Republication d’un article publié le 15 décembre 2020
Confiné·e·s pendant presque 4 mois au printemps dernier, les enseignant·e·s ont dû s’adapter et passer, du jour au lendemain, à un apprentissage à distance. Si certain·e·s s’en sont sorti·e·s haut la main, d’autres ont eu plus de mal à prendre un virage pourtant entamé depuis plusieurs années dans d’autres pays. Loin d’être un seul outil de compensation en cas de fermeture des écoles, des collèges et des lycées, le numérique pourrait être un atout non négligeable pour lutter contre le décrochage scolaire et réduire certaines inégalités. À condition de prendre certaines précautions, comme le souligne l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologie du numérique), dans son rapport intitulé Éducation et numérique, défis et enjeux.
Un outil contre le dérochage scolaire
L’an dernier, 8,2% des élèves Français ont abandonné leur cursus scolaire sans diplôme selon le site de l’éducation nationale. Ces décrochages scolaires constituent un problème pour les jeunes mais aussi un coût pour la société qui avoisinerait les 20 milliards d’euros par an suivant les chiffres de l’Inria – si on prend en compte le RSA et les diverses aides mises en place par l’État. Les principales causes de ces échecs seraient la difficulté des élèves à suivre le rythme en classe (45%) et le manque de maîtrise de certaines notions fondamentales (26%).
Des difficultés que le numérique pourrait, en partie, réduire afin de limiter la disparition de milliers d’élèves du radar de l’éducation nationale, selon le rapport. « La diversité des supports d’apprentissage mixant l’image, le son, la vidéo et l’animation renforce l’ancrage des apprentissages, facilite la mémorisation et l’acquisition de connaissance et de compétence » , expliquent les auteurs. Le cerveau de chaque individu répond différemment aux stimulus. Certains d’entre nous retiennent plus facilement une leçon s’ils la lisent, l’entendent ou l’écrivent. Le numérique facilite l’accessibilité à une information car il peut proposer en un seul et même espace, différentes manières d’apprendre.
L’arrivée de technologie comme l’intelligence artificielle – qui en est encore à ses balbutiements – facilite et facilitera à l’avenir la personnalisation des apprentissages. Ainsi, l’Inria cite en exemple le projet Kidlearn, porté par Didier Roy, qui cherche à modéliser les mécanismes d’apprentissage chez l’enfant, afin de pouvoir par la suite personnaliser les enseignements grâce à des algorithmes qui seront capables de déterminer quels sont les outils les plus adaptés. Certains logiciels sont déjà capables de déceler les notions qui posent difficultés à un élève pour lui pousser des exercices sur ce sujet.
Le numérique est également un outil d’accompagnement. Certaines startups proposent des solutions d’aide à l’orientation pour des jeunes grâce à des tests et des mises en relation avec des étudiant·e·s et des professionnel·le·s heureux de partager des informations sur leurs études ou leurs métiers.
Un secteur en pleine construction
Si le numérique peut jouer un rôle formidable dans l’éducation en la rendant plus inclusive, il ne faut pas non plus la voir comme l’idéal qui comblera toutes les lacunes que rencontre le secteur. Si l’État français veut permettre au numérique d’explorer et d’apporter tout son potentiel, il faudra d’abord former les professeurs. Le confinement a montré que son adoption au sein des établissements était loin d’être homogène. Le PISA (Programme for International Student Assessment) souligne, par exemple que la France est toujours l’un des pays de l’OCDE les plus inégalitaires. En cause, « la différence de performances entre les élèves issus d’un milieu favorisé et ceux issus d’un milieu défavorisé » , détaille le rapport de l’Inria.
Le numérique doit être pensé de manière inclusive afin d’éviter de creuser un écart encore plus grand entre les zones prioritaires et les autres établissements.