé permet de collecter un nombre de points, les fameux Mutum, qui permettront ensuite de "louer" un autre objet en échange. "terme, le but c’est d’enlever cette monnaie virtuelle, faire en sorte que les gens voient une valeur dans ce qu’ils prêtent, une valeur qui leur soit restituée pour qu’elle soit dépensée." Et à l'époque du tout taxé, le cofondateur de Mutum voit dans cette interaction sans argent un bon bouclier : "si on remplace 2 ou 3% de l’économie par des points Mutum, qu'est-ce qu'il reste à taxer ?"

A relire : Quelle fiscalité et législation pour l’économie collaborative ?

Une valeur d'usage et non de propriété, selon les préceptes de l'économie collaborative, mais aussi une valeur écologique. Au fur et à mesure des échanges, la plateforme collecte de précieuses données sur l'usage que les Français ont d'une perceuse, d'un vélo ou d'une Playstation. "Avec ces données de l'utilisation, je peux contrer l'obsolescence programmée", anticipe Mathieu Jeanne-Beylot.