Confrontées à des discriminations toujours pesantes dans le monde du travail, les femmes affichent pourtant nettement leurs ambitions, plus ouvertement que leurs aînées. Pour beaucoup, l'entrepreneuriat serait donc la solution pour concilier autonomie, réussite et aspirations.
En France, 66% des femmes de moins de 30 ans affirment avoir de l'ambition, alors qu’elles ne sont plus que 45% passé la trentaine : aucune génération n’a compté autant d’"ambitieuses" que les millenials. C’est le principal enseignement de l’étude Viser haut, réalisée par OpinionWay pour la marque de prêt-à-porter Cache Cache, et destinée à comprendre et analyser le rapport des femmes à la réussite professionnelle.
La génération des "Ambitieuses"
Si les 25-30 ans affichent leurs ambitions sans complexe, elles ne pêchent pas par naïveté et sont parfaitement conscientes qu’elles vont devoir affronter des vents contraires : 79% d’entre elles pensent que l’ambition des femmes a encore du mal à être acceptée par la société aujourd’hui. Les "Ambitieuses" savent que leurs grands-mères ont dû se battre pour leurs droits, elles ont souvent vu leur mère faire face à des difficultés pour mener leur carrière et les femmes qui réussissent être critiquées sur le prix payé par leur famille :
" Plus un homme est puissant et a du succès,
plus il est aimé.
Plus une femme est puissante et réussit,
moins on l’aime "
Sheryl Sandberg, n°2 de Facebook
À moins de 30 ans, 63% des interrogées ont déjà le sentiment de rencontrer plus de freins dans leur ascension professionnelle que les hommes... notamment en matière salariale : en 2014, les femmes gagnaient encore 17,4% de moins que les hommes en équivalent temps plein, selon les chiffres présentés par l'Insee. Une moyenne qui cache de fortes disparités : plus on avance en âge et dans la hiérarchie, plus l’écart se creuse.
Du côté des millenials, la différence se limite encore aux 10% de "pure discrimination" repérés par l’Observatoire des inégalités en 2016. Avant même d’avoir atteint l’âge moyen auquel les femmes ont leur premier enfant - 28,5 ans en 2015, 29,5 ans chez les diplômées du supérieur - les jeunes femmes paient donc le prix des suspicions autour de leur éventuelle future maternité.
En plus des obstacles sociétaux qui se dressent sur leur route, les "Ambitieuses" sont les plus angoissées à l’idée de ne pas atteindre leurs objectifs : 54% des 25-30 ans se disent paralysées par la peur d’échouer, contre 46% des femmes de plus de 30 ans. La confiance en soi se renforce peut-être avec les années mais il est surtout possible que la peur de l’échec soit le revers de la médaille des ambitions de cette nouvelle génération : désormais maîtresses de leurs choix conjugaux, professionnels et parentaux, elles subissent, en retour une forte injonction de réussite.
L'entrepreneuriat, nouvelle frontière de la réussite ?
Les "Ambitieuses" sont seules, et contentes de l’être, dans le cockpit de leurs ambitions. 51% d’entre elles sont même prêtes à prendre complètement leur destin en main en créant leur entreprise, contre seulement 39% des femmes de plus de 30 ans. La satisfaction de ne devoir son succès qu’à soi-même et de voir ses idées prendre vie, et la possibilité de pouvoir moduler ses horaires semblent avoir eu raison des craintes de beaucoup de Françaises : en 2016, 40% des entreprises individuelles ont ainsi été créées par des femmes, alors que cette part était de 33% au début des années 2000. Et 35% des créatrices ont entre 25 et 35 ans... La France se situe d’ailleurs au 6e rang du classement du World Economic Forum pour les pays où il fait bon entreprendre lorsque l’on est une femme.
A relire : #Etude : Les femmes entrepreneures sont de plus en plus nombreuses
L’étude révèle que les femmes entrepreneures sont une source d’inspiration pour 40% des 25- 30 ans, avant les grandes figures du féminisme (35%). Mathilde Lacombe (Birchbox), Céline Lazorthes (Leetchi), Alice Zagury (The Family), Rania Belkahia (Afrimarket), Julia Bijaoui (Frichti), Hannah Oiknine (Babbler), Marjolaine Grondin (Jam), Raodath Aminou (Optimiam), Charlotte Cade (Selency)... Autant de noms qui font rêver les futures startuppeuses françaises. Et par rapport à leurs aînées, les 25-30 ans n’ont pas peur de taper aux portes, elles vont chercher des mentors : les millenials ont compris l’intérêt de l’accompagnement, du coaching, et des business angels.