Sale temps pour Remade. La startup, tête de pont de Remade Group, connaît une mauvaise passe financière. Placée en redressement judiciaire, son sort doit être scellé ce jeudi : quatre offres de reprise ont été déposées et doivent être étudiées par le tribunal de commerce de Rouen. L’avenir des 330 salariés en dépend. « Il y a évidemment une vraie inquiétude. Les salariés craignent que le redressement judiciaire ne soit converti en liquidation », a déclaré Sophia Garcia, secrétaire CFDT du comité social et économique. Une inquiétude d’autant plus justifiée que l’entreprise est également soupçonnée de faux bilan et fausses factures…
Quatre offres ont été déposées. L’ancien PDG et fondateur de Remade Group Matthieu Millet, qui a quitté la présidence en juin, reprendrait 143 salariés, la société SFIT 20, l’entreprise Takara 32 et la société Recommerce 15, a précisé la représentante syndicale. « Aucune n’est recevable en l’état. L’espoir le plus concret est que le tribunal considère qu’au regard du sérieux de trois des candidats, il prolonge la période d’observation pour leur permettre d’améliorer leurs offres », a ajouté Thomas Hollande, l’avocat du CSE, pour qui l’offre de Matthieu Millet est « ridicule ».
En effet, « les différents repreneurs mettraient entre 200 000 et 1,2 million d’euros en prix de cession sur la table pour récupérer notamment le stock de 25 000 à 33 000 iPhone reconditionnés prêts à être commercialisés », a ajouté un porte-parole de la direction interrogé par l’AFP. Un montant ridicule au regard des ambitions que portait la société il y a encore peu : après une levée de fonds de 17 millions d’euros en 2017, elle avait emprunté, en août 2018, 125 millions d’euros auprès de LGT European Capital, Idinvest Partners et Swen Capital Partners pour financer son internationalisation. En juin, un communiqué de presse annonçait même que ces mêmes « partenaires financiers » remettaient 50 millions d’euros sur la table pour « financer la croissance future« .
« Remade Group entame aujourd’hui une nouvelle phase de croissance. Nous allons capitaliser sur notre modèle d’excellence industrielle pour saisir les opportunités de ce marché mais toujours dans une démarche de qualité. Notre savoir-faire et notre industrie Made in France sont des arguments clés pour la confiance des distributeurs et la sécurité du consommateur », s’enflammait alors François Dehaine, président du groupe. Moins de deux mois plus tard, l’entreprise avait du mal à payer les salaires.
La startup est victime d’une hyper concurrence sur son coeur d’activité : le reconditionnement de smartphones. Ses concurrents, Recommerce et Back Market, se sont armés financièrement pour la bataille grâce à des levées de respectivement 50 et 41 millions d’euros en février et juin 2018. Le destin est d’autant plus cruel pour Remade que c’était elle qui, au printemps 2017, avait sauvé de la faillite la startup Save. Qui, cette fois, sauvera Remade ?