22 décembre 2018
22 décembre 2018
Temps de lecture : 4 minutes
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Comment ne pas aller droit dans le mur dans les prochaines années ?

Sur quoi se base aujourd’hui la mobilité ? Quelle est la place des acteurs historiques dans l’innovation liée aux transports ? Que faire pour répondre au mieux aux enjeux liés à l’augmentation de la population et la préservation de la planète ?
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Article initialement publié en février 2018

"Il y a 20 ans, la mobilité c’était la légèreté, la fluidité… Aujourd’hui c’est les embouteillages, l’enfer, la pollution…", s’amusait à rappeler Karima Delli, députée européenne, sur la scène de la Maddy Keynote 2018. Celle-ci, qui lançait début 2018 l’European Startup Prize for Mobility, un prix ayant pour vocation de montrer que l’Europe est un terrain favorable à l'expérimentation des startups de la mobilité, a martelé à quel point il était urgent d'agir en faveur de notre planète, et indirectement de nos citoyens.

Selon elle, le transport est le seul secteur qui n'a pas réduit ses émissions, alors même que la pollution est considérée comme la maladie du 21e siècle. Pourtant, tous les acteurs de la mobilité ont la volonté de participer à la transition écologique, "mais ça n'est pas suffisant", insiste la députée européenne, pour qui "la mobilité du futur, c’est une mobilité durable, inclusive, sûre et connectée".

Un avis que partageait Philippe Montantême, Directeur Stratégie Marketing Recherche chez Total. Lors de son allocution sur la scène de la Maddy Keynote, celui-ci expliquait ainsi que 60% du pétrole est encore aujourd'hui destiné à la mobilité, tandis que 90% de la mobilité est basée sur le pétrole : "on n'a pas réussi à le remplacer par quelque chose d’économiquement viable, la dépendance de la mobilité face au pétrole est un vrai sujet". D'autant plus lorsqu'on sait que le parc automobile roulant français a été multiplié par quatre depuis 1960, et qu'on devrait compter 1,8 milliard de voitures en circulation sur Terre d'ici 2040, en particulier à cause de la multiplication des achats de véhicules en Inde et en Chine : "ce sont des gens qui accèdent à la capacité d’avoir une voiture, qui représente une aisance financière, un certain statut social", précise-t-il.

Mais que faire alors pour remédier à cette situation ?

Moins polluer, d'abord, en passant aux voitures électriques. Alors qu'on compte à ce jour 3 millions de voitures électriques en circulation dans le monde (0,3% du parc automobile), celles-ci devraient représenter un tiers des véhicules d'ici les 20 prochaines années : "ça peut paraitre peu, mais c’est déjà le scénario maximum des constructeurs automobiles", explique Philippe Montantême, pour qui la voiture de demain sera "autonome, connectée, électrique et partagée".

Une amélioration qu'on atteindra grâce aux progrès technologiques, certes, mais surtout grâce au changement de mentalités : "si on veut réduire les problématiques liées au transport, il va déjà falloir infléchir le nombre de voitures sur terre. Pour cela, il faut passer du modèle de propriété à un modèle d’usage, ne plus considérer qu’on est propriétaire de sa voiture mais prêt à être simplement utilisateur", confie-t-il.

Pour Philippe Montantême, la question n'est ainsi pas de savoir si la voiture de demain sera connectée ou autonome, mais plutôt comment celles-ci accompagneront le changement climatique : "quel que soient les virages technologiques que la mobilité va prendre, il faut travailler sur l’efficacité pour maintenant l’énergie à un niveau raisonnable, il faut que les voitures consomment deux fois moins". 

Et pour cela, notre monde va avoir besoin de toutes les énergies disponibles. Alors entre les biocarburants, l'électricité, le gaz, le solaire ou l'hydrogène, les différents acteurs de la mobilité devront faire un choix, avec un seul objectif en tête : créer des transports "abordables, disponibles et propres", conclut Philippe Montantême.