La conférence Money2020 Europe s’est tenue à Copenhague fin juin. Cet événement, arrivé l’année dernière des Etats-Unis, se présente comme le plus grand rendez-vous européen de l’innovation dans les services financiers. La keynote d’ouverture a donné la parole aux CEOs de trois grands acteurs bancaires européens qui ont détaillé leur vision des transformations en cours dans ce secteur. Compte rendu de ces discours qui pourraient inspirer les dirigeants français.

Chez Barclays, on s’interroge sur l’impact sociétal de la banque

Dès les premiers mots de son intervention, Ashok Vaswani, CEO de Barclays UK est allé droit au but : « Chaque entreprise doit répondre à un but sociétal ». Selon lui, celui de Barclays est de fournir des services financiers véritablement connectés à ses clients. Et si le géant britannique existe depuis plus de 300 ans, il est temps pour lui de faire un bond en avant.

Une des pistes envisagées par Vaswani est de positionner l’établissement comme une plateforme de services à valeur ajoutée pour les entrepreneurs. Des programmes sont ainsi en cours pour accompagner les fintechs en phase d’incubation et d’accélération. La banque propose également des espaces de coworking et des fablabs à destination des entrepreneurs.

Par cette démarche, le dirigeant indique vouloir construire une nouvelle banque totalement concentrée sur les nouveaux besoins de ses clients.

I have been in banking for 30 years. I’ve never been so excited because of the opportunities "

Ashok Aswani, CEO Barclays UK

Rabobank aide son secteur à faire sa mue

Établissement coopératif néerlandais, Rabobank est historiquement bien implanté dans le secteur agricole. La stratégie retenue par l’établissement batave consiste à supporter les démarches d’innovation induites par le digital dans le secteur de de l’agro-alimentaire. Dans ce contexte, elle a lancé une plateforme de financement hybride (banque et crowdlending) pour les entrepreneurs et finance des programmes d’innovation visant à résoudre l’épineuse question des besoins en alimentation d’une population mondiale en croissance continue.

Selon Weibe Draijer, Chairman Executive Board, 3 grands bénéfices sont à attendre de cette démarche. D’une part, la banque améliore sa connaissance des enjeux de ce secteur d’activité hautement stratégique pour elle. De l’autre, elle y renforce son influence en entrant en relation avec de nouveaux acteurs innovants. Enfin, elle entretient sa relation avec ses clients historiques.

BBVA : une approche pragmatique et convaincante

Carlos Torres Vila, CEO de BBVA ne se voile pas la face. Selon lui, les gens n’aiment pas la banque. Il va même jusqu’à citer une statistique selon laquelle plus de 70% des millenials préfèrent se rendre chez leur dentiste que chez leur banquier. Gérer ses finances est une perte de temps et il faut rendre la tâche plus facile. Or, pour fournir un service client de meilleure qualité, il faut mieux connaître son client et donc disposer d’un panel toujours plus large de données. Ainsi, il considère que la nouvelle directive sur les services de paiement (DSP 2) ainsi que la récente réglementation européenne sur les données personnelles (GDPR) sont des opportunités fortes de créer un nouvelle relation de confiance avec ses clients.

Customer’s data is the keystone to create opportunities "

Carlos Torres Vila, CEO BBVA

Le dirigeant de la banque ibérique n’oublie également pas de rappeler que le rôle de la banque est avant tout de financer l’économie réelle. En ce sens, elle se doit d’investir dans l’innovation et la transformation digitale pour s’adapter aux nouvelles attentes des clients et permettre aux entrepreneurs de bénéficier des opportunités offertes par la digitalisation.

Au-delà des déclarations de bonnes intentions, les prises de paroles de ces dirigeants témoignent bien du fait que l’innovation et le digital sont au cœur des stratégies de transformation des géants bancaires européens. Serait-ce une simple opération de communication ? Rien n’est moins sûr. Il faut sans doute y voir une prise de conscience du besoin de retisser des liens de confiance avec leurs clients, en tête desquels les entrepreneurs demeurent premiers créateurs de richesses.