Dans les métropoles, l'espace devient une denrée rare qui suscite toutes les convoitises. Après des années d'urbanisation effrénée, rares sont les mètres carrés en ville qui n'ont pas été construits, bétonnés, optimisés. Des barres d'habitation aux tours de bureaux, les villes s'étendent toujours plus loin, toujours plus haut. Et pourtant, il subsiste de curieux vides : quelque 150 000 hectares de friches étaient disponibles en France en 2015, soit des terrains non occupés ni entretenus qui pourraient être mieux utilisés. Pire : 4 millions de mètres carrés de bureaux sont vacants rien qu'en Île-de-France, dont 1 million n'ont pas été loués depuis au moins quatre ans (voir plus bas l'infographie initialement publiée sur NexityLab).

Pour tirer parti de ces espaces sans en condamner le développement futur est apparu un phénomène nouveau, l'urbanisme éphémère. Le domaine n'a pas échappé à l'ère de l'instantanéité et du temporaire, alors même que ses contraintes (réglementaires et administratives notamment) ne l'y prédisposaient pas. Pourtant, c'est aussi en raison de ces contraintes qu'il a pu si rapidement se développer. En effet, dans le cas d'un bâtiment abandonné par exemple, sa destruction et l'obtention des autorisations pour une nouvelle construction peuvent prendre plusieurs années. Sans parler du temps que prendrait la construction elle-même avant de pouvoir considérer le bâtiment comme utilisable. Trouver un usage au bâtiment pendant ces années d'attente permet d'optimiser l'usage de ces surfaces jusque-là inutiles.

Mieux réguler la demande

Lieux culturels, espaces de coworking, fermes urbaines... De nombreux projets se sont développés grâce à ces espaces atypiques et avec l'aval des métropoles qui y trouvent là aussi leur compte. En effet, l'urbanisme éphémère permet d'augmenter la surface urbaine utile dans des zones où le marché est particulièrement tendu, la demande étant très forte alors que l'offre reste faible. En outre, il redessine le visage de certains quartiers : un centre artistique renvoie une meilleure image qu'un local désaffecté. Mieux, ces projets augmentent l'attractivité du secteur dans lequel ils sont installés.