Lundi 22 janvier, Maddyness vous a proposé son premier Facebook Live sur le thème de la levée de fonds. Retrouvez les conseils de nos invités ainsi que les réponses de trois investisseurs aux questions que vous nous avez posées mais que nous n'avons pas eu le temps d'aborder lors du Live.

Comment les fonds détectent-ils les entrepreneurs prometteurs en région ?

Claire Godron, Directrice d’Investissement chez Partech Ventures - "Tous les fonds sont organisés pour sourcer et investir dans des startups qui se trouvent en région ou à l'étranger. Il y a des roadshows mais ça fonctionne aussi beaucoup, comme à Paris, par le réseau des investisseurs. On essaye de passer au moins une fois par an dans chacune des régions. Ça ne tombe pas toujours au moment où les startups locales cherchent de l'argent mais c'est un bon moyen de nouer un contact de manière informelle pour amorcer une discussion le jour où elles rentrent dans le vif du sujet."

Jean de la Rochebrochard, Partner chez Kima Ventures - "La majorité des deals proviennent du réseau de connaissances des investisseurs."

Léa Verdillon, Associate de Serena Capital - "Les fonds généralistes n’ont pour la plupart pas de focus géographique en France. On détecte les entrepreneurs en région de la même manière que les franciliens : événements, business angels, leveur de fonds, site internet, articles de média, études sectorielles, etc. Des initiatives sont aussi lancées notamment par France Digitale avec le France Digital Tour en région. Sinon, les fonds parisiens sont aussi souvent en contact avec des fonds plus régionaux qui partagent des dossiers directement, ou même la BPI."

Quel est le rôle des business angels aujourd'hui ? Ont-ils les mêmes exigences que les VC ?

Claire Godron - "Le rôle des business angels a toujours été double : apporter du capital sur les premiers tours de financement de la startup (avant ou en même temps que les fonds), et accompagner la société grâce à son expérience et à son réseau. Aujourd’hui, l’accès au capital en amorçage est plus facile qu’il y a quelques années, notamment parce qu’un certain nombre de fonds se sont montés sur ce créneau. Il est donc d’autant plus important de choisir ses business angels pour ce qu’ils peuvent apporter à la startup. La pratique de business angel s’est professionnalisée ces dernières années, tirée vers le haut par des investisseurs comme Xavier Niel, PKM, etc. Les BAs se sont aussi rapprochés des fonds. Ce faisant, leurs critères et les nôtres deviennent de plus en plus similaires. Mais il existe une différence fondamentale : les BAs investissent leur propre argent ! La décision et la responsabilité d’investir ne repose que sur leurs propres épaules, et ils peuvent donc faire des paris que ne ferait pas un fonds."
 
Jean de la Rochebrochard - "Les business angels aident l'entrepreneur à y voir clair, partagent leur expérience de manière intelligible et ouvrent leur réseau. Les VC et les business angels n’ont pas les mêmes exigences. Un VC fait plus attention à son pourcentage de détention et à ses droits, un business angel est plus souple."
 
Léa Verdillon - "Le business angel est présent aux débuts de la vie d’une société pour 3 principales raisons : le cash, l'expertise sectorielle et le réseau. Son rôle peut être assez large : des BAs très présents et impliqués dans l’écosystème qui vont aider les entrepreneurs dès le début de leur société, à ceux qui voudront juste faire un investissement purement financier. L’entrepreneur doit être conscient dès le début à quel type de BA il s’adresse. Par ailleurs, il faut être vigilant au niveau du pacte d’actionnaires sur les attentes des business angels. D’un cas comme dans l’autre, les exigences financières sont généralement différentes de celles des VC : un horizon de liquidité plus restreint et une attente de performance peut être moins exigeante. Par ailleurs, les VC sont généralement rassurés quand des business angels ont déjà fait confiance à l’entrepreneur."

Peut-on lever sans client ? Auprès de qui ?

Claire Godron - "On peut toujours trouver des BAs prêts à investir très tôt dans une startup parce qu’ils ont une appétence particulière pour un marché, ou parce qu’ils connaissent l’équipe fondatrice. Pour le reste des investisseurs, la réponse à la question dépend du type de business de la startup. Pour des marketplaces ou des startups du  retail, la plupart des investisseurs professionnels vont attendre une traction commerciale pour investir ; pareil pour un modèle SaaS ou de l'enterprise software ; un VC peut en revanche investir sans client payant dans des business d'audience (gaming, social media, dating...) si les métriques de croissance et d'usage sont exceptionnelles ; tout comme dans des startups DeepTech, Biotech ou Medtech si la supériorité de la techno est avérée."

Jean de la Rochebrochard - "Lever sans client quand on n'en est pas à sa première boîte c'est possible. Ou lorsqu'on a des utilisateurs mais pas encore de clients ou alors un prototype fonctionnel sur un marché pour lequel les investisseurs ont de l'appétence. Des fonds, des business angels peuvent être intéressés : du capital, il y en a plein !

Léa Verdillon - "Il est possible de lever des fonds sans client, cela dépend du produit ou de la technologie (forte barrière technologique en construction par exemple), de l’usage et du montant recherché. Il ne faut pas oublier que le montant levé est corrélé à la valorisation de la société et que valoriser une société qui n’a pas de chiffre d’affaires, c’est compliqué. Les fonds se basent alors sur l’équipe de fondateurs, la technologie développée, la taille du marché adressée et d’autres critères plus spécifiques (nombre de users si c’est une marketplace ou une application par exemple). Les business angels qui investissent généralement plus en amont que les fonds d’investissement peuvent participer à la levée de fonds d’une société sans client. L’important ceci dit n’est pas forcément d’avoir des clients mais de montrer un appétit du marché pour la solution : des POC par exemple ou des intérêts marqués de potentiels clients."

Et en bonus

Si vous aviez loupé le premier Live avec Claire Godron, Directrice d’Investissement chez Partech Ventures, Jean-Charles Samuelian, cofondateur et CEO de la startup Alan et Sixte de Vauplane, cofondateur et CEO de la startup Nestor, le voici : 

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