Inutile de se le cacher, les femmes rament toujours à trouver les finances nécessaires pour monter leur entreprise dans la tech. « Les investisseurs commencent à en prendre conscience mais les inégalités liées au financement des startups fondées par des femmes restent toujours trop fortes. En Europe, 92% des fonds ont été investis dans des startups fondées par des hommes. Le secteur de la tech doit être plus mixte et inclusif” constate Julie Ranty, directrice de VivaTech.
Même constat du côté de la Société Générale : “en France, une femme a 30% de chance en moins de lever des fonds. Il faut saisir chaque occasion pour favoriser l’accès au financement des projets portés par les femmes. C’est un enjeu de diversité et aussi de performance dans le monde de la tech » explique Claire Calmejane, directrice de l’innovation du groupe.
En effet, plusieurs études montrent que la mixité et l’inclusion sont positifs pour les entreprises. Dans un rapport publié par l’Organisation internationale du travail en 2019, 57,4% des entreprises interrogées disent que la mixité améliore les performances globales de la société et 56,8% qu’elle permet une meilleure rétention des talents.
Une prise de conscience à concrétiser
Pas besoin, pour autant, d’être totalement négatif. La signature de la Charte SISTA par 56 fonds d’investissements confirme l’émergence d’une volonté de diversification des financements.
“De nombreux biais prédominent encore. 65% des questions posées aux entrepreneures par des VCs sont orientées vers le préventif. On leur demande comment elles réagiront à telle ou telle difficulté alors qu’on interroge les hommes sur ce qu’ils feront des sommes investies” explique Caroline Ramade, fondatrice de 50inTech, une plateforme de mise en relation entre entrepreneurs et VCs. Pour combattre ces biais, il « faut que les fonds intègrent davantage de femmes dans leurs équipes, en tant que Partner, pas seulement comme Associate ». Pour qu’un véritable changement de comportement s’opère, « et que des deals plus inclusifs et diversifiés soient opérés, un point de bascule a été établi à 30% de femmes VCs » poursuit la fondatrice de 50inTech.
La brique à laquelle s’attaque le Female Founder Challenge est d’abord celle du passage de la prise de conscience à la mise en mouvement. “Les fonds se plaignent encore beaucoup de ne pas avoir de pipeline” alors que 15% des startups européennes sont fondées ou cofondées par des femmes. Le concours mis en place par VivaTech et 50inTech vise surtout à mettre “en relation et rapprocher” les VCs et les entrepreneures.