Shadow est à un carrefour de son histoire. Lancé par Blade en 2016, le service de cloud computing a été racheté fin avril 2021 par Octave Klaba, le fondateur de HubiC – le service de stockage et de partage de fichiers d’OVHcloud. L’offre de ce dernier a été privilégiée à celle portée par Xavier Niel avec 6 salariés, dont l’ancien directeur de la technologie Jean-Baptiste Kempf. « Les juges ne comprennent pas bien les sujets aussi techniques, et ils ont de ce fait donné raison au mieux disant » , a estimé auprès de Maddyness Jean-Baptiste Kempf, rappelant que HubiC mettait 5 millions d’euros sur la table contre 4 millions d’euros pour le fondateur de Free. Il devrait également injecter 30 millions d’euros sur cinq ans pour remettre sur les rails et relancer la pépite française de jeu dans le cloud.
Deux mois ont passé depuis l’intégration de Shadow à la filiale d’OVHcloud. La période précédente, qui avait été « compliquée » selon l’ex-directeur de la technologie, a laissé place à une ère d’espoir… mais aussi d’incertitudes. Octave Klaba a tardé à préciser son plan pour l’avenir du service. Contacté par nos soins, il n’a pas donné suite.
Un relai de croissance pour OVHcloud
Dans les colonnes des Échos, fin mai 2021, le patron d’OVHcloud a fait part de sa volonté d’agir en plusieurs temps pour redresser Shadow. « Le défi numéro 1 pour Shadow est de retrouver l’équilibre dans les 12 à 18 mois » , a-t-il indiqué, jugeant que la grille tarifaire des services était « le talon d’Achille du business plan » de l’entreprise.
« Le défi numéro 1 pour Shadow est de retrouver l’équilibre dans les 12 à 18 mois » , a indiqué Octave Klaba, jugeant que la grille tarifaire des services était « le talon d’Achille du business plan » de l’entreprise.
Des différends quant à la politique tarifaire avaient déjà été à l’origine du départ d’Emmanuel Freund, co-fondateur de la pépite, en avril 2020. Ce dernier soutenait une augmentation des prix afin de dégager davantage d’argent pour soutenir le développement de l’entreprise. Et c’est l’option qu’a justement retenue le nouveau propriétaire : Shadow nous a confirmé vouloir désormais se cantonner à une seule offre – contre trois auparavant –, commercialisée à 29,99 euros par mois. Soit le double de ce qui était proposé jusqu’ici en entrée de gamme, à 14,99 euros.
Sur le moyen terme, Octave Klaba souhaite donner un modèle économique hybride à son service. Shadow, uniquement proposé aux particuliers, pourrait ainsi jouir d’une nouvelle audience en étendant son offre de cloud computing aux entreprises. « On travaille sur une offre moins chère de bureautique pour proposer du ‘software as a service’ , du licensing et du streaming d’application » , a aussi confié le fondateur d’OVHcloud aux Échos, qui se dit certain de « bousculer la concurrence » avec ce positionnement. Pour autant, cette décision interroge en raison du poids des adversaires : il s’agit des Gafam. Dans un tweet du 5 mars 2021, Octave Klaba faisait part de son intention de « développer une alternative européenne à Office365/G-Suite ». Un projet présentant un double inconvénient : il demandera de très lourds investissements et nécessitera une intégration maximale de Shadow au sein de HubiC. Ce qui ne serait pas dénué de conséquences pour les équipes.
A travers @JezbyVentures, je ferai une offre de reprise de @Shadow_France dans l’objectif de developper une alternative européenne à Office365 / G-Suite.
En espérant que cette offre sera retenue par le juge, en attendant, on continue de travailler sur le dossier (EU et US). https://t.co/XSADqW5nrR pic.twitter.com/JilBrD534S
— Octave Klaba (@olesovhcom) March 5, 2021