L'appel à projets du ministère des Armées est arrivé à sa fin ! Doté de 10 millions d'euros, et lancé à la mi-mars par l'Agence de l'innovation de défense (AID), il visait à faire émerger des solutions "directement mobilisables" dans la lutte contre l'épidémie. Au 12 avril, à la clôture de l'appel, 2 580 projets émanant de petites ou grandes entreprises, de startups, de laboratoires de recherche ou de membres du ministère, ont été déposés et une trentaine sélectionnés.

"L'objectif portait essentiellement sur le dérisquage de l'innovation et non le financement de l'industrialisation" , a expliqué le ministère. Une quarantaine de personnes issues notamment de la Direction générale de l'armement (DGA) et du Service de santé des armées (SSA), réparties en quatre "teams alpha, bravo, charlie et delta" , a filtré au fil de l'eau les projets, a analysé leur degré de maturité, affiné les cas d'usage puis passé les contrats. "80% des dossiers ont été rejetés par la team alpha"  à la première étape, selon le ministère.

Le financement de l'AID va de 600 euros pour le projet Modeve, de "drap de glissement individuel" nécessitant moins de personnel pour retourner un malade en réanimation, à 1,8 millions d'euros pour le projet Nomorecov d'automate de test mobile et modulaire pour dépister le Covid en moins de 30 minutes. Nomorecov est porté par la PME francilienne BforCure. Les premiers automates de série doivent être livrés en juillet, selon le ministère, pour qui le projet intéresse aussi bien l'AP-HP que les Armées, le système pouvant être déployé à bord de navires ou sur des opérations extérieures. Un tiers des projets retenus porte ainsi sur des projets liés au diagnostic, comme le test de dépistage salivaire EasyCov de la société de biotechnologie Skillcell (groupe Alcen), doté de 437 000 euros. Un premier lot pilote de 10 000 tests doit être livré au SSA en juin.

Anticiper la propagation

Ce test fait l'objet d'une étude de validation clinique sur 180 personnes (soignants et patients, pour moitié chacun), lancée début avril et dirigée par le Pr Jacques Reynes du CHU de Montpellier. "Si les résultats sont bons, on demandera le marquage CE qui permet de le commercialiser. Le prix estimé est aux alentours de 15 euros" , a indiqué à l'AFP Alexandra Prieux, directrice de SkillCell. Les autres projets retenus portent sur la décontamination (projet de l'entreprise Serge Ferrari visant à mettre au point un textile antiviral, projet Hygee 2000 de brumisateur de peroxyde d'hydrogène pour décontaminer les lieux confinés...) ou encore la protection des personnels. Deux marins de la base aéronavale de Hyères ont ainsi été sélectionnés pour leur kit d'isolement pour les civières embarquant des malades à bord d'hélicoptères. Lors du pic épidémique, plus d'une centaine de malades en réanimation ont été évacués en régions par hélicoptère ou par avion pour délester les hôpitaux d'Ile-de-France qui frôlaient la saturation.

Plusieurs projets sont enfin liés à la prise en charge médicale (projet Covoice pour mesurer les atteintes pulmonaires par l'analyse de la voix, projet MakAir de respirateur à bas coût, doté de 426 000 euros de financement de l'AID) ou à la gestion de crise. Un projet, baptisé Onadap et porté par le Centre de recherche Borelli et l'hôpital militaire de Percy, permet grâce à l'intelligence artificielle de suivre et d'anticiper la propagation du virus au sein du personnel d'un hôpital (financement de 408 000 euros). Un autre, WakED-Co, doté de 15 000 euros, mise lui aussi sur l'intelligence artificielle pour classer la documentation scientifique et les très nombreuses publications sur la maladie. Mise en ligne sur internet mi-avril, la plateforme, abondée chaque jour, permet de consulter plus de 500 000 publications et les résultats de 388 essais cliniques.