Mettre sur pied une DeepTech n’est pas chose facile. Ces startups, dont le trait commun est d’élaborer des produits ou services de rupture, nécessitent un temps de recherche et développement très long. Celui-ci implique inévitablement des risques accrus puisque, si une idée est bonne sur le papier, rien ne garantit qu’elle fonctionnera dans les faits. C’est la raison pour laquelle, en France, les investisseurs ont un temps été frileux au moment de les soutenir. Mais la donne change. Comme relevé dans le cadre de notre MaddyMoney annuel, le pays compte toujours plus de pépites dans le domaine. Et pour la première fois, ce dernier s’est même hissé dans le top 4 des secteurs les plus en vogue – représentant 7,05 % des fonds levés par les startups tricolores en 2020, soit 301,2 millions d’euros.
Des solutions qui répondent à des enjeux stratégiques
Plusieurs rapports récents confirment la tendance. Selon une étude de DealRoom, menée au niveau européen, les DeepTech bénéficient désormais d’un grand soutien financier que les startups évoluant dans d’autres domaines. Gouvernements, grands groupes ou fonds d’investissement… Ce phénomène s’explique par l’enjeu stratégique que représentent ces entreprises. Ces dernières développent des technologies permettant de garantir la souveraineté d’un État ou de répondre à des défis majeurs. Changement climatique, pénuries alimentaires ou risque pandémique… Des applications existent dans des domaines divers. Les jeunes pousses du domaine émergent, pour la plupart d’entre elles, de la recherche académique. Ainsi, les laboratoires du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) se trouvent derrière des pépites ayant émergé ces dernières années grâce à un transfert de technologies. C’est, par exemple, le cas d’Aqemia. Cette BioTech parisienne cherche de nouveaux traitements médicamenteux via une approche combinant intelligence artificielle et physique théorique.
C’est également le cas du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). C’est grâce à celui-ci que la plus importante DeepTech française à ce jour, selon DealRoom, a pu grandir. Aledia, qui met au point et fabrique des écrans et des composants microLED, est basée à Grenoble – une ville qui fait état d’un écosystème DeepTech très riche – et a bouclé une série D de 80 millions d’euros en 2020. Ainsi, selon DealRoom, les jeunes pousses du domaine affichent désormais une chance d’exit « aussi bonne, si ce n’est meilleure » que les autres. Atomico, Indinvest, Bpifrance… Le secteur concentre un quart environ des investissements européens en capital risque (24 %). Les montants atteignent même des sommets : après un record de 9,6 milliards en 2019, les DeepTech du Vieux continent ont collecté 9,4 milliards en 2020. Ce dernier reste toutefois à la traîne par rapport aux États-Unis et leurs 33 milliards d’euros levés dans le domaine l’an dernier.