Une épée de Damoclès menaçait Le Plombier Gentleman depuis l'annonce de l'arrêt du service Autolib. La startup, qui utilisait les bornes du service via un système d'abonnement pour recharger ses deux camionnettes électriques, a vu avec angoisse le nombre de stations en activité se réduire durant le mois d'agonie qui s'est étiré entre l'annonce de l'arrêt du service et sa concrétisation définitive. Mais le 31 juillet, la sentence est tombée : impossible dorénavant pour la jeune pousse d'utiliser les bornes qui n'ont pourtant pas été démantelées.

Durant un mois, la startup est passée de l'espoir qu'un accord serait trouvé pour que les bornes continuent de fonctionner à l'angoisse face à la recherche de solutions alternatives. "Nous avons essayé de contacter la Mairie de Paris, Autolib, Bolloré, déplore Antoine Durand, cofondateur du Plombier Gentleman. Le seul contact que nous avons eu a été avec le conseiller de Christophe Najdovski (adjoint à la Mairie de Paris en charge des transports, de la voirie, des déplacements et de l'espace public, NDLR) qui nous a redirigé vers les bornes Belib..."

Des alternatives peu séduisantes

Problème : le réseau directement géré par la Mairie ne compte qu'une cinquantaine de bornes dans la capitale, contre plusieurs milliers pour celles d'Autolib. Et la promesse de l'installation de quelques dizaines de bornes supplémentaires en septembre ne convainc pas Antoine Durand : "Nous utilisons nos camionnettes pour des chantiers, ce qui implique que nos plombiers transportent du matériel lourd et encombrant. Nous ne pouvons pas leur demander ni de passer leur temps à attendre qu'une borne soit libre pour recharger leur véhicule, ni de marcher des kilomètres avec leur outillage pour rejoindre le lieu d'intervention. Ils vont tous finir en arrêt maladie !"

L'entrepreneur s'est également penché sur d'autres solutions, comme l'installation de prises de recharge dans les parkings des cinq plombiers salariés ou l'achat de véhicules thermiques. Mais soit les délais sont trop longs (six mois pour la première solution), soit le coût est trop important. En effet, la startup ayant bénéficié d'un prêt longue durée sur 24 mois pour ses deux véhicules et d'un bonus écologique du fait de ce leasing, il lui faudrait débourser au minimum 34.000 euros pour racheter la durée restante du prêt (10.000 euros), acheter deux véhicules d'occasion (10 .000 euros) et rembourser le bonus écologique qui ne peut plus être débloqué puisque le prêt a été arrêté avant la fin de la période obligatoire (14.000 euros).

La startup peut-elle survivre en s'acquittant d'une telle somme sans l'avoir provisionnée ? "Notre priorité est de payer nos salariés, martèle Antoine Durand. Cette somme correspond au salaire des fondateurs sur l'année, donc cela voudrait dire que, pour continuer notre activité, nous ne pourrons pas nous payer durant un an." Moins problématique financièrement mais tout aussi préjudiciable en termes d'image de marque, la solution implique d'abandonner le créneau écolo choisi par la startup.

Interpeller Anne Hidalgo

Pour arriver à se faire entendre et surtout parvenir à "avoir un minimum de visibilité" sur son activité, la startup n'a pas hésité à interpeller Anne Hidalgo sur Facebook, en publiant ce jeudi 2 août une lettre ouverte à la Maire de Paris. Dans cette missive, les fondateurs de la startup croient avoir trouvé la solution à leur problème - et à celui de tous les particuliers qui ont investi dans un véhicule électrique en comptant sur les bornes Autolib : la continuité de l'alimentation électrique des bornes par la Mairie de Paris. "Le service d'exploitation appartient à Autolib mais les bornes et leur alimentation en électricité dépendent de la Mairie de Paris", expliquent les fondateurs, qui ont précisé à Maddyness qu'il était "tout à fait possible de laisser les bornes alimentées sans système d'exploitation". Pour peu que la Mairie soit prête à prendre à sa charge l'alimentation électrique dans l'attente d'une solution pérenne...

Contacté par Maddyness, le service Autolib nous a indiqué que les bornes "vont revenir aux communes, à elles de décider ce qu’elles souhaitent en faire". La Mairie de Paris n'avait pas, à l'heure de la publication de cet article, répondu à nos sollicitations. Le Plombier Gentleman, lui, continue à faire chauffer ses neurones pour trouver une solution, à défaut de faire chauffer les batteries de ses véhicules.