30 septembre 2021
30 septembre 2021
Temps de lecture : 4 minutes
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Bootstrap, un club d’entrepreneurs réunis pour un capitalisme responsable

Créé par Caroline Pailloux, CEO d’Ignition Program, ce réseau déplore l’obsession de nombre d’entrepreneurs pour les levées de fonds, et veut montrer que d’autres modèles de développement existent.
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Des réseaux d’entrepreneurs et entrepreneuses, la France n'en manque pas. Caroline Pailloux, fondatrice et CEO d’Ignition Program, société spécialisée dans le recrutement de hauts potentiels, en a connu : " J'étais sensible aux problèmes de solitude de l’entrepreneur et convaincue par le besoin de se retrouver pour s’entraider " . Mais cette membre du réseau Entreprendre a rapidement constaté un décalage dans les problématiques abordées : " Dans l’entrepreneuriat parisien, on parle plus souvent de levées de fonds que de ses clients, ce n’est pas ma façon de voir les choses ".  C’est dans cette optique que la fondatrice d’Ignition Program a fondé, accompagnée de 18 autres membres - dont Guillaume Moubeche, CEO de Lemlist ou Fany Pédiochat, fondatrice de MyLittleParis -, le club Bootstrap, pour s’adresser à ceux qui se retrouvent dans cette conception de l’entrepreneuriat. 

Celle qui, au démarrage de son activité, avait rencontré des fonds, a déchanté : " Les LOI (lettres d’intention) et projets de levées qu’on me proposaient m’enlevaient une liberté à laquelle je n’étais pas prête à céder " , résume Caroline Pailloux. " Je n’avais pas envie qu’on me pousse à la productivité à défaut de l’humanité que je voulais placer au coeur de mon projet, et j’ai eu raison de me faire confiance puisque huit ans plus tard, je suis toujours là et mon business fonctionne ". 

Garder le contrôle de son capital

L’idée de ce nouveau réseau : réunir des entrepreneurs qui refusent " la perfusion financière extérieure et la croissance accélérée comme une fin en soi " , et qui questionnent le " recours systématique à la levée de fonds comme type de financement " , précise Caroline Pailloux. " De nombreux entrepreneurs veulent garder le contrôle de leur capital pour garder un projet aligné à leurs valeurs, plutôt que d’être obnubilé par la valorisation, ajoute-t-elle. La valeur d’une entreprise se joue dans le capital, mais pas seulement : l’humain, les salariés et les clients, forment le coeur et la valeur d’une société ". 

Le club, qui a reçu lors de son dernier dîner le philosophe Gaspard Koenig, prône des valeurs comme celle de l’entreprise libérée et invite chaque membre à se questionner continuellement sur les valeurs qu’il ou elle a envie de défendre à travers son projet. " On veut changer les codes de la startup nation, qui montrent leurs limites et ne font plus rêver les salariés comme avant, poursuit l’instigatrice de Bootstrap. La startup a une image d’Épinal en France : on veut créer des licornes et on ne tourne donc le regard que vers l’objectif de valorisation de sa boite… Créer des rôles modèles comme ça revient à tuer tous les autres modèles à forte valeur ajoutée, inclusifs, créateurs de valeur pour toutes les parties prenantes du projet " , insiste Caroline Pailloux, qui se désole de voir certaines startups " exister davantage pour leurs actionnaires que pour leurs salariés et clients, sans qui la boite n’existerait pas ". 

Se défendant d’être fondamentalement contre les levées de fonds, la créatrice de Bootstrap affirme avoir vu " trop d’entrepreneurs animés par des projets se faire piquer leur âme par des fonds qui leur font faire n’importe quoi, parfois sans même une participation majoritaire, mais juste à travers une pression psychologique qui revient à dire ‘c’est moi qui sait puisque j’investis’ ".

Le club invite les entrepreneurs qui adhèrent à cette vision à les rejoindre, et " mesurer leur succès sur une autre échelle que celle de la valorisation, sans pour autant perdre en performance puisqu’aujourd’hui salariés et clients tendent à se diriger plutôt vers les entreprises qui pensent à leur impact et leurs valeurs qu’à celles qui brassent seulement de l’argent… Développer un capitalisme responsable peut aussi être une solution à la pénurie de talents dans notre écosystème tech " , conclut Caroline Pailloux.