Dans l’univers des fonds, CoopVenture fait figure de petit nouveau. En gestation depuis cinq ans, il s’apprête enfin à investir son capital de 4,425 millions d’euros apporté par le mouvement Scop via sa holding Socoden, le Crédit coopératif ainsi que deux collectivités locales, la métropole de Grenoble et le Grésivaudan.
Initié à travers un partenariat entre le Mouvement Scop, la French Tech in the Alps-Grenoble et Alma Scop, ce nouveau venu vise à favoriser l’amorçage et le développement d’entreprises possédant le statut de coopératives, ou présentant des caractéristiques proches. Sa seconde particularité réside dans son mode de fonctionnement : une fois financées, les entreprises s’engagent à réinvestir dans le fonds une partie de leur chiffre d’affaires afin d’assurer sa pérennité.
Eviter la revente des entreprises
Un fonctionnement opposé au modèle classique des fonds d’investissement : la réussite de quelques startups, une fois revendues, permet aux VC et aux fonds d’empocher une belle plus-value et de financer les entreprises qui meurent in fine ou n’apportent pas les multiples escomptés. Au sein du capital-risque, le succès des unes comble l’échec des autres. « Quand vous êtes entrepreneur et que vous cherchez à vous faire financer, vous n’avez à votre disposition que le capital-risque qui ne laisse pas toujours le temps aux entreprises de bien se développer » , estime Laurence Ruffin, PDG d’Alma Scop, co-fondatrice de CoopVenture et membre du conseil d’administration.
Pour permettre aux entreprises de trouver leur rythme de croisière en créant des emplois sur leur territoire, CoopVenture a donc choisi de reprendre les codes des fonds Evergreen – bien plus développés Outre-Atlantique – dont la durée n’est pas déterminée, ce qui libère les gestionnaires de la revente de leurs actifs dans un laps de temps très court. « CoopVenture est un fonds patient, avec des durées d’investissement d’une dizaine d’années » , confirme Laurence Ruffin, ce qui doit laisser temps aux sociétés de se développer.
Numérique et gouvernance comme critères de sélection
La tendance est aux fonds à impact – comme Raise, 2050. de Marie Ekeland ou le nouveau véhicule de Founders Future, – pour soutenir des entreprises engagées dans une démarche de responsabilité sociétale et environnementale. CoopVenture ne cherche pas à financer ces entreprises dites à impact, mais des plutôt celles présentant des valeurs proches de celles des coopératives. Ce fonds s’appuiera, en plus de ceux habituellement utilisés par les VC, sur deux principaux critères pour sélectionner les pépites qui rejoindront son portefeuille :
- Le numérique sera au coeur du projet. Le business model de l’entreprise ainsi que la finalité et les objectifs du projet devront obligatoirement être guidés par le numérique.
- Une gouvernance démocratique des salariés devra être mise en place. « Choisir le statut coopératif (Scop ou Scic) ou s’inscrire dans une démarche éthique et responsable pour l’avenir de la start-up est également une condition essentielle » , renchérit Laurence Ruffin. Les salariés devront donc être partie prenante du projet.
CoopVenture « interviendra au démarrage des startups qui ont souvent des besoins importants en terme d’investissements mais aussi dans des sociétés plus structurées qui ont un besoin précis, pour effectuer un pivot par exemple » , poursuit la PDG d’Alma Scop. Le ticket moyen oscillera entre 150 000 et 300 000 euros, l’objectif étant surtout de créer « un effet levier pour inciter d’autres structures comme les banques à investir pour atteindre environ un million d’euros ».