Les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna en sont la preuve tangible : le niveau actuel de compréhension de la nature, associée à de nouvelles technologies, bouleverse la façon d’innover. C’est du moins ce que relève une étude publiée par le Boston Consulting Group (BCG) et Hello Tomorrow. Ainsi, les premiers laboratoires pharmaceutiques à avoir reçu l’autorisation de mise sur le marché européen ont adopté une approche inédite basée sur l’ARN messager et non pas, comme souvent, sur une version neutralisée du virus créée de toutes pièces en laboratoire.
Un exemple représentatif d’un changement de paradigme, que Maddyness a commencé à défricher en décembre 2020. Ce nouveau rapport donne une première idée de son ampleur, estimant que 40 % du PIB mondial devrait à terme être concernés par les nouvelles méthodes d’ingénierie naturelle – tous secteurs confondus, du bâtiment au textile en passant par l’alimentation.
Des ressources naturelles à préserver
Selon le BCG et Hello Tomorrow, les nouvelles technologies pourraient même aller jusqu’à mettre un terme à l’exploitation des ressources naturelles. Un enjeu majeur qu’expliquait à l’occasion de notre état des lieux de l’OceanTech Anthony Courtois, président de la startup Polymaris : « La valorisation de la biodiversité doit se faire dans le strict respect de cette dernière. » Selon Arnaud de la Tour, fondateur de Hello Tomorrow et co-auteur de l’étude, « l’innovation scientifique permet aujourd’hui de réaliser des produits qui sont surtout des équivalents de produits préexistants » mais « demain, en levant la contrainte des matières premières, la co-conception avec la nature permettra de créer des solutions ». L’état des connaissances scientifiques est tel que l’on peut désormais synthétiser toutes sortes de matières premières… sans avoir à les extraire de leurs environnements naturels.
Les applications de ces méthodes novatrices ne manquent pas. Quand Polymaris produit des micro-organismes par culture pour produire des sucres ou plastiques biodégradables, d’autres entreprises produisent des flacons en plastique à partir d’émissions industrielles – comme la startup américaine LanzaTech, en lien avec les groupes français Total et L’Oréal – ou de la viande de synthèse – telles que les pépites californiennes Impossible Food ou Beyond Meat. Et il est intéressant de noter que les financements suivent cette tendance. Selon les calculs du BCG et de Hello Tomorrow, « les investissements ont atteint plus de 60 milliards de dollars en 2020 et pourraient tripler pour atteindre 200 milliards d’ici à 2025 ». Antoine Gourévitch, directeur associé au BCG, juge qu’une condition demeure : « Les modes de financement doivent s’adapter aux spécificités de la DeepTech, qui joue un rôle central ».