“Lui c’est Nicolas. Nicolas a une super idée, mais malheureusement il n’a pas les moyens pour en parler et attirer les foules.”  On est bien d’accord, cela ne donne pas envie de lire la suite de l’article.

Une voix off entrainante, une musique d'ascenseur améliorée, et un petit bonhomme animé qui nous sourit maladroitement. Les vidéos en motion design sont quasiment toutes construites de la même façon. Il faut bien se rendre à l’évidence : on n’est pas scotché derrière l’écran à se demander comment Nicolas va faire pour s’en sortir. Pourtant de nombreuses startups ont toujours recours à ce format pour présenter leur boite. Décryptage.

Un format trop vu, et qui perd de son efficacité

Pour faire passer son message, une vidéo est un combo savant d’images et de sons. Sur les réseaux sociaux, le son sera coupé, il reste donc l’image. Si vous présentez votre entreprise, vous voulez montrer aux autres votre aspérité, votre truc en plus. Utiliser les mêmes graphismes, la même voix off et la même musique que les autres envoie le message inverse. Est-ce que vous communiqueriez sur votre marque de prêt à porter avec des visuels H&M ? Non. Car si votre vidéo est si peu chère, c’est que ces ressources sont mutualisées avec d’autres startups. Sans aspérité graphique, on passe à côté de tout l’impact potentiel de la vidéo.

Et on ne va pas se mentir, il y a aussi une question de subjectivité. L’animation c’est vu et revu, et sauf quelques exceptions (on pense notamment à la dernière pub Blablacar, mais qui elle, est faite sur mesure),  c'est pas beau - pardon - je ne trouve ça pas beau.

Un vestige du parcours de l’entrepreneur

Au delà de la forme, le problème est plus fondamental et concerne le fond. La plupart des vidéos en motion design sont un peu toutes écrites de la même manière. Une “pain”, une solution innovante et révolutionnaire, un call to action final. Comment expliquer cela ?

L’entrepreneur est avant tout un individu, soumis à des stimuli extérieurs et pour les plus chanceux, et bon nombre des lecteurs de Maddyness, évoluant au sein d’incubateurs ou de cercles plus ou moins fermés d’autres entrepreneurs. Alors quand un co-incubé utilise une solution, on a envie de faire la même chose. Aussi, quand on entreprend, on prend déjà un gros risque, alors autant limiter la casse et opter pour la facilité.

Et puis, on nous apprend à pitcher à nos investisseurs, à montrer la scalabilité, à faire court et rapide. Pour les accrocher, on est formé à parler de “pain” et on veut montrer comme notre produit peut changer le monde. Ceci explique cela.

Pourtant, la vidéo est un média bien particulier. Particulier et efficace pour faire passer un message : la TV est bien plus populaire que les journaux papiers. Quand on commence, on n’a pas les moyens d’aller en TV, la vidéo digitale s’impose donc naturellement. Mais faire une vidéo pour faire une vidéo, c’est dommage.

La vidéo, c’est pas automatique

Reprenons. Vous êtes entrepreneur et vous voulez communiquer sur votre société. Vous savez que la vidéo digitale peut vous aider et vous avez envie de faire autre chose qu’un pitch animé.

Mais est-ce que vous avez vraiment besoin d’une vidéo ? C’est vrai ça fait plaisir à l’égo de montrer à ses amis de collège que ça y est, on a franchi le cap, on a lâché notre ancien boulot dans une tour de la Défense et qu’on a trouvé un sens à sa vie. Mais est-ce que ça fait sens pour votre business ?

Je me rappelle dans mes premières années d’entrepreneuriat d’un conseil reçu lors de mon passage à l’incubateur HEC. On nous avait dit que cela ne devait pas être automatique que de mettre sa pub en 4 par 3 dans le métro. Cela m’avait marqué. Avec la vidéo c’est pareil.

Si finalement, vous souhaitez donner beaucoup d’informations techniques sur votre nouvelle technologie SaaS par exemple, la vidéo n’est sûrement pas le bon média. Vous avez votre site web pour cela.

Comment faire sortir son produit ou son service du lot en vidéo ?

Penser la vidéo comme un outil marketing.

Prenons le cas où la vidéo de présentation fait sens pour vous en termes de business. Il faut la percevoir comme un outil marketing à part entière. Qui dit outil, dit investissement. On doit donc chiffrer les retours attendus, et débloquer un budget pour la conception et la diffusion de la vidéo en fonction. Et ce budget va directement en impacter la forme et le fond.

Il faut ensuite se demander à quel moment de votre tunnel d’acquisition vous bloquez et à quel moment la vidéo peut vous apporter le plus de revenus. Est-ce vraiment en terme de notoriété ? Peut-être est-ce plus en acquisition ? Ou bien en conversion ?

Votre vidéo doit impacter.

Vous ne choisissez pas les mots clés de votre site web au hasard. En vidéo c’est pareil.

Sur le fond, on a parfois trop le nez dans le guidon. On veut faire passer des messages, mais est-ce bien les messages qui intéressent le public cible ? Vous n’avez peut-être pas l’argent de faire un focus groupe, alors interrogez vos équipes commerciales, identifiez les freins de vente, analysez les demandes sur les forums de votre secteur, etc.

Sur la forme, il faut faire un travail de recherche qui permettra d’activer tous les leviers nécessaires à la performance de la vidéo. Quels sont les formats qui semblent le plus performer par rapport à votre objectif et à votre cible ? Carré ? Vertical ? Avec logo apparent ? Discret ? Avec des comédiens ? Très travaillé ou au contraire spontané ? Faites un benchmark, identifiez les leviers de performance et hiérarchisez les formats idéaux.

Alors seulement vous serez prêts pour vous lancer et faire votre vidéo. Mais ce n’est pas tout.

Si leviers de succès sont nécessaires oui, ils ne sont pas suffisants. On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Avec le design de votre newsletter, vous testez, vous regardez le taux d’ouverture, de clic, de conversion sur votre site. Avec la vidéo c’est pareil, il faut tester et tracker, pour optimiser sans cesse la performance de vos contenus.

Retroussez vous les manches, ou bien faites vous accompagner.

Vous l’avez compris, c’est du boulot. Et il y a toute une chaîne de valeur à couvrir : la stratégie, les idées créatives, les compétences techniques.

Si vous n’avez pas le temps ou les ressources en interne vous pourrez faire appel à un partenaire. Attention à ne pas choisir le pote de pote qui se trouve être le deuxième moins cher dans votre rapide benchmark. Choisissez un partenaire qui sait de quoi il parle et qui aura la flexibilité nécessaire pour avancer avec vous.

Maintenant que vous avez quelques clés pour vous lancer, j’espère que vous y voyez plus clair et que vous vous rendez compte qu’il y a sans doute mieux qu’une solution d’animation pseudo-personnalisée pour votre objectif business.