Les trentenaires n’ont pas le monopole de l’entrepreneuriat. En 2017, les + de 45 ans (considérés par l’Association pour le droit à l’initiative économique comme des « seniors ») étaient plus de 180 000 à avoir lancé leur société. Mais malgré leur expérience, le poids des années est-il un atout ou un frein pour ces entrepreneur·e·s ?
L’alignement des planètes
Contrairement aux idées reçues, le temps qui passe peut-être un véritable moteur. Selon une étude de l’Adie sur cette « génération qui n’a pas dit son dernier mot », 71% des plus de 45 ans se sentent en forme pour monter une entreprise. C’est parfois même le moment idéal. Les enfants ont quitté le nid, la maison et la voiture sont payées, “c’est maintenant ou jamais” , reconnaît Pierre Hom, consultant en qualité converti à l’entrepreneuriat. Même si certains choisissent de se lancer en tant que freelance pour compléter leur retraite, “dans leur majorité, les « silver » créateurs d’entreprises ont fait le choix de vivre leur passion, de conquérir une indépendance, de vivre également où ils veulent à une période de leur vie où cela devient possible” , estime Loïc Richer, fondateur d’Eustache, un réseau et un média dédié aux silvers entrepreneur·e·s.
Les plans de départ volontaires à la retraite figurent aussi parmi ces moments clés et déclencheurs d’un changement de vie professionnelle. Car si les seniors représentent une faible proportion des chômeurs (6,9%), ils restent bien plus longtemps sans emploi que les autres catégories (30% y restent plus de deux ans) selon la Cour des Comptes. Une fois leur job perdu, certain·e·s salarié·e·s préfèrent ainsi monter leur entreprise plutôt que d’être mis·es au placard ou que d’attendre désespérément un emploi qui ne viendra peut-être pas.
Des freins semblables à ceux des autres entrepreneur·es
Les silver entrepreneur·e·s bénéficient d’une bonne réputation selon Loïc Richer. “Ils sont perçus comme fiables. Ils nous disent être choisis par leurs clients pour leur grande expérience, pour leur capacité, acquise, à gérer des projets et réagir à des difficultés” . Mais si l’âge permet de gommer certaines lacunes de la jeunesse, il n’empêche pas de rencontrer quelques embûches. Selon l’Adie, l’argent est ainsi le principal frein pour les silver entrepreneur·e·s (30%). “J’ai travaillé dans la banque pendant 17 ans mais c’est difficile si on ne sait pas vers quel établissement bancaire se tourner pour obtenir les meilleurs avantages” , reconnaît Carole Chanlaut. Pour elle, la difficulté s’est surtout concentrée sur l’usage du numérique. “Je ne connais pas grand chose au numérique, j’étais un peu perdue pour la création de mon site internet” , poursuit-elle. Au-delà de la création d’un site vitrine, “les silver entrepreneurs ont également une mauvaise maîtrise des pratiques permettant de booster leur projet comme la prospection commerciale sur LinkedIn” , renchérit Loïc Richer.