Quand The Game s'est lancé, en septembre 2014, il était le neuvième escape game parisien. Aujourd'hui, ils sont des dizaines à se partager le juteux marché de cette activité qui a débarqué en France il y a quelques années à peine. Mais The Game est l'un des rares à s'être imposé : après trois ans d'activité, l'entreprise est rentable et se paye même le luxe de financer ses investissements sur sa trésorerie.

Il faut dire que Maxime Biewers et Maxime David, les fondateurs, n'ont pas ménagé leurs efforts pour se démarquer de la (rude) concurrence. "Les scénarii, les décors, les mécanismes... tout est original, précise Maxime Biewers. Nous avons tout fait nous-mêmes, de la menuiserie au carrelage ! Notre besoin de financement est assez limité grâce à l'huile de coude." Les deux entrepreneurs s'inspirent des univers du théâtre et du cinéma, qu'ils affectionnent, pour façonner leurs salles et concocter des énigmes atypiques.

Une stratégie fondée sur les partenariats

Pour se développer, ils ont su saisir les opportunités. Quand le local à côté du leur s'est libéré, ils ont sauté sur l'occasion pour s'agrandir, leur permettant d'ouvrir six nouvelles salles d'un coup. Lorsqu'ils apprennent que la RATP se sépare de certaines de ses anciennes rames pour renouveler ses métros, ni une ni deux, ils nouent un accord avec l'entreprise publique pour en récupérer une... dont ils ramènent les pièces détachées dans leurs locaux du 5ème arrondissement pour recréer une rame de métro, grandeur nature.

The Game metro

Rien d'étonnant, donc, que leur dernière salle - la dixième - soit sur le thème de l'aviation. "Une grande compagnie aérienne française nous a permis de récupérer des pièces d'un A320", s'enthousiasme Maxime Biewers. C'est aussi un partenariat qui leur permet de proposer une salle sur le thème d'Assassin's Creed. "Nous avons été contacté par l'équipe en charge de la diversification chez Ubisoft, raconte Maxime Biewers. Ils souhaitaient faire vivre la marque en prolongeant l'expérience des jeux vidéo par un escape game dans la même thématique."

Des recrutements uniquement en CDI

L'équipe a elle aussi grandi : d'une dizaine de salariés en 2015 au moment de l'agrandissement, The Game est passé à 43 collaborateurs aujourd'hui. "Tous nos maîtres du jeu sont recrutés en CDI, même les temps partiels, précise fièrement Maxime Biewers. Nous ne proposons pas des salaires mirobolants mais nous ne voulons pas imposer la précarité à nos collaborateurs." Pour postuler, davantage que le CV ou la lettre de motivation, c'est la vidéo de simulation d'un briefing de mission d'escape game qui compte. La plupart des salariés sont des personnes en reconversion ou des étudiants dans le milieu artistique.

" Nous recherchons des gens dynamiques, souriants
et qui sauront gérer tous types de clients, des enfants aux seniors "

Maxime Biewers, cofondateur de The Game

Désormais managers en plus d'être chefs d'entreprise, les deux fondateurs mesurent le chemin parcouru depuis leurs débuts. "Aujourd'hui, notre taux de réservation est incroyable : les salles se réservent trois mois à l'avance, à l'ouverture même des créneaux." Ils se rappellent, à la fois goguenards et reconnaissants, de ce que leur avait dit l'un de leurs premiers investisseurs : "vous n'aurez pas un jour à vous en trois ans". The Game s'apprêtant à souffler sa troisième bougie, peut-être Maxime Biewers et Maxime David pourront-ils bientôt se reposer un peu. Et en profiter pour faire un escape game ?