Créée en 2011, Qwant a longtemps été présentée comme une des fameuses pépites de la FrenchTech avec son pari de lancer un moteur de recherche rival de Google, en ne gardant pas les données de recherche de ses utilisateurs. À l’inverse du géant américain Google, il ne conserve pas leurs requêtes pour les profiler et leur adresser par la suite des données et publicités ciblées. Mais la "big picture", pour reprendre le jargon des initiés de l'écosystème, n'a pas vu le jour. Au contraire, Qwant a accumulé les pertes et généré de la déception chez ses plus fidèles soutiens. Début 2019, son flamboyant fondateur Eric Leandri a même dû lâcher les rênes de l'entreprise, dont le chiffre d'affaires n'avait jamais décollé malgré ses promesses.

La startup serait-elle désormais sur une meilleure voie ? Depuis six mois, elle a en tout cas décidé d'envoyer des signaux positifs avec une communication officielle. Dernier fait en date, ce 2 avril 2021, avec l'annonce d'un chiffre d'affaires net de 7,5 millions d'euros en 2020, en hausse de 28% sur les 5,86 millions d'euros réalisés en 2019. C'est quand même moins que prédit en octobre dernier par Jean-Claude Ghinozzi, son PDG, qui tablait sur "une croissance qui sera probablement de 60% à 75%". Le soutien de l’État, qui est en train d’en faire le moteur de recherche par défaut sur les ordinateurs des fonctionnaires, a aidé Qwant à améliorer sa notoriété. L’augmentation des recettes en 2020 s’expliquerait notamment par le développement de Qwant Shopping, qui permet aux internautes de faire des recherches de produits.

20 millions d'euros pour se développer en Europe

En 2021, le groupe mise en particulier sur son développement en Allemagne pour développer ses recettes. Aidé par le groupe de presse allemand Axel Springer, qui est avec la Caisse des dépôts l'un de ses principaux actionnaires, Qwant a déjà lancé des efforts de publicité dans la presse pour mieux faire connaître sa marque et augmenter son usage outre-Rhin. L'entreprise qui compte une centaine de salariés a également commencé à rencontrer des investisseurs potentiels pour une levée de fonds, avec l'objectif de réunir au moins 20 millions d'euros, a indiqué Jan-Claude Ghinozzi. Ce tour de table doit notamment permettre à Qwant d'élargir à d'autres pays européens sa base d'utilisateurs, pour l'instant très concentrée en France. L'entreprise a déjà levé 43,4 millions d'euros en 10 ans auprès de la Caisse des Dépôts, Bpifrance et Axel Springer.

De leur côté, les pertes ont été divisées quasiment par deux mais restent largement supérieures au chiffre d'affaires, à 13 millions d'euros, contre 23,5 millions d'euros en 2019. Une partie des pertes enregistrée en 2020 sont liées à des charges "non récurrentes" de restructuration, et le groupe pense être "proche" de l'équilibre en 2021, a-t-il ajouté. Le nouveau président, Jean-Claude Ghinozzi, qui était le directeur commercial de l'entreprise, a pris les commandes de Qwant avec pour priorité de développer les ventes et de couper dans les projets de diversification tous azimuts lancés par son prédécesseur. Pour ce dernier, les résultats de 2020 et les perspectives de 2021 "sont très encourageants" , malgré la crise de la Covid-19 qui a fait plonger les investissements publicitaires de pans entiers de l'économie. "En octobre et novembre 2020, nous avons délivré plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires brut, ce qui nous rapproche très sensiblement" de notre point d'équilibre, a-t-il indiqué à l'AFP.

Qwant a ses propres robots et ses propres algorithmes pour aller fouiller le web et y trouver lui-même des contenus pertinents face aux requêtes des internautes. Mais il doit recourir aux services de Bing de Microsoft pour compléter ses propres résultats, afin d’offrir un éventail suffisamment large de réponses aux internautes.