5 mai 2021
5 mai 2021
Temps de lecture : 4 minutes
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Cyril Abiteboul de la chasse aux chronos en F1 à celle des startups

L’ex-directeur général de l’équipe F1 de Renault Cyril Abiteboul vient de rejoindre le fonds HCVC - Hardware Club - en tant qu'associé. La mission désormais de l'un des personnages clés de la série "Drive to survive" de Netflix : déceler des pépites tech de la mobilité et de l'automobile.
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Cyril Abiteboul - (Photo by Charles Coates/Getty Images/AFP)

Depuis son départ de l'écurie Renault de F1, on se demandait vers quel projet allait voguer Cyril Abiteboul. La réponse est désormais connue. L’ingénieur, qui a toujours gravité dans l’univers de l’automobile et des circuits, passe du côté des investisseurs en rejoignant HCVC, où il sera chargé de découvrir et d’accompagner les entreprises innovantes qui dessineront le futur de la mobilité grâce à des technologies de pointe.

Le monde de l’investissement semble loin de celui des circuits pourtant Cyril Abiteboul avoue avoir toujours "eu en lui cette curiosité pour l’univers des startups, de la tech, l’entrepreneuriat et les innovations de rupture. Mais le monde de la compétition ne laisse de la place pour rien et je n’avais pas suffisamment de temps pour m’ouvrir à ces sujets" . Son départ de Renault en début d'année serait donc finalement l’occasion pour lui de réaliser des envies jusqu’ici passées sous silence. L’appel d’Alexis Houssou, fondateur et managing partner chez HCVC, tomba à point nommé selon le principal intéressé.  "J’ai contacté Cyril pour discuter avec lui et savoir de quelle manière il pourrait nous apporter son expertise mais je ne pensais pas qu’il nous rejoindrait à l’époque" , raconte à Maddyness Alexis Houssou.

Cyril Abiteboul est, de son côté, séduit par les thèses d’investissement du fonds. "Je suis très sensible au Hardtech. Dans le sport automobile, on produit beaucoup de choses qui font parfois peur aux investisseurs. Or, les ruptures technologiques apportent énormément de valeurs, notamment les objets connectés."

L’investissement, un sport de compétition également

Cyril Abiteboul tiendra le rôle de n’importe quel investisseur — VC.  "Je vais principalement travailler sur trois axes : l’identification des projets avec les équipes de HCVC, les levés de fonds et l’accompagnement des équipes" . Il faut dire que l’ingénieur a développé un beau réseau dans un secteur très spécialisé et pas toujours simple d’accès. Sans parler de son expérience qui lui offrira de nombreux atouts pour parler aux entrepreneurs. "Les équipes de F1 comme les startups sont des équipes à taille humaine où les talents qui font la différence. Les horizons sont les mêmes. J’ai dirigé une équipe pendant 5 ans, c’est souvent le temps clé pour les VC et le private equity. La pression est différente : ce n’est plus celle du chronomètre mais on attend des résultats tangibles rapidement" , développe Cyril Abiteboul.

Sa compréhension du milieu entrepreneurial va même plus loin. Au cours de sa carrière, il confie avoir été amené à élaborer deux ou trois projets intraprenariaux, rencontrant ainsi les enjeux de gouvernance, de structuration et de recherches de financement qui incombent aussi aux jeunes entreprises. S’il se dit enthousiaste à l'idée de partager son réseau et son expertise, il reste prudent, expliquant qu’il n’est pas non plus à pour prendre la place des entrepreneurs eux-mêmes.

Un avenir où la tech sert l’environnement

"Aujourd’hui, le monde de l’automobile et le monde du Hardtech (équivalent de Deppetch, NDLR) se rejoignent de plus en plus" , analyse Alexis Houssou, expliquant ainsi le choix d'attirer Cyril Abiteboul dans ses rangs. Mais à l'heure où le réchauffement climatique est une "priorité annoncée" du gouvernement, impossible de ne pas s’interroger sur la conciliation de toutes ces technologies avec les questions environnementales.

Alexis Housse est optimiste. Selon lui, "il existe désormais une pression forte pour créer une mobilité plus responsable au sein des nouvelles entreprises qui se lancent. Nombreuses sont celles qui travaillent sur la réduction de l’empreinte carbone" . Quelques grands acteurs ont déjà pris ce virage comme Renault, déjà lancé depuis longtemps dans l’électrique. "Mais les grands groupes sont en train d’être rattrapés par des pure players qui se concentrent sur un produit et sont très rapides. Les startups ont une rapidité d’exécution qui va accélérer l’arrivée de nouvelles solutions plus écologiques et va inciter les grands groupes à suivre" , décrypte Cyril Abiteboul tout en se montrant prudent. "On voit déjà certaines transformations se produire mais je ne pense pas que le moteur thermique disparaitra aussi rapidement qu'on le prévoit. L'électrique et l'hydrogène doivent encore faire face à de nombreux défis" , tempère Cyril Abiteboul.

Preuve qu’il croit encore en l’ancien modèle qui l’a mené jusqu’aux circuits de F1, Cyril Abiteboul rejoint parallèlement la société Mecachrome au poste de conseiller pour les activités Motorsport de l’entreprise spécialisée dans la mécanique de haute précision pour l’aéronautique et l’automobile.