14 mai 2020
14 mai 2020
Temps de lecture : 4 minutes
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Recrutements dans la tech : l’offre diminue et peinera à remonter

Prises dans l’ouragan du coronavirus, les entreprises ont-elles poursuivi leurs recrutements dans le secteur de la tech ? C’est la question à laquelle répond Talent.io à travers une enquête menée auprès de ses clients et sur les sites d’offres d’emploi.
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Wengang Zhai

L’impact du Covid-19 sur le recrutement ne s’est pas fait attendre. À la date du 20 avril, 59% des 823 recruteurs ayant répondu à l’enquête de Talent.io reconnaissaient que la crise avait un impact significatif sur les recrutements. Pour 21% d’entre eux, il s’agissait seulement d’une limitation des embauches aux besoins essentiels mais 38% parlaient clairement d’une mise en pause voire d’un abandon des nouvelles embauches. A contrario, plus d’un tiers des interrogés indiquaient n’avoir remarqué aucun changement majeur depuis le début du mois de mars. 

Les offres d’emploi à la diète

Sur les sites d’offres d’emploi, le constat est encore plus frappant. Dès le début du mois de mars et l’arrivée des premiers cas de contamination au Covid-19 en Europe, le nombre d’entreprises cherchant à recruter a chuté de moitié. Cela s’explique par la crainte d’un  confinement dont l’orchestration en Chine depuis déjà deux mois avait montré son impact sur l’économie du pays.

La fermeture de nombreux commerces mi-mars a renforcé le sentiment d’incertitude des dirigeant·e·s et obligé les entreprises à pourvoir à l’urgence et à penser à court terme. La mise en place du télétravail, du chômage partiel et des stratégies de conservation de trésorerie a capté une grande partie de l’énergie des équipes. Le recrutement n’était alors plus la priorité numéro un et ne semble toujours pas l’être. Malgré une augmentation des publications d'offres la semaine du 30 mars, une seconde vague de diminution a pris la suite. Si le volume d’offres augmente à nouveau, il est loin d’être revenu au niveau d’avant crise et peine à se stabiliser.

Aucun des pays européens interrogés dans le cadre de l’étude ne semble échapper au phénomène.  L’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique et les Pays-Bas connaissent, eux aussi, une diminution des offres de 45 à 70%.

Moins d’offres, moins d’entretiens, moins de candidats 

Les propositions d’entretiens envers les candidats de la tech ont, elles aussi, fondu comme neige au soleil par rapport au début de l’année. Elles ont chuté de 60% la première semaine de mars et ont sombré à -70% après trois semaines de confinement. Ce qui est assez logique puisque le nombre d’entreprises qui recrutent a lui aussi fortement diminué. Malgré ce ralentissement, Nicolas Meunier souligne tout de même qu’un “profil tech qui pose une annonce sur notre site reçoit en moyenne quatre propositions en quelques jours” , ce qui n’est pas rien mais représente tout de même une baisse des sollicitations de 50% comparée à une période “normale”. 

L'incertitude touche les entreprises mais aussi les salarié·e·s. “Au mois d’avril, chacun a tenté de s’adapter et de s’organiser, ce n’était pas un mois pour candidater. Les salariés qui désiraient quitter leur emploi ont aussi décidé d’attendre la fin de la crise avant de se lancer dans la recherche d’un nouveau poste” , souligne Nicolas Meunier. La période d’essai et l’incertitude qui l’entoure n’est guère engageant. C’est pourquoi, “certaines entreprises proposent même d’annuler cette période” , explique le CEO de Talent.io permettant ainsi une embauche directe en CDI. Cela ne veut pas dire pour autant que le secteur de la tech est mort, bien au contraire.

En Europe, les entreprises sont très protectrices des équipes tech, très peu ont été mises en chômage partiel” , reconnaît Nicolas Meunier. Au sein des équipes déjà en poste, 75% des personnes interrogées n’ont pas mis au chômage partiel leurs salarié·e·s. Dans les autres cas, certaines mesures ont été prises pour une partie des membres et une durée limitée.

Le besoin de profil tech est toujours présent mais, à court terme, les startups préfèrent préserver leur trésorerie avant de se lancer dans de nouveaux recrutements. La situation ne devrait être que temporaire, d’autant que le numérique a montré ses atouts durant la crise.

Le “retour” à l’engouement pré-Covid prendra du temps 

La Chine a connu un énorme trou dans son marché de l’emploi de -50 à -60% en février” , explique Nicolas Meunier. Depuis trois mois, elle connaît cependant une “lente et progressive reprise, l’Europe devrait connaître le même schéma”. La frilosité des entreprises françaises est pour le moment largement tenue par l’attente des annonces du gouvernement. Grâce aux mesures prises par ce dernier, le tissu économique français a pu souffler un peu. Après le 2 juin, les règles d’octroi du chômage partiel pourraient bien se durcir et fragiliser certaines structures françaises.

Certains secteurs particulièrement affectés, comme le tourisme, mettront encore plus de temps à se remettre de cette crise sanitaire et économique. Les entreprises de développement de jeux vidéo ou d’outils de télétravail devraient, en revanche, être plutôt épargnées. La pente risque d’être longue à remonter avant de voir apparaître les mêmes statistiques qu’en début d’année en termes de recrutement. Entreprises et salariés devront faire le dos rond mais dans cet échiquier, la tech semble relativement à l’abri.