28 avril 2021
28 avril 2021
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
5888

Vaccination : Doctolib revoit sa copie pour mieux informer les Français

Doctolib veut jouer la transparence. Concédant avoir été quelque peu avare en matière de chiffres relatifs à la campagne de vaccination contre le Covid-19, le géant de la prise de rendez-vous médicaux en ligne lance un site pour garantir l’information du grand public en temps réel. Un service qui se place dans la lignée de celui de CovidTracker.
Temps de lecture : 5 minutes

Mis à jour le 11 mai 2021.

Venir "compléter" les données de CovidTracker. C’est l’objectif du nouveau site Défi Vaccination qu'a lancé le mercredi 28 avril 2021 Doctolib, le géant de la prise de rendez-vous médicaux en ligne. Lors d’une conférence de presse, le président et co-fondateur de l’entreprise, Stanislas Niox-Chateau, a reconnu avoir été "un peu frileux" en matière de communication autour de la campagne de vaccination contre le Covid-19 depuis le début de l’opération. "On aurait dû mettre ces informations en ligne il y a trois mois, ce que nous n’avons pas fait en raison de considérations politiques" , a-t-il indiqué à Maddyness, soulignant son désir de "garantir davantage de visibilité et de transparence" sur le sujet à l’avenir. Concrètement, ce nouvel outil apportera des données en temps réel pour pallier "le manque d’information quant à la vaccination" sur CovidTracker, un site fondé par le data scientist Guillaume Rozier et jugé très intéressant par Stanislas Niox-Chateau. Doctolib se livre ainsi à diverses projections.

Son nouveau service visant à garantir l’information sera mis à jour quotidiennement et devrait, selon Stanislas Niox-Chateau, être enrichi avec d’autres éléments en matière de "comparaison avec l’international, disponibilité des rendez-vous et prévision à mesure que l’approvisionnement de la France sera sécurisé".

La moitié de la population vaccinée à la fin juin

Délais d’attente, nombre d’injections, prévisions à moyen terme… L’expert de la prise de rendez-vous médicaux, qui note que 26,5 % de la population ont au moins reçu une dose de vaccin au lundi 10 mai 2021, veut faire la transparence au sujet de "la performance de la France comparativement aux autres pays" . Les données remontant de ses services, du gouvernement ainsi que des laboratoires pharmaceutiques seront agrégées, dans le but de "prévoir" l’avancée de la campagne à horizon deux mois. Il estime ainsi que 50 % de la population française aura reçu une dose au 29 juin 2021, sur la base du rythme actuel de vaccination ainsi que l’accélération attendue d’ici à cette date – quelque 600 000 injections sont actuellement réalisées chaque jour en France, un chiffre qui devrait grimper à environ 700 000 dans les prochaines semaines. "Cette projection dépend largement de l’adhésion des Français au vaccin AstraZeneca et des futures livraisons" , pointe Stanislas Niox-Chateau.

À l’heure actuelle, la France se classe 6e des pays du G20 en matière de vaccination, pour une dose administrée  – après le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et l’Italie. Les publics jugés prioritaires par l’exécutif ont massivement reçu le produit : 71,51 % des plus de 75 ans et 58,58 % des plus de 60 ans. Il reste toutefois, dans cette catégorie, bien des personnes à vacciner. "Le gouvernement communique le chiffre de 4 millions. En réalité, ce chiffre est celui qui permettrait d’atteindre l’objectif d’une couverture vaccinale de 80 %. Il resterait en fait 7,4 millions de personnes à vacciner dans cette tranche d’âge" , relevait le 28 avril 2021 le co-fondateur de Doctolib. Un phénomène imputable à l’AstraZeneca, qui leur est réservé et qui peine à convaincre. Seules 73 % des doses trouvent preneurs, contre 90 % de celles livrées par Pfizer-BioNTech et Moderna. "On injecte entre 40 000 et 50 000 doses d’AstraZeneca par jour, alors qu’on pourrait en injecter 150 000" , regrette Stanislas Niox-Chateau, qui assure néanmoins qu’il ne devrait pas y avoir de polémique quant au nombre de créneaux libres.

Un nombre constant de créneaux libres

Ces derniers jours, les utilisatrices et utilisateurs de réseaux sociaux se sont émus face au multiples rendez-vous ne trouvant, selon eux, pas preneurs. Les plus jeunes, notamment, réclament l’élargissement de la cible pour enfin accéder à la vaccination. Selon Doctolib, les choses n’auraient "pas bougé sur les 15 derniers jours" et cela serait un trompe-l’oeil. "200 000 rendez-vous peuvent être pris chaque jour pour les jours suivants. Ce n’est pas nouveau, expose Stanislas Niox-Chateau, tout en encourageant les volontaires à s’inscrire sur les listes d’attente mises en place par les divers centres de vaccination – où 85 % des injections sont réalisées. Il arrive que des rendez-vous soient mis en ligne le matin pour l’après-midi, du fait d’ajustements. Le 26 avril, cela a été le cas pour 14 000 d’entre eux."

À noter que le délai entre la prise de rendez-vous et l’injection s’établit à une dizaine de jours en moyenne et que 1 % des rendez-vous ne sont pas honorés. "Les gens savent la difficulté à se procurer le vaccin et sont respectueux du processus" , estime le président de Doctolib, qui se réjouit que "90 % des vaccinés" soient passés par sa plateforme. Pour accompagner la campagne, l’expert de la prise de rendez-vous médicaux en ligne dispose d’une équipe de 200 personnes – qui gèrent le logiciel pour les professionnels de santé, comme le site à destination du grand public. Pour mémoire, le partenariat entre l'entreprise et le gouvernement avait été contesté par un collectif de spécialistes du fait de l'hébergement des données de santé par l'Américain Amazon Web Services (AWS). Le Conseil d'État a finalement validé celui-ci à la mi-mars 2021.

Partager
Ne passez pas à côté de l'économie de demain, recevez tous les jours à 7H30 la newsletter de Maddyness.
Légende photo :
doctolib