Il y a fort à parier que pour vous aussi, 2020 aura agi comme un puissant révélateur. Toutes ces semaines passées en confinement, à distance de l’entreprise, vous ont donné l’occasion unique de questionner le sens de votre travail. Ce que je dois faire, défaire, vendre, défendre au quotidien : est-ce important, utile ? Est-ce vraiment ce qui m’épanouit, ce à quoi j’aspire ? Et s’il était temps pour moi d’oser réaliser le projet qui me ressemble – peut-être celui auquel je pense depuis longtemps ?
Vous êtes nombreux à ressentir cette soif d’autre chose. L’aspiration des Français à plus d’autonomie, d’équilibre et de sens s’exprime sans équivoque : plus d’un jeune sur deux considère qu’il est plus motivant d’être entrepreneur que d’être salarié. Face aux pertes engendrées par la crise sanitaire, beaucoup d’entreprises vont en outre réduire leur masse salariale. Nul besoin d’être jeune, senior ou peu qualifié : pour tous, il risque de devenir de moins en moins facile, dans les mois et les années à venir, de (re)trouver un emploi salarié. Se mettre à son compte va dès lors s’imposer comme une alternative sérieuse, qu’elle soit contrainte ou choisie.
L’emploi en France est déjà profondément en train d’évoluer
On compte aujourd’hui plus de 3,6 millions de travailleurs indépendants qui pratiquent leur métier sous une grande variété de statuts. Qu’ils soient « freelances », « solos » ou « micro-entrepreneurs », le nombre d’indépendants a augmenté de 25 % depuis 2003 en France, soit dix fois plus vite que la population salariée. Nous, » entrepreneurs, auteurs, animateurs de communautés d’indépendants, chercheurs sur le futur du travail, sommes témoins de ce déplacement de création de valeur » économique qui invite à repenser les frontières de l’entreprise. Nous sommes témoins de l’envie grandissante de (re)devenir maître de son travail. Et cette transition n’est pas toujours aussi vertigineuse qu’on l’imagine : pour trouver du sens dans son travail, il suffit parfois de continuer à exercer son activité, mais de façon différente, pour soi, en tant qu’indépendant.
Le bonheur et le revers de la médaille
Quand on leur demande ce qui les anime, les indépendants répondent
unanimement : être capitaine de ma vie. Tout entrepreneur savoure la liberté d’établir ses propres règles, de porter son projet, d’être pleinement responsable de ses choix, de ses échecs comme de ses réussites. Au fond, être indépendant, c’est agir sur sa destinée. C’est pourtant très loin d’être un long fleuve tranquille !
Le choc est d’autant plus grand quand on quitte le cocon de l’entreprise : on perd son « crédit social » (rassurer son bailleur pour un logement ou son banquier pour un emprunt relève de la gageure), on travaille plus – parfois pour gagner
moins. Au quotidien, l’instabilité des revenus et la solitude pèsent ; il faut savoir tout faire et tout assumer : l’administratif, la comptabilité, vendre, oser se vendre, gérer le digital et les réseaux sociaux, la relation client et le web marketing… Devenir une entreprise à soi tout seul est un sacré défi. Ça ne s’improvise pas, pas plus qu’on ne s’y « forme » avec des consultants pour quelques milliers d’euros.