La société fournit des véhicules aux normes VTC aux chauffeurs qui n'en disposent pas. Mais les difficultés financières des chauffeurs mises en exergue lors des grèves de l'hiver dernier ont fini par pénaliser lourdement Voitures Noires, désormais à la recherche d'un repreneur.

Sale temps pour les VTC. Alors qu'Uber est dans la tourmente après que ses actionnaires ont poussé son PDG, Travis Kalanick, à la démission, c'est au tour du fournisseur français de voitures pour VTC Voitures Noires de connaître la tempête. Selon une information parue dans Les Echos, la startup a été placée en redressement judiciaire le 27 juin dernier et cherche désormais un repreneur.

En cause, une baisse de l'attractivité du métier de chauffeur VTC. Les grèves des chauffeurs Uber l'hiver dernier ont mis en exergue leurs difficultés financières, loin du rêve américain vanté par le pionnier des VTC. Malgré l'arrivée sur le marché d'acteurs présentant des tarifs plus intéressants pour les chauffeurs, à l'instar de Marcel, l'attractivité du métier auprès des jeunes notamment a pris du plomb dans l'aile. Et Voitures Noires en a fait les frais, plombé également par le gel durant plusieurs semaines l'année dernière des examens pour devenir chauffeur VTC, qui a tari la manne des nouveaux chauffeurs, cible privilégiée de la startup.

Une image glamour... mais onéreuse

D'autant plus que l'entreprise avait misé sur une image luxueuse qui tranchait avec la réalité financière des nouveaux chauffeurs VTC. Showroom prestigieux dans le 16ème arrondissement parisien, hôtesses chaussées de chaussures de créateur hors de prix, stand en vue au Salon de l'Automobile : Voitures Noires a réussi à se constituer une image de marque glamour... Mais si Uber misait lors de son implantation en France sur un service haut de gamme, la marque a très vite revu ses standards pour s'adapter à la demande des clients qui privilégiaient des prix riquiquis. Certes, d'autres marques ont pris le relais sur ce segment, comme Chauffeur-Privé, mais elles ne présentent pas le même vivier de chauffeurs que le géant américain. Et ne constituent donc pas pour un intermédiaire comme Voitures Noires des apports de clientèle suffisants.

La société, qui avait levé 2,5 millions d'euros à ses débuts en 2015, connaissait des difficultés de trésorerie depuis plusieurs mois. L'Urssaf lui avait consenti plusieurs délais de paiement, selon un article des Echos paru début avril. Karim Ferchiou restait alors optimiste, misant sur une deuxième levée de fonds qu'il disait imminente depuis plusieurs mois. Il semblerait que ce second tour de table, synonyme de bouffée d'air, n'ait pu être bouclé. Ce qui a vraisemblablement scellé le destin de Voitures Noires.