Réaliser un check up médical depuis chez soi sera bientôt une réalité. La startup messine i-Virtual, fondée en 2014 afin de traiter la phobie sociale, a mis au point toute une série de dispositifs qui permettent de mesurer jusqu’à six variables physiologiques de patient·e·s – fréquences cardiaque et respiratoire, pression artérielle, saturation du sang en oxygène, variabilité cardiaque et niveau de stress. La différence par rapport aux outils employés par les médecins au quotidien ? Ici, tout se passe à distance : les analyses sont effectuées à partir de l’image fournie par la caméra de l’utilisateur·rice. Une technologie novatrice, dont plateformes de téléconsultation et groupes hospitaliers pourraient bientôt s’emparer dans le but d’améliorer le suivi des malades à distance. Pour se développer, i-Virtual vient de boucler un tour de table de 2,5 millions d’euros auprès des fonds Elaia et Majycc eSanté.
Un selfie vidéo de 30 secondes suffit
À l’origine, c’est sur une idée d’Alain Pruski et Abdelhak Moussaoui – deux chercheurs à l’université de Lorraine, respectivement experts en sciences cognitives et algorithmique – que s’est construite i-Virtual. « Ils ont mis sur pied une technique à même de déterminer ces variables physiologiques en fonction des variations de couleur des pixels, lorsqu’une personne filme son visage. Le rythme du sang peut être estimé de cette façon » , explique à Maddyness Gaël Constancin, qui a été recruté en 2019 pour devenir président-directeur général de la startup. D’après le dirigeant, « une caméra s’avère plus riche en informations que l’œil humain ». La technologie de la jeune pousse, qui a nécessité 5 ans de recherche et développement entre 2014 et 2019, analyse ainsi le flux vidéo image par image. « Cette manière de procéder offre le même résultat qu’un oxymètre » , affirme Gaël Constancin.
La détection de cette variation de couleur, induite par les globules rouges, afficherait un taux de précision de 95 % à en croire l’entreprise. Une étude clinique, menée à Nancy sur plus d’un millier de personnes, confirmera ces résultats à la fin du mois d’avril 2021. « Pour que cela fonctionne, il nous faut pouvoir certifier que nous sommes aussi pointus que les dispositifs médicaux traditionnels » , juge Gaël Constancin. Les briques logicielles conçues par i-Virtual pour chacune des variables physiologiques, commercialisées sous le nom de Caducy, sont vendues aux entreprises clientes en marque blanche. « Elles peuvent choisir de n’acheter qu’un seul des paramètres que l’on sait mesurer » , expose ainsi le dirigeant, qui entend là multiplier les cas d’usage. Parmi les premiers clients d’i-Virtual, qui n’ont à date recours qu’aux fonctionnalités liées à la variabilité de la fréquence cardiaque et au stress, figurent des militaires ou des entreprises de l’industrie automobile. « Cela peut être utilisé dans le cadre d’exercice de méditation ou à bord d’un véhicule, pour empêcher que la personne au volant ne s’endorme » , illustre le dirigeant.