"Malgré la poursuite et le renforcement du couvre-feu", l'activité est restée "globalement stable" par rapport au mois de décembre, qui avait été caractérisé par un fort rebond de la consommation des ménages au lendemain du deuxième confinement, et avant les fêtes de fin d'année, commente la Banque de France dans une note de conjoncture publiée ce mardi 9 février. En février, l'activité resterait au même niveau, toujours à 5% en dessous du niveau d'avant-crise, estime encore la note, qui relève toutefois une forte incertitude liée à l'évolution de la situation sanitaire. Si ce même palier devait se maintenir également en mars, cela signifierait une croissance nulle au premier trimestre.

"Mais nous l'avons constaté l'été dernier puis en décembre : dès que des restrictions ont été levées, le retour des consommateurs et de leur confiance a été spectaculaire" , s'est réjoui le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien aux journaux du groupe Ebra. Sur cette base, il a confirmé une prévision de croissance de 5% pour 2021, la qualifiant de "robuste et plutôt prudente". De son côté, l'Insee avait jugé la semaine dernière que l'objectif du gouvernement d'une croissance de 6% du produit intérieur brut français en 2021 restait atteignable malgré un début d'année difficile. La casse est plus limitée que prévu par l'institut malgré 360 000 emplois détruits dans le secteur privé,

La plus forte résilience de l'économie au deuxième confinement de novembre et la force du rebond de décembre ont aussi conduit la Banque de France à réviser en hausse le niveau d'activité atteint en fin d'année dernière. En novembre, il n'était finalement que 7% en dessous du niveau d'avant-crise, contre 11% estimés le 13 janvier, tandis qu'en décembre, la différence n'était plus que de 5%. "Cette résilience est à la fois une bonne surprise sur la fin 2020, et une réassurance pour 2021" , selon François Villeroy de Galhau, qui reconnaît cependant une "inquiétude" qui "porte sur les services à la personne et sur les conséquences pour l'emploi : restauration-hébergement, tourisme... Beaucoup d'entreprises y souffrent".

Dans l'industrie, l'utilisation des capacités de production a été de 74% en janvier, contre 79% avant la crise, selon l'enquête réalisée par l'institution du 27 janvier au 3 février auprès de 8.500 entreprises. Dans les services, elle fait sans surprise apparaître une "forte hétérogénéité entre secteurs" avec un faible niveau d'activité dans l'hôtellerie et la restauration, frappées de plein fouet par les restrictions sanitaires. À l'inverse, "les services aux entreprises sont bien orientés, notamment la publicité et le conseil de gestion, de même que la location de matériels et
d'automobiles". Et dans le bâtiment, "l'activité est stable dans l'ensemble en janvier et
reste proche de son niveau d'avant-crise", toujours selon la banque centrale. Les carnets de commande dans l'industrie se sont rapprochés de leur moyenne de long terme, tandis que dans le bâtiment, ces commandes sont déjà au-dessus de cette moyenne, tout en restant inférieures à ce qu'elles étaient juste avant la crise, lorsque leur niveau était particulièrement élevé.

Les résultats de l'enquête de la Banque de France auprès des entreprises sont corroborés par d'autres mesures, comme la consommation d'électricité ou l'indicateur quotidien du bruit ambiant en Ile-de-France, qui sont restés stables malgré l'extension du couvre-feu, selon la note de conjoncture.