Régulièrement, les murs du métro parisien se tapissent de publicités vantant les paysages de rêve de l’« Île de La Réunion, l'île intense ». A 11h de vol de la métropole, le département français de 850 000 habitants et 2 512 km2 (un quart de la Corse) est aussi intense que promis, particulièrement quand il s’agit de startups.

Tout l'enjeu de NxSE - prononcez Niksi - la semaine dernière, était de prouver que l'écosystème startups vibre au-delà de la métropole. Organisée par Digital Reunion et French Tech Réunion, cette conférence est plus que le rendez-vous annuel des startups, entreprises et collectivités, c’est aussi l’occasion d’exporter les startups réunionnaises et d’attirer les entreprises tech étrangères.

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« When North meets South East »

Comme son slogan le dit bien, NxSE veut réunir le Nord, surtout la France métropolitaine, et le Sud-est, surtout les îles de l’Océan indien et l’Afrique de l’est. Douze pays étaient représentés à travers les 78 intervenants et intervenantes qui se sont succédés du 3 au 5 octobre 2017 : La Réunion, Madagascar, Maurice, Tunisie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Kenya, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Luxembourg, et la France hexagonale et ultramarine.

« Ce grand marché régional qui englobe l’Afrique de l’est, austral et les régions insulaires de l’océan indien et qui totalise plus de 450 millions d’habitants est parfaitement à la portée de cette part de France attachée au continent africain » a rappelé Philippe Arnaud, président de Digital Reunion, lors de son discours de clôture.

Les startups réunionnaises testent souvent leurs produits et services sur l’île avant de les déployer rapidement à l’étranger vers la métropole ou l’Afrique. Digital Réunion espère aussi attirer les entreprises de l’extérieur. Selon Philippe Arnaud, plus de 50 accords commerciaux ont été mis en oeuvre suite à la première édition de NxSE et quatre entreprises métropolitaines ont choisi La Réunion comme point de rebond vers les marchés avoisinants.

Il faut dire que les avantages sont nombreux pour les entreprises métropolitaines. Pour compenser les faiblesses des économies insulaires, Digital Reunion a négocié plusieurs avantages – abattements sur les charges patronales, crédit impôt recherche et crédit impôt innovation renforcés – qui rendent l’île très compétitive. La main d'oeuvre y est très bien formée, localement (Simplon et Epitech viennent de se rajouter à l’offre locale) et à l’étranger, et la réglementation et l’infrastructure sont les mêmes qu’en Métropole. Dernier avantage non négligeable : le cadre de vie. Entre la mer, le temps clément et les montagnes luxuriantes, comment résister ?

La conférence était aussi l’occasion de réunion les trois hub French Tech africains que sont Cap Town, Abidjan et La Réunion  ainsi que la communauté de Nairobi qui prépare son dossier de candidature. Ces hubs de la Tech française ont travaillé principalement sur des objectifs de collaboration entre leurs écosystèmes, le financement de startups et la mise en réseau facilitant l’accès au marché africain des entreprises réunionnaises.

Des expertises très réunionnaises

Pour cette seconde édition, Digital Reunion avait proposé cinq thématiques qui s'appuyaient sur les points forts de l’île. Comme la santé, le fleuron du département. Suite au succès international de startups comme Logipren, Oscadi et Torksal, La Réunion a obtenu le label French Tech HealthTech en juillet dernier.

Sans oublier le tourisme, une spécialisation évidente pour la tech réunionnaise. L’île vibre en effet au rythme du tourisme avec près de 450 000 touristes chaque année selon l’Insee. Les trois autres thèmes choisis, l'industrie, l'agriculture et les smart cities, représentaient les forces et les challenges qui attendant La Réunion.

Créer un pont avec la Métropole

En dépit de la distance, et donc de son isolement, les startups de La Réunion commencent à faire parler d’elles en métropole. Depuis 2009, Outre-Mer Network (OMN) porte la voix des startups créées en Outre-mer ou en Métropole par des entrepreneurs et entrepreneuses de la diaspora ultramarine. C’est ce réseau en collaboration avec Digital Réunion qui a porté la candidature du département à la French Tech.  

Le 25 septembre, OMN marquait un autre grand coup avec le lancement du programme OMN de Station F. Le programme permet aux startups ultra-marines de bénéficier du Founders Program à moindre coût (150 euros par desk par mois, au lieu de 195 euros) et avec plus de flexibilité. Les startups peuvent en effet conserver leur siège chez eux et venir à Paris par intermittence.

"Les entrepreneurs de ces territoires (Guadeloupe, Martinique, La Réunion, NDLR) sont souvent mal servis et ignorés, bien qu'ils soient essentiels à l'entrepreneuriat, estime Roxanne Varza  dans un post Medium présentant le programme. Pour être franche, je n'ai jamais imaginé que de tels projets, aussi innovants, viendraient de ces territoires, - certains m'ont complètement bluffée." 

Une chose est sûre : on n’a pas fini d’entendre parler des startups volcaniques de La Réunion.