Le confinement a donné des envies de campagne aux urbains. Mais seraient-ils prêts à abandonner services et commerces de proximité pour s'exiler au vert ? Rien n'est moins sûr. Après l'exode rural que la France a connu dès le 19ème siècle qui a vu les campagnes se vider au profit des grandes métropoles, le pays a constaté un retour de certains urbains, via le phénomène de rurbanisation. Un retour à la vie rurale ? Loin de là ; plutôt l'adaptation d'un mode de vie urbain dans un environnement qui ne l'est pas. C'est donc à la fois pour éviter que les villages ne se vident un peu plus - jusqu'à disparaître, pour certains - et même pour doper leur attractivité auprès de ces néo-ruraux que Ville à Joie a vu le jour.

"De plus en plus de commerces et services de proximité quittent les villages et emportent avec eux le lien social de la commune, regrette ainsi Marius Drigny, fondateur du projet. Les gens vont toujours plus loin pour accéder aux services et cela dévitalise les villages où ils habitent. Au lieu de toujours amener les gens aux services, nous souhaitons plutôt ramener les services aux gens." Né au sein du think tank Futura Mobility, le projet prévoit de réaliser des tournées dans les zones rurales afin de dynamiser les villages où passera le camion Ville à Joie.

Combiner services et animations

Que trouve-t-on dans ce fameux camion ? Des "troupes ambulantes de professionnels qui exercent en itinérance" , précise le fondateur. Et le projet ratisse large, pour permettre aux communes touchées de retrouver une vraie vie de village : artistes, artisans, acteurs de la prévention médicale, café, médiathèque, comptoir de démarches administratives... Le temps d'une journée ou demi-journée, "le lieu éphémère que l'on crée a un versant "animation" (commerces, restaurants, spectacles) et un versant "intérêt général" (prévention de santé, aide aux démarches administratives, information et orientation...)" , explique Marius Drigny, afin de répondre à tous les besoins des habitants et habitantes.

La structure répond aussi aux besoins des professionnels locaux, qui n'ont pas tous les moyens de devenir itinérants. "Nous coordonnons les acteurs de la vie locale pour qu'ils se convertissent à l'itinérance et passent ensemble : pour eux, nous organisons et faisons la promotion des événements, créons l'univers du lieu éphémère" , liste Marius Drigny. Car c'est aussi en accompagnant les acteurs locaux dans cette démarche que Ville à Joie contribue à retisser à long terme le lien social entre ces derniers et les habitants.

La structure prévoit d'effectuer une première tournée en Haute Côte d'Or, dans une dizaine de villages, financée grâce à une campagne de financement participatif lancée sur Ulule. Un test grandeur nature crucial pour Ville à Joie, que les pouvoirs publics ont accepté de soutenir financièrement si cette première expérience était concluante. Ville à Joie espère désormais atteindre sur Ulule les 12 000 euros pour pouvoir agréger d'autres professionnels, comme des professeurs de sport ou des spécialistes de la prévention médicale, à cette première tournée. Et à partir de 16 000 euros, une deuxième tournée sera organisée. La campagne est ouverte jusqu'au 17 juillet.