Faste période pour Vestiaire Collective. La startup fondée en 2009, à l’origine d’un service de vente en ligne de mode de seconde main, annonce une levée de fonds à hauteur de 178 millions d’euros. Ce nouvel investissement est, en grande partie, porté par la société américaine Tiger Global Management et le géant français du luxe Kering – Balenciaga, Yves Saint-Laurent, Gucci, etc. –, aux côtés des actionnaires historiques. L’entrée du groupe créé par François Pinault au capital de l’entreprise parisienne marque un virage pour cette dernière, alors que le marché de l’occasion connaît une forte accélération dans le contexte de la crise sanitaire.
Un phénomène imputable aux habitudes de consommation des jeunes générations, qui font état d’un « engagement écologique toujours plus grand » et achètent sur « les réseaux sociaux et communautés en ligne » selon Vestiaire Collective. Kering y voit l’opportunité de s’ancrer dans une démarche « durable » , porteuse.
Un marché à 60 milliards de dollars
Le groupe de mode de luxe a ainsi pris une part de 5 % au capital de la startup. Il entre, à cette occasion, au conseil d’administration de cette dernière. De quoi, selon ses propres termes, « illustrer sa stratégie pionnière, qui consiste à soutenir le développement de modèles innovants, s’ouvrir aux nouvelles tendances du marché et explorer de nouveaux services » . En offrant le statut de licorne à Vestiaire Collective, Kering capitalise avant tout sur les très bonnes prévisions du marché.
La jeune pousse indique ainsi que « le volume de transactions sur sa plateforme a augmenté de plus de 100 % en 2020 par rapport à 2019 », sans toutefois donner de base de comparaison. Et la trajectoire devrait s’amplifier. Selon ses chiffres, la part des pièces de seconde main dans la garde-robe des particuliers « passera de 21 % en 2021 à 27 % en 2023 » et le marché mondial représentera « plus de 60 milliards de dollars d’ici à 2025 » – et pèse déjà jusqu’à un milliard d’euros en France, d’après Les Échos. À travers l’opération, le groupe Kering cherche donc à s’imprégner de cette pratique qui lui reste largement étrangère.
Il affiche, avec la startup, « l’ambition commune » visant à stimuler l’innovation pour bâtir une industrie de la mode plus durable.
« Le luxe de seconde main est désormais une tendance réelle et profonde, en particulier parmi les jeunes consommateurs. Plutôt que de l’ignorer, nous voulons au contraire saisir cette opportunité pour continuer à améliorer les services proposés à nos clients et orienter l’avenir de notre secteur » , a déclaré par voie de communiqué François-Henri Pinault, président-directeur général de Kering.
Et au directeur de la relation client et de la transformation numérique du groupe, Grégory Boutté, d’ajouter : « Notre stratégie d’innovation vise à investir dans des marques et technologies destinées à la prochaine génération de consommateurs, privilégiant des modèles économiques de rupture à même de nous aider à mieux servir nos clients et améliorer nos performances. »