Quelques jours après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, Etienne Tatur, cofondateur de la Fintech Moneytis, rappelle au nouveau président les chantiers qu'il lui reste à accomplir pour vraiment simplifier la vie des startups.

Monsieur le Président,

Tout comme vous, on rêve d’avoir une France forte économiquement et présente sur la scène startup internationale. Et il y a du travail ! Alors on est plutôt satisfait de voir arriver un jeune président qui ne se repose pas sur de la poudre de perlimpinpin. Surtout qu’il n’y a pas si longtemps, vous parliez licornes avec TechCrunch et vous vous imposiez comme le Ministre des startups au CES Las Vegas.

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Nous, on a créé une startup en France, on a levé des fonds en France... et on est parti. On est parti rejoindre le YCombinator dans la Silicon Valley, parce qu’on réfléchit avec notre cerveau, pas notre coeur. On est une de ces startups qui rêvent d’un monde où tout le monde peut entreprendre, d’un capitalisme plus juste et responsable, d’une Europe qui s’impose et on déteste cette entropie administrative.

Pour construire votre France d’entrepreneurs, pour favoriser l’innovation et faire avancer la société, il va vous falloir des axes stratégiques et on est là pour vous soutenir. Alors, on a six points à relever.

1. Nous avons besoin d’entreprendre en 2 clics

Ce qui nous a sans doute le plus surpris avant même d’arriver aux Etats-Unis, c’est qu’en 24 heures et depuis la France, nous avions créé une entreprise et ouvert un compte bancaire. Alors qu’un an auparavant, nous avions dû batailler plus d’un mois pour créer une structure française. Vous savez qu’en France, il faut payer pour ouvrir une entreprise ? Et qu'il faut payer par chèque (qui a encore un chéquier en 2017...) ? En parallèle, si vous êtes un concurrent des banques, comme nous, vous pouvez compter quelques semaines de plus pour réussir à ouvrir votre compte, cela n’a rien d’un saut de cabri.

2. Nous avons besoin de pouvoir entreprendre n’importe où

Législations locales, concurrence mondiale, c’est ce qui attend chaque entrepreneur. Un entrepreneur averti devra se demander quels sont les pays les plus favorables à son industrie. Nous ne faisons pas cela par plaisir ! Cependant, une entreprise se doit d’être compétitive. Vous qui comprenez et soutenez le potentiel formidable de l’Europe, vous savez mieux que quiconque la nécessité d’une législation uniformisée au sein des pays de l’Union.

3. Nous avons besoin que la France nous fasse gagner du temps

En startup, le facteur limitant au succès est le temps, pas l’argent. L’argent permet d’acheter du temps, mais pas d’en gagner. Lorsque vous passez trois mois à essayer de décrocher une aide (CIR, JEI…), c’est 3 mois où vous auriez pu vous concentrer sur votre produit. Le processus d’obtention de ces aides oblige les entrepreneurs à choisir entre dépenser du temps ou de l’argent. Ne peut-on pas faire mieux ?

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AFP

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4. Nous avons besoin de simplifier les levées de fonds

L’entrepreneur doit comprendre ce qu’il se passe lorsqu’il vend une partie de son entreprise. Mais il nous a fallu des semaines pour mettre en place légalement notre levée de fonds française quand il faut quelques minutes pour faire la même chose en Californie. Le BSA Air est une avancée mais reste plus complexe que les SAFE, il est temps de simplifier tout ce qui est simplifiable.

5. Nous avons besoin de parler d’écosystème startup européen

Notre startup a participé à l’accélérateur amstellodamois de la banque ING, à l’accélérateur lisboète de Beta-i et à l’accélérateur californien du Y Combinator. Différentes villes, même constat : il n’existe pas de cohérence européenne dans l’écosystème startup. Les fonds d’investissement sont nationaux, les accélérateurs le sont aussi, est-ce qu’il ne serait pas temps de réfléchir à casser ces barrières ? Nous avons le GAFAM d’un côté, le BATX de l’autre, quelle est la place de l’Europe ?

6. Nous avons besoin d’aller plus loin

Quelles sont les innovations sociales qui favorisent l’entrepreneuriat ? D’un côté, il y a le revenu universel qui émerge à l’échelle mondiale et ne peut être ignoré. Surtout qu’il est amplement soutenu par les entrepreneurs. Sam Altman lance notamment plusieurs expériences sur le sujet en Californie à travers le Y Combinator. D’un autre côté, il y a des centaines d’autres manières de favoriser l’entrepreneuriat. Nous sommes persuadés qu’en réduisant les risques, on serait plus nombreux à se lancer dans l’aventure.

Cette lettre n’étant ni exhaustive ni complètement objective on invite à la fois ceux qui nous soutiennent à rajouter le nom de leur startup dans les commentaires et ceux qui ont d’autres idées à les évoquer.

Cet article a initialement été publié sur la page Medium d'Etienne Tatur