C'est un premier pas dans l'univers feutré de l'investissement institutionnel que vient de faire Anaxago. La plateforme de crowdfunding a obtenu l'agrément de l'AMF pour lancer une société de gestion indépendante, Anaxago Capital, accessible aux particuliers investisseurs mais aussi aux family offices. Un nouvel outil au service de ses clients qui leur permet de "mieux maîtriser les risques", selon Joachim Dupont, cofondateur de la structure qui prend la tête de cette nouvelle entité.

La diversification d'Anaxago s'est faite de manière expresse : l'idée de lancer des fonds d'investissement a germé fin 2017, le dossier a été déposé en mars auprès de l'AMF et une première validation de principe est intervenue en juin, avant que l'institution ne donne son feu vert définitif fin septembre. "Nous avions géré plus de 100 millions d'euros d'investissements à travers 188 opérations sur Anaxago", rappelle l'entrepreneur pour expliquer la confiance de l'AMF.

Des tickets jusqu'à 10 millions d'euros

L'idée est de pouvoir donner une nouvelle possibilité aux investisseurs qui souhaitent mettre des tickets supérieurs à 2,5 millions d'euros, le plafond actuel du crowdequity, et de donner l'opportunité aux porteurs de projet de lever des montants plus importants. "Nous allons pouvoir porter des projets qui ont beaucoup plus d'ampleur, en travaillant notamment avec les corporates du secteur", se réjouit Caroline Lamaud, cofondatrice d'Anaxago.

L'ambition du fonds est de lever 200 millions d'euros d'ici 2020 pour ses différents véhicules d'investissement. Le premier est exclusivement dédié au private equity immobilier. "Le secteur représente 70% de notre activité chez Anaxago, souligne Joachim Dupont. Les investisseurs pourront ainsi coinvestir aux côtés d'Anaxago. Nous avons déjà plusieurs projets en vue, pour plus d'une vingtaine de millions d'euros, ce qui nous laisse présager un cycle d'investissement assez court, avec près de la totalité des fonds disponibles investis en un an."

L'immobilier et l'innovation en ligne de mire

Un autre véhicule de venture capital centré sur l'innovation est d'ores et déjà prévu. "Nous voulons aller chercher des startups en développement, notamment à l'international, et donner la possibilité à des investisseurs étrangers de se positionner en France", s'enthousiasme Caroline Lamaud. Un troisième véhicule centré sur la dette privée devrait également suivre. Le fonds donne ainsi l'opportunité à Anaxago de s'affranchir de certaines réglementations liées aux plateformes de crowdfunding et "permettre à tout le monde d'investir dans l'innovation".

S'étant toujours positionné en tiers de confiance, Anaxago fait ainsi un pas de plus vers la gestion patrimoniale. "Nous aidons nos clients à gérer leur argent, via des produits que nous sourçons et structurons en interne, développe l'entrepreneure. Mais nous nous adressons à un public qui n'est pas reçu par les banques privées. Nous ne marchons pas sur leurs plate-bandes, nous travaillons de façon complémentaire."