On ne vous apprend rien, le monde de l'innovation est chahuté lui aussi par la crise sanitaire et économique que nous traversons depuis le début de l'année. Si de nombreux acteurs de l’écosystème ont décidé, pour des raisons tout à fait compréhensibles, de remettre à plus tard l’organisation de leurs appels à projets, L’EIT Digital a quant à lui décidé de conserver le lancement de l’appel à candidatures de l’EIT Digital Challenge, leur concours dédié aux scales up deep tech européennes, ouvert aux entrepreneurs jusqu’au 7 juin prochain. 

Un défi de taille, mais nécessaire, pour Chahab Nastar, Chief Innovation Officer de l’EIT Digital. “Ce contexte nécessite de s’avoir s’adapter au changement, et c’est une compétence clé que nous voulons aider les startups à développer”.

Un prix 2020 simplifié 

Si le challenge vise toujours les startups scale up de la deep tech numérique, les règles du jeu ont quelque peu changé cette année. L’an passé, on ne comptait pas moins de 25 finalistes dont deux lauréats parmi cinq catégories différentes. Cette année, le prix est toujours articulé autour de 5 thématiques clés : digital tech, digital cities, digital industry, digital wellbeing et digital finance. Mais la sélection est aujourd'hui simplifiée : vingt finalistes seront choisis toutes catégories confondues pour élire cinq grands lauréats finaux. Pour être éligibles, les startups doivent bénéficier d’un revenu annuel d’au moins 300 000 euros, ou avoir réussi à lever à minima deux millions d’euros.

Afin de soutenir encore plus les startups, le “cash prize” est également revu à la hausse pour le haut du podium (100 000€ cette année contre 50 000€ l’année dernière). De même, les cinq lauréats bénéficieront toujours d’un accès prioritaire au programme d’accélération de l’EIT Digital, et d’un accompagnement sur-mesure d’un an d’une valeur de 50 000€. Les quinze autres finalistes pourront accéder de manière prioritaire à l’accélérateur de l’EIT Digital, qui a accompagné plus de 300 startups depuis sa création en 2012. Au programme : l’équipe de l’accélérateur se met au service des startups, avec à la clé l’identification et l’approche des investisseurs Européens pour lever des fonds, ainsi que des introduction business vers des prospects Européens pour vendre son produit, avantages de poids pour booster sa croissance.

Un maillage européen puissant

Les vingt finalistes pourront ainsi bénéficier d’un accès facilité aux 300 partenaires de l’EIT Digital à travers l’Europe, mêlant grands groupes industriels (Nokia, Siemens, SAP, Philips, etc) mais aussi universités, centres de recherches, et bien sûr, les autres startups. Le maillage dense leur offrira par ailleurs des accès rapides à des clients et investisseurs très ciblés sur chaque territoire, grâce à la présence de pôles dédiés dans 17 pays de l’Union Européenne et au Royaume-Uni.

Lucas Le Bell, CEO de la startup CerbAir, lauréate 2019, témoigne : “d’un point de vue étatique, les experts de l’EIT Digital  ont même été capables de mettre en face nous des ministères de chaque pays, cibles importantes de notre activité”. L’entreprise française créée il y a 5 ans et spécialiste dans la lutte anti-drones, vise à plus de 75% une clientèle institutionnelle (ministères de la défense, de l'intérieur, de la justice, aéroports internationaux, etc.). Un réseau très rapidement rendu accessible par l’EIT Digital dans différents pays européens, notamment grâce à un coach dédié, acteur et point de contact privilégié avec les différents pôles de chaque pays durant les 12 mois de l’accompagnement.

En l’espace de 6 mois, l’EIT Digital a non seulement offert à la startup une vaste retombée média, un soutien financier, mais aussi des opportunités business dans de nombreux pays d’Europe. Grâce à ce soutien, CerbAir, qui souhaite devenir le champion européen de la lutte anti-drones, va pouvoir révéler en juin sa toute prochaine innovation, baptisée Chimera, une solution portable grâce à un volet technologique amélioré pour les opérateurs spéciaux de la lutte anti-drones.

S’adapter pour surmonter la crise

Cette édition du challenge représente néanmoins un défi bien particulier pour les équipes de l’EIT Digital : cette année, il faut accompagner les startups à travers une crise à échelle mondiale. Pour cela, l’accompagnement a été repensé, explique Chahab Nastar : “Nous allons redoubler d’efforts pour aider les sociétés à pivoter si besoin, aider les startups le mieux possible d’un point de vue financier, et leur expliquer les aides disponibles pour les startups en fonction des pays dans lesquelles elles se trouvent”.

La crise, selon le CIO, ne touchera pas toutes les sociétés de la même manière : l’enjeu est donc de comprendre comment accompagner au mieux chaque cas particulier.

Mais ce n’est pas pour autant que la période est entièrement stérile aux opportunités : “il existe un créneau à prendre pour les startups qui sont capables de s’adapter à la crise et au changement qui s’annonce, et cela peut-être dans tous les domaines” souligne Chahab Nastar. “ L’Europe a une une carte à jouer dans la deeptech, grâce à une formation solide, une culture entrepreneurial établi et un art de vivre attractif”. Et les startups françaises ont bien entendu toute leur chance dans ce défi, faisant régulièrement partie des championnes du challenge, à l’image de CerbAir.

Alors, pour reprendre les mots de Lucas Le Bell, “ne soyez pas timides, lancez-vous” !

Maddyness, partenaire média de l'EIT Digital